Chapitre 6 - Cocktail Explosif

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Je me réveillais en sursaut dans mon lit. La première chose que je ressentis fut un mal de crâne atroce, pas si différent de celui que je m’étais coltiné à l’hôpital. Ça commence à devenir un running gag, pensai-je en grimaçant, la main sur le front. J’avais manifestement de la fièvre car, dès lors que je posais mes doigts sur ma tête, je les retirai vivement : c’était brûlant ! Je crûs rêver et je tapotai pour vérifier… oui, c’était juste moi : le contact était tout à fait à la bonne température.

Il me fallut un petit moment pour parvenir à me lever de mon nid douillet. Barbouillé comme j’étais, je cherchai le repère le plus proche : l’heure. Mon téléphone m’indiqua que nous étions le samedi 24 janvier, qu’il était huit heures du soir et que j’avais neuf appels manqués de Thilio. Je le rappelai et il décrocha dans la seconde :

Allô ?

— Hey… Comment ça va ?

Tu vas bien ! résonna la voix soulagée de son ami. Comment tu te sens ?

— Heu… Plutôt bien en fait… Et toi ? Ta mère va bien ?

Ma mère ? Bien sûr qu’elle va bien ! Mais toi, tu étais parti avec Kilian de la permanence ce matin ! Qu’est-ce qui s’est passé ?

Je fronçai des sourcils, me remémorant cet événement…

— C’est un peu flou, heu… Il m’a juste proposé quelque chose, mais… j’ai refusé.

—…Ok ? Et après ?

— Je… Je suis rentré, hésitai-je à dire. J’ai… dormi ?

Je me massais le front, mon crâne me lançant.

Pourquoi tu m’as pas prévenu ?! J’étais super inquiet !

— Désolé, Thilio, je… j’aurais dû. Pardon.

Ma mère a besoin de moi à la maison… mais elle se repose toujours le dimanche, alors on se voit demain ?

— Oui. À demain, Thilio.

Je raccrochai puis m’assis sur mon lit, désemparé. Ma mémoire était tellement évasive ces temps-ci que je craignis un instant de m’être fait plus mal que je ne le pensais ce vendredi, au Ruisseau. Honteux d’avoir fait faux bond à mon ami, je me promis d’accepter n’importe quelle demande farfelue qu’il me demanderait… avant de me souvenir de ce pourquoi j’avais suivi Kilian.

Jim. Les Rats Bleus. La drogue et les histoires de gang. Je blêmis : le fils de la prof de maths m’avait-il injecté un produit pendant notre conversation ? Non, sinon il aurait eu des ennuis gravissimes, me rassurai-je. Ce n’était pas la cause de ma mémoire pâteuse ; il semblait y avoir quelque chose de bizarre dans ce phénomène. Je pensai à chercher sur Internet quand je me souvins que mon père m’avait coupé l’accès à mon ordinateur – mon portable ne disposant pas d’abonnement réseau – alors je me tournais vers la source d’information la plus fiable : les livres.

Outre les trop nombreux ouvrages de fantasy sous lesquelles croulaient mes étagères, mon père m’avait offert des livres de physique-chimie, de biologie, géologie, neuroscience… Voilà ! Études sur la plasticité synaptique et son rôle dans la mémoire épisodique. Très spécifique… La plupart des écrits qu’offraient mon père traitaient de sujets si particuliers que je le soupçonnais toujours de parler en messages subliminaux. Aujourd’hui, je le remerciai enfin pour son cadeau et commençait à y chercher des informations, surtout parce que j’étais vierge quant aux neurosciences.

Le livre était ancien – question de point de vue, il datait d’il y a vingt ans – et disposait d’une bibliographie quasi-nulle, avec des tas de noms étranges comme Klappok ou Dumstreim, que je savais étrangers sans en connaître l’origine. Le pire ? La plupart des légendes n’étaient pas traduites, certaines photos dataient d’avant le XXIe siècle et l’étude regorgeait de théories fumeuses ou réfutées. Je soupirai devant ma pauvre source de connaissances quand…

Ici : « Pertes de mémoires signe nouvelle histoire ! ». Je grinçai des dents face à la rime riche des plus incongrues dans un livre de sciences et commençai à lire ; apparemment, la mémoire épisodique – partie de la mémoire à long terme – ne pouvait être affectée que par quatre processus : la dépression, les interférences rétroactives et proactives et les charges émotionnelles. Après une rapide remise en question, je me dis que je ne souffrais pas de dépression. Les deux interférences ne s’enclenchaient qu’en cas de création d’un nouveau souvenir. La charge émotionnelle, elle, venait se compléter aux deux effets précédents et servait souvent à

Je posai le livre sur mes genoux tout à mes réflexions : il était tout à fait possible que je sois traumatisé suite à ma glissade au Ruisseau de la Joure, cependant il y avait peu de chances que ça affecte aussi brutalement ma mémoire. Il ne restait que les interférences.

