Et si c'était vrai ?

Une nuit d'orage, violent et si majestueux, j'étais cachée sous ma couette, comme lorsque j'étais enfant. Ma chambre était illuminée par les nombreux éclairs et le tonnerre en faisait vibrer les murs.

Je venais juste d'arriver dans ce qui était mon ancienne maison, celle de ma grand-mère qui m'avait élevée toute seule et qui était partie quelques jours avant, paisiblement dans son sommeil.

J'étais donc venue faire le tri dans ses affaires et mettre la maison en vente. Qu'il était étrange de revenir après toutes ces années d'exil volontaire.

Il y avait encore à peine un mois, on m'aurait dit que je reviendrai dans ma ville natale, je vous aurait tous ri au nez.

Mais finalement, me voici, dans mon ancienne chambre d'adolescente, attendant que l'orage se finisse enfin.

Le sommeil vint alors que je ne l'attendais plus et me plongea dans un rêve des plus étranges.

Je me revoyais le jour de mon arrivée en ville. J'avais pris ma voiture pour pouvoir repartir si l'occasion s'en faisait sentir. Vous l'avez compris, j'aurai préféré ne jamais revenir dans ces lieux qui hantent ma mémoire.

Il est si facile de partir et de tout laisser, contrairement à ce que vous croyez. De laisser le passé derrière nous, tout oublier pour mieux recommencer.

Mais le passé, lui, ne vous oublie pas.

Lorsque j'ai franchi le vieux pont et vu le nom de la ville sur le panneau d'entrée, mon cœur s'est arrêté un instant de battre. C'est étrange, je ne me rappelais plus en avoir encore un. Les souvenirs affluaient mais je ne voulais pas, non je ne voulais pas me souvenir. Sur le moment, je me dis que c'était une erreur de revenir, je n'aurai pas du. J'aurai pu tout faire à distance mais quelque chose m'a poussé pourtant à franchir le pas. Mon cœur n'était peut-être pas si mort que ça...

C'est alors que je la vis dans le virage, une petite fille blonde aux yeux verts, toute seule sur le bord de la route. Je me suis arrêtée et je suis descendue lui demander si tout allait bien. Elle m'a regardée, les yeux embués de larmes, tenant sa poupée serrée contre son cœur et me demanda d'une petite voix brisée :

"Quel est mon prénom ?"