Troisième voyage (12) — Mission sauvetage
24 octobre 200X
Hélène Prokletý
Je suis fatiguée.
- Je vais y aller, Hélène. Ne sors pas de la maison jusqu’à mon retour.
Je n’ai pas réussi à bien dormir hier soir, je n'arrêtais pas de me réveiller en pleurant.
- C’est bien compris ?
Je voulais tellement qu’il soit à côté de moi. Et pourtant, à chaque fois que j’ouvrais les yeux, je ne voyais Jahan nulle part.
- Hélène, réponds-moi quand je te parle ! s’énerve Maman.
- O-Oui, c’est compris.
- Bien, à ce soir. Si tu as faim, regarde dans le frigo, dit-elle en quittant la maison.
Je sursaute en entendant la porte claquer, Maman est encore en colère. Hier soir, elle ne m’a rien dit. Je devais juste monter dans ma chambre et attendre le matin. Mais comme je n’arrivais pas à dormir, j’ai attendu que Maman s’en aille. Elle est partie plus tôt que d’habitude, la preuve, l’horloge indique huit heures… trente. Alors qu’elle ne s’en va que lorsque la petite aiguille touche le un, ce qui fait treize heures ! Si je l’avais dit en classe, la maîtresse m’aurait félicité. Elle le fait souvent et me dit que je suis douée. Je l’aime beaucoup, elle est si gentille. Je voudrais bien que Maman soit comme elle, qu’elle me fasse des compliments, qu’elle joue avec moi, que l’on discute comme avant.
Je sais que Maman est triste. Voilà pourquoi je l’écoute, en faisant tout ce qu’elle me dit. Mais… je ne comprends pas. Pourquoi est-elle en colère après moi et Jahan ? Pourquoi Papa est parti ? Pourquoi est-elle si souvent avec ses amis et jamais avec moi ? Suis-je méchante ? Horrible ? Je n’ai pourtant rien fait de mal…
Tu me manques Jahan, je voudrais te revoir. Si tu avais été là, tu m’aurais dit de ne pas m’inquiéter, on aurait joué ensemble, on aurait rigolé. Je t’aime mon ami, de tout mon cœur. Alors, s’il te plaît, ne me laisse pas toute seule !
Mon ventre me fait mal, il n’arrête pas de gargouiller. Je n’ai pas petit-déjeuné en attendant que Maman rejoigne ses amis. Je devrais commencer maintenant qu’elle est partie. J’ouvre la porte du frigo et regarde ce qu’il contient. Un yaourt, du jus de fruit et du fromage. C’est tout ? Maman a dû oublier de faire les courses et elle ne revient que ce soir. Je ne dois pas beaucoup manger alors, peut-être qu’il reste des gâteaux dans le placard. Je l’ouvre, ouf, il reste quelques biscuits. Je vais pouvoir en manger avec le jus de fruit.
Je prends mon petit-déjeuner et m’assois sur le canapé du salon. J’allume la télé et regarde les dessins-animés en mangeant. Quelque chose ne va pas, je n’arrive pas à rigoler. L’histoire est amusante, mais je n’arrête pas de pleurer. D’habitude, j’aurais été avec Jahan ou Maman. Mais là… ça ne m’amuse pas. Si seulement je pouvais faire comme les héros à la télé : remonter le temps et réparer les erreurs. J’aurais pu éviter de jouer aux espions et mon ami serait toujours avec moi. Sauf que, je ne peux pas le faire, je n’ai pas de super-pouvoir.
J’éteins la télé et me recroqueville sur le canapé. Je n’aime pas ça, je n’aime pas rester toute seule à pleurnicher. Je veux autre chose, je veux retrouver Jahan et ma Maman que j’aime. Comment faire ? Maman est loin et mon ami est à la poubelle... Oh ! Mais oui ! Je devrais le récupérer maintenant que je suis seule, Maman ne verra rien ! Je cacherai Jahan dans mon coffre à jouets et je le ressortirai le soir pour dormir avec lui ! Tant pis s'il pue, je le garderai avec moi !
Je me lève du canapé et me dirige vers la cuisine, là où se trouve la poubelle. Je l’ouvre, elle est vide. Non... ce n’est pas grave ! Il reste celle de dehors. Maman jette les déchets dedans en attendant que des gens viennent la chercher. Je crois qu’elle les appelle les éb… ébou… leurs ! Je les reconnais dans la rue, ils ont un immense camion et des pantalons verts.