— C’est idiot, pensai-je à haute voix. Pourquoi j’aurais créé d’autres souvenirs ?

Dans le cas d’un traumatisme, c’était tout à fait logique : le cerveau se créait sans arrêt des défenses pour s’empêcher de sombrer dans la folie. Par contre, on ne pouvait pas créer un souvenir de n’importe où : il fallait qu’il soit presque conforme à la réalité pour que ça fonctionne, sinon cela créait des failles, des faiblesses qui étaient bien pires que l’original.

— Joan ? appela mon père depuis la cuisine.

— J’arrive ! répondis-je en me levant pour sortir de ma chambre.

Je descendais les escaliers quatre à quatre ; comme j’avais dégradé les relations avec mon paternel, je devais faire bonne figure jusqu’à l’amendement de ma punition.

Sauf que je ne m’attendais pas à trouver mon père, plaqué contre le mur et étranglé par le colosse barbu du ruisseau. Je fus pétrifié quand il se tourna vers moi. Mon père, le visage rouge, crachota :

— Joan… cours…

J’obéis et me retournai… pour voir des lianes jaillir des planches pour s’enrouler autour de mes mollets. Je regardai par dessus mon épaule et vit la brute balancer mon père à travers le salon dans un fracas sonore avant de se diriger vers moi. L’homme huma l’air en ma direction, puis sourit. De ma vie je n’eus vu pareil sourire : dents jaunes, pointues et plus effrayant qu’une hyène affamée.

— Je le savais. C’était toi, au ruisseau.

Je blêmis et le bougre sourit de plus belle. Il s’approcha encore et me souleva d’une main telle une poupée de paille, en même temps que les lianes desserraient leurs liens. Il… les contrôle ? devinai-je, abasourdi. L’homme m’affubla de sa mauvaise haleine en grondant :

— Tu m’as donné du fil à retordre, petit, mais c’est fini… Oh !

Pendant sa réplique, je vis mon père avec un couteau à la main et la rage au visage, prêt à le planter dans l’épaule du géant. Ce dernier cependant l’avait anticipé et, sans même le regarder, frappa le visage de mon père du revers de la main. Après, il jeta un coup d’œil par dessus son épaule et pouffa.

— T’es trop vieux, Cardinali. T’aurais dû rester à Ulm au lieu de t’encroûter sur cette planète sans Tehm.

J’aurais pensé : « Pourquoi il parlait de l’ENS ? Et c’était quoi, le Tehm ? Un projet scientifique ? » si j’avais été un type complètement cinglé comme Yannis, mais à la place je hurlais :

— Frappe pas mon père !

Et je balançai mon poing dans le visage de la montagne sur pattes… il rencontra un mur en acier. Littéralement : la partie que je venais de frapper avait prit la teinte du métal et une douleur fusa dans mon bras. Je hurlai en écartant ma main tandis que le monstre souriait ; sa joue métallique reprit une couleur normale.

— Pas de chance, gamin. Apparemment, tu n’es pas tehmiste comme ton père.

Sans ménagement, il me balança à l’autre bout du couloir où j’allai m’écraser contre le mur. Le choc lourd me sonna mais heureusement, les murs étant en polyuréthane – la salle de réunion du maître de maison – je ne fus pas blessé. Je me relevais après quelques secondes et entendit des cris de douleur ; mon père se faisait battre comme un plâtre par l’intrus. Le dégoût joignit la terreur lorsque retentirent les bruits mous et craquants d’un nez cassé, puis le cri de…

— Papa ! criai-je en me précipitant dans le salon.

Je m’arrêtai net, bousculé par la scène : mon père, au sol et le visage enflé, en sang avec au dessus de lui le colosse du ruisseau qui reprenait son souffle, des gouttes grenat coulant de ses poings. En larmes, ignorant l’intrus, je me précipitai vers le premier pour m’assurer qu’il était vivant ; il l’était, tout en respirations sifflantes et saccadées. « Papa… » répétai-je en le prenant dans mes bras. De ma vie je n’eus aussi peur, aussi honte de ne pas pouvoir protéger la personne qui, malgré les désaccords, les disputes, les colères et balles perdues… était quelqu’un que j’aimais, à qui je tenais tant. Je m’en rendais compte maintenant et ça faisait mal, parce que mon père pouvait mourir d’un instant à l’autre et, tout d’un coup, je pris conscience de cette réalité. Dans d’autres circonstances, j’aurais fui. Dans d’autres encore, je me serais prostré en pleurs, incapable d’agir. Cela m’était déjà arrivé avant, cela m’arriverait encore. Mais en ce moment-même, je me sentais bouillir.

