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, , ° . . ° , ` ~ ' ¨ ' ' ." Racine Rongée . ° . , . - ` * ; ~
À mesure que nous nous enfonçons sous les rhizomes et les fumées infâmes, les racines elles-mêmes exhalent l'infection. Par endroits, des taches sombres et putrides les recouvrent, comme si l'odeur attaquait jusqu'au bois.
Nous ne croisons plus que les fongiques coulants, pas si intelligents. Ils répandent leur noir liquide amer qui se fond dans la fange infectée ; inaperçu dans le bourbier méphitique.
Les branches denses et le brouillard poisseux couvrent le jour, camouflent les rayons de l'incandescente fleur céleste. Sans plus de clarté à consommer, nous misons entièrement sur notre chasse passive. Pétioles bosselés, nectaire abîmé, barbe sensitive arrachée : j'exsude et m'étends, je savoure cette halte forcée.
Les fucioles luminescentes remplacent ici les microphytes ordinaires. Elles ne sont pas moins nourrissantes ni moins aisées à capturer, mais la purulence omniprésente s'échoue sur nos feuilles et nous répugne. À chaque proie scintillante son jumeau putréfié ; impossible de se sustenter sans se souiller.
Nos proies volettent, se posent sur nos limbes, indifférentes à la corruption comme à notre prédation. Leur doux chatoiement me conforte dans cette funeste obscurité.
Tout ce goudron constellé de fragiles étincelles vacillantes : il m'interroge. Que faisons-nous ici ? Croyons-nous réellement endiguer ce qui dévore notre résurrection ? Aux ocelles de ce mal, ne semblons-nous pas fucioles ou grains de pruine ?
Immobile dans ma prédation, mes pensées s'entrechoquent. Je m'efforce de balayer les plus inconvenantes, mais elles couvrent de coaltar des souvenirs plus heureux qui déjà s'amenuisent, nimbés d'un air d'irréel dans ce paysage morbide.
Un heurt me sort de mes ruminations. Attiré par notre nectar, unᵉ micète plectane s'est empêtré dans mes rets. Tentacule gluant contre pétiole nectarifère, nous nous décollons au travers d'une danse confuse et d'une profusion d'excuses.
° ' * ~ , Oh... P... Pardonnez-moi, j'ai suivi un parfum qui ne m'était manifestement pas destiné. Hm... Vous faites une bien curieuse sorte de fonge. ~ * : . :
° ' ~ C'est attendu : nous sommes clausifles. Et voici notre compagnon méliamante. * ; °
' . ' Ah...! Des méliamantes, j'en connais. « Clausifle », vous dites cependant ? Hm... Je crois bien que c'est la première fois. ' ~ . , ,
Iel se redresse avec un semblant de dignité, tentacules encore emmêlés. Turbule s'amuse de ce personnage tout bouleversé, læ bouscule en prétendant l'aider.
* , , . Dis, l'ami ! Bourgeon Bruni et compagnie cherchent l'origine du pourri et comment le contenir. Qu'as-tu senti ? ’° `
` ° ' * Le... Le contenir ? Mais enfin pour quoi faire ? ~ , . '
, , ` . Pour enrayer la puanteur ! Ne voyez-vous pas que tout se meurt ? . , . ` `
: - ° La puanteur ? Vous... Vous parlez de ce goûteux fumet ? . ' .
Nous marquons un temps d'arrêt interloqué. C'est Turbule qui reprend les explications.
; ` . Nous n'en avons pas encore discuté, mais je soupçonne la souche de s'étioler. ~ ° ;
Vrille Vérolée, Bourgeon Bruni et moi frémissons : l'idée ne nous avait pas traversés. Læ micète, ellui, gonfle ses chapeaux :
; , ., ° Pardon ? Mais... Mais c'est impensable ! Il doit y avoir une autre raison. * . `
° . , ° Je l'espère. Mais je n'y compte pas. Non, je n'y compte pas. ° ' °
' . ° ; Ah... Cette nouvelle m'attriste fort. Moi qui me réjouissais de cette abondance ! Même les brûlures du dessus... s'étaient tues... * ; ° *
Vrille Vérolée lui pose une racine compatissante sur les ramifications.
