1
. . . . ° ' , . . : . ° ' , ° , . .
° , . . ' : ° ` ~ . , . * . : '
. ` " , ' . ° . ' * ; ° ` . ' , ° .
, ` . ° ; ° ' ~ * , . ' . , , ` , ° '
; ` . . . . ' . , ȹ ȹ ȹ . . . . ` ~ .
' * ; ° ` . ' , ° . ' , ° ; ° ' ~
° ` . ' , ' , . ° . ' , . ¨ - ° ' ~
~ * ; ° . ° ' . : Branche Brisée ` ~ . , . *
Une brise humide irrigue nos nervures. Les floches s'accrochent et se piègent à nos limbes, comme si j'avais encore la force de les absorber. On avance immobiles, d'ombre en lumière ardente, puis en obscurité. Assiégés par le silence assourdissant, on chemine entre les racines enchevêtrées, aussi vite que nos parapodes épuisés nous le permettent.
Je sens ma sève s'échapper. Nous nous hâtons pourtant, mais pas assez.
J'ignore pourquoi, mais je crains ma fin. Si je m'effeuille, toutefois, Racine Rongée et Bourgeon Bruni me replanteront. Mais j'oublierai. C'est peut-être ça, qui m'émeut. J'oublierai la couleur des rais là où j'ai atteint la ramille la plus reculée. J'oublierai la chaleur stimulante d'aussi près des cieux ; les vibrations des flocons qui s'écendrent sous la lumière crue. J'oublierai la couleur du soir lointain, figé au fin fond de l'horizon.
J'oublierai, et personne d'autre ne saura me le rappeler. Racine Rongée cassera ma pétiole et me dira mon nom, son nom, et tous nos noms. Iel dira ce qu'iel sait que j'ai fait ; mais pas ce qu'iel ignore, ce qu'iel devine par fragments, ce qu'iel ne peut imaginer.
Le prochain moi sera incomplet ; jeune pousse dans une sylve sibylline, sans autre repère que les récits imprécis de mes amis. Comme je l'ai été. Après tout, je ne me souviens pas de Branche Brisée, du moi qui m'a précédé.
Racine Rongée fléchit. Iel fatigue, sent que ma vie s'enfuit. Ellui et Bourgeon Bruni me rehaussent sur leurs rameaux harassés. Leurs efforts attirent les poudres errantes ; on les croirait soucieuses d'aider, de sustenter. Même arrosés de lumière et de chère, mes congénères ploient. Iels ploient sous le poids de leurs blessures, et sous celui de mon inévitable déclin. J'assemble une composition amère, et je leur dis.
. ` , ° . Plantez-moi juste. Je reviens. ' ` , °
Amnésique et pas tout de suite, mais je reviens.
Racine Rongée et Bourgeon Bruni hésitent, vacillent. Soupèsent. Mais quand bien même iels parviendraient à me ramener au foyer, que reste-il à sauver parmi toutes mes branches brisées ?
Alors iels me déposent à même l'humus. J'y plonge la racine qu'il me reste, et mes deux compagnons se cramponnent à mes côtés, comme pour guetter la mort qui ne saurait tarder.
Un spasme.
Je chancelle, et...
Annotations
Versions