Derrière moi, l’infracteur râla :

— Ah merde, ça me rappelle moi et ma mère… (je me tournai vers lui ; il semblait gêné ?) Bon, petit, écarte-toi pour que je l’achève. J’aime pas voir les guerriers, si lâches soient-ils, crever dans l’agonie et la souffrance.

Il s’agenouilla près de moi et prit un ton presque paternel :

— Tu peux détourner le regard. Tu peux même te boucher les oreilles, ça me dérangera pas… J’ai pas envie de voir un gamin devenir un monstre comme moi, tu comprends.

Cette gentillesse incongrue aurait dû me déstabiliser. J’aurais dû prendre le temps de parler, de demander grâce face à cet inconnu qui semblait tout sauf cruel. Mais en cet instant-ci, je me sentais rugir.

— Va. Mourir.

Ces deux mots furent le déclencheur du cataclysme : ma tête me lança si fort que j’en poussais un hurlement à faire fuir le diable. Ensuite, il y eut l’agonie de mon cœur qui creusa un vide immense en mon sein, si profond que j’en crus mourir. Enfin, une explosion de félicité, de libération m’enivra pour m’emporter plus loin que le septième ciel. Toute cette folie intérieure se déroula le temps d’une pensée, puis vinrent les ennuis.

Ils se manifestèrent en un sursaut de force sismique qui ébranla les bâtisses du manoir, moi à son épicentre. Le colosse tomba sur ses fesses, surpris, avant de se prendre la saucée du siècle : un torrent de lumière ardente jaillit de ma bouche pour le frapper de plein fouet et le faire valdinguer jusque dans la cuisine, avec le mur au passage. Morceaux de bois, de verre et de plâtre qui se muèrent en tornade miniature, écharpant tout sur son passage pendant un bref instant. Le toit explosa, s’envola si haut que je le vis disparaître, révélant le ciel bleu au soleil rieur.

Moi, je sentais mon corps vibrer à l’unisson avec quelque chose de plus grand que moi ; je devenais un caillou dans un torrent et me faisait balloter dans tous les sens. Tout ce qui se trouvait autour de moi partait à vau-l’eau, déversant mille et un débris dans toute la pièce. Quand les vitres explosèrent, je crus qu’il s’agissait de mes yeux. Le sol se fendit et j’eus peur qu’il s’agisse de la plante de mes pieds. Mes sensations étaient sans dessus-dessous, se baladaient dans l’espace en grappillant des dommages pour me les balancer avec la délicatesse d’un tank en pleine charge. Je n’étais plus dans la pièce, dans le manoir : j’étais le bâtiment tout entier.

Enfin, aussi rapidement que c’était arrivé, tout s’arrêta d’un coup. Je me retrouvais là, hébété, parmi des poussières tombantes et l’avant du manoir en ruine. La première chose qui me vint à l’esprit fut de regarder l’état de mon père : mal en point mais vivant. Je pleurais de soulagement.

— Alors c’était donc vrai. Il t’avait caché ici.

Je me tournai : c’était l’autre type du ruisseau, le « vautour » ! Je m’apprêtai à retenter ce que j’avais fait à l’instant – même si je n’avais aucune idée du comment – mais je me sentais vidé. L’homme à l’allure de charognard me sourit poliment.

— C’est incroyable ; tu ne maîtrises pas le Tehm et tu es capable de cette prouesse… malheureusement pour toi, tu ne peux pas l’appeler à nouveau.

Il s’approchait lentement et je remarquai son regard : avide et confiant. Je serrais mon père contre moi, le regard rivé sur le rapace :

— Laissez-le tranquille !

Il s’arrêta, l’air surpris… avant d’éclater de rire.

— Quoi, Cardinali ? (l’homme fit non de la tête) Il ne nous intéresse pas, mon garçon… C’est toi qui est le serpent aux œufs d’or.

— Moi ? À cause de ce que… j’ai fait ? compris-je en regardant autour de moi.

— Tu comprends vite, c’est bien, apprécia l’homme au nez aquilin en opinant du chef. Oui, c’est pour ce don que tu possèdes que je viens te chercher. T’amener là où est ta vraie place.