. ,~ ' Le fait de la pourriture : elle éclipse le feu firmamental. . ' ' ~
* , , N'est-ce pas... N'est-ce pas une bonne chose, alors ? Pourquoi chercher à l'inverser ? . ’°
; , . Tout le monde ne craint pas la lumière. Et cette poudre infecte ne se mange guère. , ° *
, ° ° Pas pour nous, du moins. ' ° ;
Læ micète plonge en réflexions, en rien gêné par la pruine terne qui l'effleure et qu'iel absorbe goulûment.
` : - ° Si læ méliamante pense juste... Si la souche se meurt... . ' .
Ses sacs à spores se ratatinent.
. . ° , Quelle tristesse. C'est mon foyer aussi, vous comprenez. Même si... ' . ,
Turbule sautille ; sait ce que læ micète s'apprête à dire.
' * ; ° Même si les miens ne se sont jamais si bien portés. ' ~ *
Nous laissons un silence s'écouler. Il semble approprié. Puis Bourgeon Bruni compose une senteur, la même que je m'apprêtais à assembler si je n'étais si fatigué :
* , , Que sais-tu de ce qu'il se produit ? . ’°
Læ micète dodeline.
* . ` R... Rien que vous ignoriez. ~ . .
, . ` Mais pourquoi tout se meurt-il ? Et que signifie « mourir », à la fin ! . : °
Turbule cesse de gigoter. Læ micète se fige, interdit.
° . , Allons... Mourir ne vous est pas étranger. . - `
. ; , . Jusque très peu, ça l'était ! , ° *
~ ° ; Vraiment ? Rien pourtant n'échappe au cours du temps. ` . '
Tentacules enroulés, læ fonge se propose de læ relayer :
. ; , ., ° ` La... La mort, chers amis, c'est ce qui unit tout ce qui vit. Un instant p... partagé par tout ce qui est conscient. Le moment où nous nous joignons à tous ceux qui nous ont précédés... dans une expérience commune et... et de courte durée. ~ . . ; ° `. ` *
, ` . . C'est tout ? Elle ne paraît pas si terrible. , . `
, ° ° ' Au contraire, elle m'a l'air belle. . ° ;
Læ méliamante frotte ses pattes avec impatience.
; , ., Alors vous ne comprenez rien ! La mort engouffre, elle dévore tout ! Tout ! Elle nous traite comme nous traitons les flocons ! ° * . `
. ° ; ° Comment dire... Notre fin... Notre véritable fin... marque le début de notre éternité. . ,~ '
Nous mélangeons des arômes intrigués. Vraiment, la chose nous attire.
Turbule s'exaspère, s'entortille les racines :
* , ; . ’° Læ micète explique n'importe comment, aussi ! La mort, c'est l'inévitable, contre laquelle on ne sait que perdre ! ` : - °
~ , Alors pourquoi lutter ? . '
Turbule se flétrit, abattu.
' ' ~ . Parce que c'est le pire qui puisse advenir. . , . `
Læ micète læ soutient d'un gentil coup de hampe.
; ° ' ~ Tout ce qu'on possède... doit un jour se perdre. Y compris... et surtout... notre vie. . ,~ '
Nous ne comprenons pas mieux, mais la frayeur dans leur aveux nous retient de souhaiter cette intruse qu'iels ne savent expliquer.
Je m'absente un instant, perdu dans mes pensées pour me reposer.
~ * : Changeons de sujet. . : °
Turbule tremble, un peu secoué.
° * . Læ micète, tu connais bien ces contrées ? ` ~ .
. ~ * : . Læ micète possède un nom et... et ce dernier est « Modeste ». ¨ ' ' .
Bourgeon Bruni s'empresse :
* ~ ` , Modeste ! Pourriez-vous nous guider au travers de ces fumées ? Elles ne vous atteignent pas. : , . °
` . ' , Connaissez-vous la voie ? ° . ' ,
Vrille Vérolée trépigne sur ses mous parapodes. Læ fonge étudie la question, puis dégage quelques spores encourageants :
' * ; ° Ma foi, ici ou là... pourquoi pas. Cherchez-vous à retourner chez... chez vous ? ' ~ * '
¨ . ' , Non, iels sont en quête pour inspecter le cœur. Vous savez, la matrice qui se meurt ? ° ' , .
' ~ * Aaah ! Eh bien... Alors c'est d'accord. Ce dense buffet se fait plus épais là où vous allez. Je m'y serais sûrement r... rendu de toute façon. , - .
Sans plus d'hésitations, nous reprenons notre laborieux chemin. Je peine à suivre mes compagnons, même ce champignon lent, mais garde mes plaintes pour moi.
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