Je cours vers la porte d’entrée et déglutis en touchant la poignée. Tout va bien, je ne sors pas de la maison, je vais juste dans le jardin chercher la poubelle, c’est tout ! J’ouvre la serrure avec mes clés avant de sentir le vent. Brrr, il fait froid ! J’aurais dû mettre un manteau. Mais… je suis prête à tout pour retrouver mon ami, le froid ne me fait pas peur ! Je cours jusqu’à la poubelle en sautillant avec mes pieds nus. Je me penche en retirant le couvercle et découvre… rien du tout ! Oh non… Les ébouleurs sont passés ! Pourtant, je ne les ai pas entendus ce matin.
Que faire ? Jahan a été enlevé ! Je ne peux plus le retrouver, je ne sais pas où se dirigent les ébou… Oh, mais oui ! La maîtresse ! Je m’en rappelle, elle nous avait emmenée faire une sortie en bus dans un endroit avec plein de déchets. La route n’était pas longue, je devrais y aller à pied ! Maman n’en saura rien, elle ne rentre que le soir et elle ne va jamais par là ! Et puis, je marche jusqu’à l’école tous les jours, je peux me débrouiller toute seule ! Mais pour l’instant, je vais me préparer pour le sauvetage !
Je rentre en sautillant jusque dans la maison et cours bruyamment jusqu’à ma chambre. Ce n’est pas grave si je fais du bruit, Maman ne l'entend pas lorsqu’elle est chez ses amis. Je m’habille en mettant des habits chauds et des chaussettes, puis descend jusqu’au rez-de-chaussée pour prendre mes chaussures. Je récupère mon cartable qui est à côté et y glisse un sac de biscuits. La maîtresse m’a toujours dit de prendre de quoi manger au cas où j’aurais une… euh… une zipogli c’est mie ! Je ne sais pas ce que ça veut dire, mais si la maîtresse dit que c’est important, alors elle a raison ! Je boutonne mon manteau avant de fermer la porte. Très bien, maintenant direction l’école !
Je trottine jusqu’aux salles de classes à quelques rues de ma maison. Je ne vais pas trop vite pour garder un peu d’énergie. L’avantage avec mon école, c’est qu’elle n’est pas très loin, et puis on la reconnaît facilement avec ses toits tout rouges. J’aime bien cette couleur, elle me rappelle les coccinelles. Ça y est, je suis presque arrivée ! Il ne me reste plus qu’à traverser le passage piéton.
- Oh mon dieu, mais c’est la petite Hélène !
Oh non, je connais cette voix ! C’est celle de la voisine, elle habite en face de chez nous. Elle est très gentille, mais je la connais bien, elle ne voudra pas que je parte en sauvetage et pourrait prévenir Maman. Je dois trouver une excuse !
- Bonjour Colette, dis-je en me tournant vers elle.
La voisine est plus vieille que Maman, plus grosse aussi. Mais elle sent toujours bon la vanille et son mari est très gentil, il m’offre des cadeaux pour mon anniversaire.
- Si je m’attendais à te croiser ici, et en cartable en plus ! s’écrie-t-elle en posant ses mains sur mes épaules. L’école est finie, tu sais ? Ce sont les vacances, tu n’as pas besoin de venir.
- Oui, je sais.
- Alors, pourquoi es-tu ici ?
Vite, je dois trouver une solution ! Je n’aime pas mentir, mais je dois le faire pour Jahan !
- Je … euh.
- Oui ? demande-t-elle en fronçant les sourcils.
Une idée…. Je dois trouver une idée… Oh, tiens, Colette est allée à la boulangerie.
- Je… Oui, je vais chercher du pain pour Maman ! Elle me l’a demandé ce matin.
- Oh, quelle grande fille ! Dommage que la boulangerie se trouve dans le sens inverse, ma petite Hélène.
Oh non ! Je dois trouver autre chose ! Mes yeux se posent sur l’école, j’ai trouvé !
- Je … Je voulais marcher un peu, la maîtresse nous a dit qu’il fallait qu’on fasse de l’exercice. Oui, je veux marcher un peu avant d’aller acheter du pain.