— Quoi ? Mais ma place est là, près de mon père, de mes amis…, balbutiai-je, complètement perdu.

Je vis mon interlocuteur être de nouveau surpris.

— Il ne t’a rien dit, alors ? Non, je peux le voir à ta réaction… Il t’a laissé dans l’ignorance pour te protéger. Quel imbécile…

— Ne le traitez pas comme ça ! grondai-je.

— Pardon, mon garçon, mes paroles ont dépassé ma pensée. C’est juste que je trouve ça injuste qu’un père cache ses origines à son enfant.

Je commençai à avoir vraiment peur. Pas juste à cause de l’énormité de la situation, mais surtout parce que j’avais beau réfléchir, je ne voyais aucun moyen de m’enfuir avec mon père sur le dos. Ma seule option restait d’écouter cet homme et le convaincre d’aider mon père ; les yeux du premier, deux fentes amusées, me zieutaient avec un intérêt redoublé.

— Si je viens avec vous, pouvez-vous me promettre de vous occuper de mon père et de laisser mes amis tranquilles ?

Cette fois, l’inconnu aux traits aviaires me sourit à pleines dents avant de s’incliner.

— Mais avec joie. Tu as ma parole… ?

— Joan.

— Tu as ma parole, Joan. Je le jure sur Vesperion.

Je n’avais aucune idée de qui était ce Vesperion mais j’avais l’impression que l’homme venait de passer un serment. Il y avait chez lui quelque chose qui m’inspirait confiance. Et puis, quel autre choix avais-je ?

Alors que je me relevais en soulevant avec peine mon père, il m’aida en le portant sur son dos comme un sac de plumes. Malgré mon hébétude, j’ouvris la bouche de stupeur. Mon nouvel allié me confia :

— Tu ignores encore beaucoup de choses, jeune Joan.

— J’ai l’impression que oui… (je me tournai alors vers ce qui restait de la cuisine et lâchait un blêmissement) Mince ! Pardon pour votre ami, je crois que je l’ai…

— Agiss ? Ne t’inquiète pas, mon partenaire est plus solide que tu ne le penses…

Au même moment, je vis une main jaillir des débris dans l’ancienne salle puis le colosse tout entier dans un grognement. Le miraculé roula des mécaniques et je vis son t-shirt déchiré à l’endroit de sa poitrine, révélant des pectoraux gonflés et couverts de tatouages. Je rougis malgré moi.

Quoi ? C’était parce que j’étais en situation de faiblesse que j’étais sans filtre.

Bref, « Agiss » s’avança vers nous et planta son regard dans le mien. Nous nous fixâmes un instant dans un silence tendu, avant qu’il ne grogne et sorte du manoir par la porte qui, comme lui, avait survécu. Je lâchais un soupir de soulagement et celui qui portait mon père me rassura :

— Ne t’inquiète pas : Agiss n’est pas un rancunier… mais attention ; il risque fortement de ne pas te lâcher d’une semelle après ce que tu lui as fait.

— Je n’en doutes pas, répondis-je avec une certaine gêne alors que mon interlocuteur opinait. Moi, par contre, je le suis.

— Ha ha ha ! Agiss a donc du souci à se faire… (soudain, le rapace prit un air grave) Je suis vraiment navré qu’il ait agi ainsi, Joan. Normalement, nous devions juste demander à ton père de ne plus te mentir.

— Vous auriez dû l’en empêcher, lui reprochais-je.

Il ne répondit pas pour autant et marcha à la suite d’Agiss. Je le suivis et le fixai jusqu’à qu’il cède et me lâche :

— Je n’ai pas de contrôle sur Agiss et sa rage, surtout que ton père et lui ont un passif.

— Qui doit de l’argent à qui ?

— Ah ! Si c’était aussi simple… (le vautour s’humecta les lèvres) Disons qu’ils étaient proches à l’époque.

Je pris un air surpris mais il fit non de la tête.

— Aux dernières nouvelles, ton père aime les femmes. Agiss n’aime personne. Ils étaient plutôt…

— Amis ?

L’autre haussa des épaules – ou bien il rajustait mon père inconscient sur les siennes – avant de faire la moue.

— C’est compliqué. Et je ne connais pas tous les détails (il tourna son regard vers Agiss) Si tu veux tout connaître, demande-lui.

— Ça risque pas d’arriver, répondis-je en colère.

— Un jour, Joan, tu comprendras qu’il te faudra affronter tes différends pour connaître la vérité.

— Mouais… D’ailleurs, je vous ai pas demandé votre nom !

