Chapitre 64
Samedi...
« T’es avec lui ? »
Alec se mit à sourire doucement. Il se retourna vers Ruben et le regarda avec amusement. Ses yeux étaient pétillants et il se mordait la lèvre inférieure, il y avait une grande excitation entre les deux garçons, ils ne tenaient pas en place et n’arrêtaient pas se se jeter des petits coups d’oeil entre eux.
« Ouais ! »
« Et tu vas baiser ??? »
Alec ne put s’empêcher de lever les yeux au ciel. Décidément, Matt ne pensait qu’à ça…
« Nan, on a plutôt prévu de jouer aux cartes »
« Ah »
Ruben se pencha sur le portable d’Alec, qui se mit à sursauter, et le cacha par réflexe.
— Tu parles à qui ?
Alec se mit à paniquer d’un coup.
— À Matthieu ! bafouilla-t-il.
Si Ruben voyait cette conversation, il se tapait la honte de sa vie. Il pria pour que celui-ci ne lui pose pas trop de questions. Ses joues étaient cramoisies et il sentait son visage chauffer.
— Et vous parlez de quoi ?
— Euh… des devoirs qu’on doit faire pour lundi.
Il n’avait pas vraiment eu le temps de réfléchir, alors il avait sorti le premier truc qui lui était venu à l’esprit. À peine avait-il prononcé la phrase qu’il regrettait immédiatement, se rendant compte que son excuse était assez merdique. Mais bon, c’était toujours mieux de passer pour un boloss qui de devoir lui avouer qu’il pensait déjà à baiser. Il n’avait aucune envie d’avoir l’air d’un obsédé.
Ruben haussa alors un sourcil et le fixa pendant une seconde. Puis son visage se détendit et il pencha légèrement la tête en arrière.
— Ah ouais, t’es un mec sérieux, toi !
Alec sourit en tremblant des lèvres, soulagé. Il éteignit son portable et le rangea dans sa poche.
— Ouais, mon lycée est assez strict, on doit beaucoup bosser…
Ruben se mit à rigoler.
— On vit pas dans l’même monde ! Chez moi c’est le bordel, on fait peur aux profs. Que des cassos dans mon lycée !
— Et toi, t’es pas un cassos ? lança Alec avec un grand sourire.
Et pour cette petite provocation, il se prit un gentil (mais violent) coup de poing dans l’épaule.
— Ferme ta gueule, toi ! Ils m’kiffent, les profs ! J’suis grave pote avec eux ! Des fois, j’avoue que j’abuse un peu, ils m’disent que j’prends trop la confiance et que je fais comme si j’étais leur pote. Mais on s’entend super bien !
Alec leva les yeux aux ciel, amusé. Il aurait bien aimé assister à un cours dans la classe de Ruben, histoire de voir comment son mec se comportait. Il avait l’air d’être le mec sympa mais parfois lourd, qui sympathisait avec tous les profs mais qui n’en branlait pas une en cours.
— Ah ! On est arrivé ! s’exclama le Portugais.
Le RER se mit à ralentir doucement. Ils ne se trouvaient qu’à deux stations de celle où Alec était descendu pour aller chez Ruben, la semaine dernière. Ils sortirent du train les premiers et arrivèrent sur un parking, juste devant la gare. Ruben s’arrêta, et posa les mains sur ses hanches.
— On fait quoi ? demanda Alec, intrigué.
— On attend la pote de ma mère, c’est elle qui nous prête la maison pour la journée. Elle passe nous chercher en voiture.
Et à peine eut-il fini sa phrase qu’une Clio blanche arriva sur le parking et se dirigea vers les deux garçons, avant de s’arrêter juste devant eux.
Une fenêtre se baissa, et une femme d’une cinquantaine d’années apparut. Un grand sourire se dessina sur les lèvres de Ruben.
— Salut grosse pute !
— Coucou connard ! répondit-elle.
Ils se firent la bise chaleureusement, puis elle se tourna vers Alec, qui était intimidé et qui ne savait pas où se mettre…
— Bonjour Alec !
— Bonjour Madame… bredouilla-t-il.
Elle se retourna alors vers Ruben et ouvrit de grands yeux, puis se mit à éclater de rire.
— Ah nan mais l’autre, il m’a pris pour une vieille ! Appelle-moi Valérie, s’te plaît.
Les joues d’Alec étaient toutes rouges. Il était en train de se demander sur qui il était encore tombé
— Désolé, Mada… Valérie.
— Allez, montez tous les deux !
Ruben ouvrit la portière et les deux amoureux s’installèrent sur la banquette arrière. Valérie n’attendit même pas que la portière soit fermée pour démarrer.
Alec mit sa ceinture, il sentait qu’il en aurait besoin pendant le trajet.
— Bon, Ruben, j’te passe les clés en arrivant, et t’as pas intérêt à les perdre, sinon j’te démonte !
— Ok connasse !
Elle se mit à rigoler à nouveau. Sa voix était rauque et grave, elle devait probablement fumer depuis plusieurs années. Et sa théorie fut rapidement confirmée lorsqu’il aperçut un paquet de clopes dépasser de son sac à main.
— J’reviendrais prendre les clés à 17h. Vous pouvez prendre c’que vous voulez dans le frigo ou dans la cave. J’interdis juste un truc : vous entrez pas dans ma chambre. J’veux pas que vous salissiez mon lit avec vos trucs d’ados !
Là, Alec avait envie de disparaître pour de bon.
Elle venait clairement de sous-entendre qu’ils allaient baiser dans sa maison, et il avait l’air d’être le seul gêné dans la voiture. Ruben se tordait de rire à côté de lui. Il se dit qu’il était vraiment tombé dans un monde de dingues…
— Et surtout ! reprit-elle. Tu m’appelles si t’as un problème, j’suis libre toute la journée, j’vais voir ta mère.
Le trajet ne dura pas longtemps, elle se gara au bout de quelques minutes de route seulement, devant une très jolie maison, avec un jardin à l’entrée. Elle fila les clés à Ruben et ils descendirent tous les deux de la voiture, qui s’éclipsa rapidement.
À présent, ils étaient seuls, tous les deux, avec une maison offerte pour la journée. Alec oublia bien vite le moment gênant de l’instant passé, et un petit sourire naquit au coin de ses lèvres. Son regard croisa celui de Ruben, il lui fit un petit clin d’oeil.
— On y va ? lança le Portugais.
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