- Huuuum, dit Colette en plissant les yeux.
Faites qu’elle me croit, faites qu’elle me croit, faites qu’elle me croit, faites qu’elle me croit !
- Je vois, tu es une brave petite fille, tu écoutes ta maîtresse. Continue comme ça et tu pourras aller dans de grandes écoles plus tard.
Je dois partir avant qu’elle ne parle trop, Maman dit que c’est une pipelette, elle ne s’arrête jamais. J’aime bien l’écouter, mais Jahan m’attends !
- Au revoir Colette, dis-je en me dirigeant vers l’école, à dem…
- Un instant jeune fille !
Je sursaute en l’entendant crier.
- Oui ?
Oh non, elle aurait trouvé mon mensonge ?
- J’ai justement acheté du pain en trop. Je peux t’en donner, ma petite Hélène.
- C’est gentil, mais j’ai envie de l’acheter. Je suis une grande fille maintenant, je peux aller chez le boulanger toute seule.
- Je n’en doute pas. Cependant, ta mère ne se rend pas compte que tu n’as que huit ans. Tu es encore toute fragile, tu pourrais faire de mauvaises rencontres.
- Mais… il est gentil le boulanger.
- Oui... Oui, bien sûr ! s'exclame Colette. Je dis juste que tu devrais faire attention et rentrer chez toi. Je peux t'accompagner si tu veux.
Zut ! Je n’aurais pas l’occasion de continuer si elle me renvoie à la maison. Il faut que je trouve un moyen de m’échapper sans qu’elle ne me voit. Je tourne la tête dans tous les sens, rien, je ne trouve rien ! Si je lui montrais un objet, elle tournerait la tête trop vite, et elle me rattraperait facilement !
- Hélène ? Y a-t-il un problème ?
- Euh… Je… Non, hum…
- Excusez-moi, demande la voix d’un homme, auriez-vous une minute ?
Colette et moi tournons la tête en même temps vers le monsieur à notre gauche. Ma bouche s’ouvre en grand lorsque je regarde son visage. Il a les cheveux blonds et ses yeux sont verts comme le printemps. Il est si beau, j’aime bien le regarder.
Mes yeux se posent discrètement sur la voisine. Visiblement, elle aussi, elle l’aime bien. Oh ! Mais oui, je devrais en profiter !
- Bien sûr, que puis-je faire pour vous ? dit Colette d’une voix toute douce.
Le monsieur tout beau se concentre sur ma voisine.
- Eh bien, je cherche quelqu’un. Elle a une apparence assez générique, mais…
Vite, je dois reculer discrètement sans que l’on ne me remarque, j’ai de la chance d’être petite !
- … je me disais que vous l’auriez peut-être vu, continue-t-il. Elle a des cheveux bruns en queue-de-cheval, des yeux verts, assez sombres d’ailleurs. Oh, j’ai failli oublier ! Elle a ...
Je regarde le passage piéton, pas de voiture à l’horizon, je peux y aller ! Merci monsieur tout beau, grâce à vous, j’ai pu échapper à la voisine pipelette ! Je me cache derrière un mur de l’école en regardant Colette. Elle est toujours en train de discuter, super ! Je vais pouvoir y aller. Si je me rappelle bien, je n’ai qu’à suivre une grande route qui mène jusqu’à la montagne de déchets. C’est de ce côté !
***
Ça fait un moment que je marche sur le bord de la route. De temps en temps, je croise des voitures, mais elles me font peur, elles roulent trop vite ! Ça me rappelle l’émission que Maman regardait à la télé, on y voyait des accidents à cause des personnes qui ne respectait pas les règles de la route. Il y avait beaucoup de blessés, on voyait même du sang. Je me demande jusqu’où ça fait mal quand on a un accident. Par contre, je n’ai pas envie d’en avoir un ! La maîtresse m’a dit qu’on pouvait en mourir. Voilà pourquoi je n’aurais pas de voiture plus tard, comme ça, je ne blesserai personne ! Et puis, je peux toujours aller acheter des choses à pied !