— Quel odieux personnage je suis ! se lamenta-t-il. Mon nom est Ogum.

— Je vous avais déjà vu, lui confiai-je sans réfléchir.

—…ah oui ? Où ça ?

— Au Ruisseau de la Joure.

Ogum haussa un sourcil, avant de secouer sa tête. Nous marchâmes dans le silence à travers le jardin, Agiss en tête, jusqu’au portail de fer forgé ; là, je vis le colosse prendre les barreaux et parler dans une langue guturrale aux accents glissants. J’avais déjà entendu cette langue-là quelque part… l’impression de familiarité et ma curiosité renaissante me poussa à demander :

— Il parle en quoi ?

— En wyvernien, une langue sacrée pour les gens comme nous.

— Les « gens comme vous » ?

— Jeune Joan… Tu as tellement de questions, et moi tellement de réponses. Mais ce n’est pas le bon endroit (Je vis Ogum jeter un coup d’œil par dessus son épaule, vers le ciel ; ses yeux s’étrécirent), ni le bon moment.

Je le suivis, l’air de rien. Sauf que je ne m’attendais pas à ça : là-haut, où se plantait la girouette en forme de dragon se trouvait une silhouette, juchée tel un ninja sur un poster d’anime. Elle se détachait dans le ciel bleu, vêtue de noir de la tête aux pieds. D’un coup, elle disparut et j’entendis Ogum s’écrier :

— Agiss !

Le colosse se retourna d’un coup et frappa le sol en hurlant quelque chose en wyvernien ; immédiatement, des rais de lumière dorée jaillirent du point d’impact pour former une cloche autour de nous. Dès lors, il y eu un tintement de métal contre verre : j’écarquillai les yeux devant la silhouette qui, une épée à la main, avait frappé le mur de lumière. Tout s’était passé en un claquement de doigt. Ogum pesta et fit glisser mon père au sol avant de m’écarter, tout en me criant :

— Ne le lâche pas des yeux !

— C’est qui ? m’écriai-je.

Il ne me répondit pas, à la place scanda quelque chose en wyvernien tout en tendant les bras, les doigts formant un signe complexe. En même temps, Agiss retira son poing du sol ; la paroi translucide et dorée disparut et un liquide vert jaillit des doigts d’Ogum. L’épéiste sautilla en arrière, évitant les projetées qui grésillèrent en vapeur au contact du sol. De l’acide, devinai-je en reportant mon attention sur le combat.

Le duo jaugeait leur adversaire du regard. Agiss était en position de pugiliste tandis qu’Ogum continuait ses litanies en wyvernien. Puis tout devint flou, rapide : il y eut des grognements de douleur, des tintements de métal contre métal et de la poussière, beaucoup de poussière qui fut soulevée, me faisant tousser.

Tout à coup, je vis l’épéiste face à moi, son épée couverte de mauve luisant, un masque dissimulant son visage ; apeuré, je regardai derrière lui et constatai avec horreur un Ogum blessé au ventre et un Agiss qui avait la paume plaquée sur son biceps où ruisselait améthyste liquide. Sans prévenir, l’épéiste me présenta sa main comme s’il voulait m’aider à me relever. Je regardai ensuite Ogum qui caqueta ces mots accompagnés de quelque sang :

— Ne le suis pas, Joan ! C’est un agent du mal, il va te blesser !

Sauf que vous le comprenez, cher lecteur : je suis un peureux, je vais toujours là où ça m’arrange le plus. Surtout quand l’inconnu en question vient me sauver des agresseurs de mon père et non le contraire. Alors je pris sa main et il me la serra avec une force qui m’était familière…

— Tu as fait le bon choix, Joan.

Cette voix, elle me disait quelque chose… et l’homme fit un geste de la main en prononçant des paroles dans une langue plus cliquetante que le wyvernien mais presque identique. Un tourbillon de lumière se forma et il me tira pour m’emporter à l’intérieur.

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Yo !
Je vous informe qu'il s'agit du dernier chapitre que je publierais ce mois-ci, pour des raisons de temps et personnelles. Ne vous inquiétez pas cependant ! Je reprendrais les posts d'ici un mois et demi environ, le temps de tout se calme de mon côté. Dans tous les cas, merci d'avoir lu ces quelques chapitres d'introduction à l'univers de L7ES !

P.S : Comme vous l'aurez remarqué, j'ai aussi renommé l'oeuvre. Le titre vous mettra peut-être la puce à l'oreille, mais n'y prêtez pas trop d'attention pour l'instant.

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