Je commence à avoir mal sous mes chaussures, j’ai envie d’arrêter de marcher. Je ne vois plus l’école à l’horizon, je me demande si je ne suis pas perdue… Je commence à avoir peur... Jahan, où est-ce que les ébouleurs t’ont emmené ? Je voudrais que tu sois avec moi, tout de suite, et que l’on rentre à la maison. Je ne veux pas être toute seule sur cette route avec les voitures qui vont trop vite. Je veux que tout soit résolu comme par magie. Pourquoi est-ce que ça ne marche que dans les contes de fée ou à la télé ? Je m’assois contre une barrière en regardant les voitures passer. J’ai mal aux pieds, je suis fatiguée, j’ai envie de dormir… Je me demande si Maman va bien… Maman… Je t’aime…
***
- Qu’est-ce que tu fais ici ?
Tiens, j’ai entendu quelqu’un. Je suis rentrée à la maison ? Ce n’est pas la voix de Maman pourtant…
- Réveille-toi, tu ne devrais pas dormir au bord de la route comme ça. Allez, lève-toi.
Je me frotte les yeux avant de les ouvrir. Il y a une dame en face de moi et elle me tend un bout de bois. Pourquoi fait-elle ça ?
- Pourquoi une branche ?
- Prends-la, c’est tout. Ne la lâche pas.
J’obéis en baillant. La dame tire sur le bout de bois pour me relever, je le relâche une fois debout. Ma tête tourne, je me sens… bizarre. Je cligne des yeux avant de regarder la personne à côté de moi. Elle a de longs cheveux marrons qui sont coiffés en une queue-de-cheval avec une petite tresse. Ses yeux sont verts, mais pas comme ceux de monsieur tout beau, ils sont plus foncés.
- Tu vas bien ? demande la dame.
Je me demande qui c’est.
- Je suis fatiguée.
- Je m’en doute bien ! Que faisais-tu allongée au bord de la route ?
- Je dormais ?
- Avant ça ! Pourquoi es-tu ici ?
Pourquoi ? Je m’en souviens.
- Je dois aller à la montagne de déchets. Je pensais que c’était par là.
Oh non ! Je n’aurais pas dû le dire ! Elle risque d’en parler à Maman !
- M-Mais, ne le dit pas à Maman ou aux voisins, s’il te plaît !
La dame soupire avant de me répondre.
- Comme tu voudras, je ne connais personne ici de toute façon, tu as de la chance.
Ouf, tant mieux. En tout cas, je ne vois pas du tout qui est cette dame. Pourquoi est-elle ici ?
- Dis, Madame.
- Oui ?
- Tu es qui ?
Son visage se bloque après que j’ai posé ma question, je ne la vois même pas cligner des yeux, c’est comme si elle était devenue une statue.
- Madame ?
- Ah ! Oui, pardon, je… Je suis Emilie, je travaille dans le coin.
- Une ébouleuse ! crié-je en la pointant du doigt.
- Une… quoi ? demande la dame en fronçant les sourcils.
- Une ébouleuse !
- D’accord, et que font les…
- Elles ramassent les poubelles ! la coupé-je toute excitée. Et elles sont toutes vertes avec un gilet jaune.
- Ah, tu veux dire une éboueuse... mon travail. Je ne savais pas ce que tu voulais dire par “ébouleuse”.
C’est incroyable ! J’en ai une juste en face de moi ! Avec elle, je pourrais retrouver Jahan plus vite et rentrer avant que Maman n’arrive !
- Dis, dis, Madame l’ébouleuse !
- C’est "éboueuse", et qu’est ce qu’il y a ?
- Il est où ton camion poubelle ?
- Eh bien, je l’ai perdu, répond-elle gênée. Je crois l’avoir laissé à la déchetterie.
- La montagne de déchets ? C’est là, où je vais aussi !
- C’est une déchetterie, et pourquoi y vas-tu d’ailleurs ?
- C’est pour retrouver mon ami, il était dans une poubelle et la maîtresse m’a dit que l’intérieur des poubelles finissait à la montagne.
La dame soupire en entendant ma phrase avant de me regarder d’un air énervé.
- Et tu fais le chemin à pied juste pour retrouver un ballon ? S’il est arrivé à la poubelle, c’est bien pour une bonne raison. De plus, une enfant ne devrait pas marcher seule dans un endroit pareil, tu devrais rentrer chez toi.
Je le savais, même l’ébouleuse finit par être d’accord avec les autres adultes. Mais, ce n’est pas elle qui va m’arrêter ! J’en ai marre que les gens me traitent comme une gamine, à cause d’eux, j’ai le droit de rien faire !
- C’est pas un ballon et il n’a rien à faire là-bas ! C’est mon ami, je veux le revoir ! Il m’attend, je dois le retrouver !
C’est ça.
- Je ne peux pas sourire sans lui, je l’aime tellement !
Je veux le revoir lui et ma Maman adorée, celle qui ne se mettait jamais en colère.
- Je veux être heureuse avec lui et Maman ! terminé-je en pleurant.
Je n’ai jamais rien demandé, pas comme mes camarades de classe. Alors, le ciel peut bien me donner ce que je veux, j’ai le droit ! Je m’essuie les yeux et regarde la dame en bombant le torse. Je dois être fière, comme une héroïne ! J’affronterai les méchantes ébouleuses pour libérer Jahan !
Tiens, c’est bizarre. Je ne pensais pas qu’elle réagirait comme ça. D’habitude, Maman et les autres adultes se mettent en colère quand je ne suis pas d’accord avec eux. Mais là, ce n’est pas pareil. Madame l’ébouleuse a une expression étrange, elle sourit, mais son visage est triste. Qu’est-ce que ça veut dire ? Pourquoi fait-elle ça ?
- Pardonne-moi, dit-elle avec un petit rire, j’ai jugé sans savoir. Tu es adorable comme gamine. Tu me rappelles le passé, quand j’étais plus jeune.
- Comment ça ?
Je ne comprends pas, pourquoi dit-elle ça ? Elle me fait un peu penser à la voisine pipelette.
- Dis-moi, continue la dame en se penchant vers moi, comment t’appelles-tu ?
- Hélène, murmuré-je en reculant.
L’ébouleuse se met à sourire, et cette fois-ci, il n’y a plus de tristesse sur son visage. Elle est jolie, j’aime bien quand elle fait cette tête. Bizarrement, elle me rappelle monsieur tout beau.
- C’est un joli prénom, tu dois en être fière.
- Pas tellement, dis-je en haussant les épaules.
Je ne comprends pas pourquoi elle dit ça, elle est bizarre.
- Hélène, est-ce que tu es déterminée à aller jusqu’à la déchetterie ?
Je fais oui de la tête.
- Dans ce cas, allons-y ensemble. Faisons ce petit voyage toute les deux, continue-t-elle en me tendant le bout de bois. Une fois arrivée, je t’aiderai à trouver ton ami.
- C’est vrai ?! Tu chercheras avec moi ?
- Oui, je veux t’aider. Mais en échange, tu dois me promettre une chose.
- Qu’est-ce que c’est ?
- Promets-moi de ne jamais me toucher. Attrape cette branche à la place, et fais comme si c’était ma main, d’accord ?
Je ne comprends pas.
- Pourquoi utiliser un bout de bois ? Pourquoi j’ai pas le droit de te toucher ?
L’ébouleuse se met à sourire une nouvelle fois avec le visage triste. Oh non, pas cette tête. J'ai fait une bêtise ?
- Disons que je suis malade. Je ne dois pas toucher les autres, sinon je risque de les contaminer, tu comprends ? m’explique-t-elle.
- Tu es malade ?! Tout va bien ? C’est un rhume ? Une grippe ? La gastro ?
- Ah ah, rien de tout cela. C’est une maladie rare qui n’est pas dangereuse pour moi, ne t’en fais pas. Attrape la branche et tout ira bien.
- D’accord...
J’obéis en prenant le bout de bois et commence à marcher avec l’ébouleuse. Je suis vraiment contente que cette dame m’accompagne, elle se met même du côté de la route, comme si elle voulait me protéger des voitures. Je souris avant de regarder derrière moi. C’est bizarre, il y a quelque chose qui ne va pas avec la pelouse où se trouvait Madame l’ébouleuse. Elle a une forme étrange, comme s’il y avait des épines rouges à la place de l’herbe. Bah, c’est pas grave, ça devait être une plante bizarre. En tout cas, j’espère que la dame… Non ! J’espère qu’Emilie n’a pas eu mal en marchant dessus.
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