20 Septembre 2015 - Phoenix, Arizona, USA :
Je me réveille. J'ouvre un oeil, puis deux. Les paupières asséchées, le crâne douloureux, et la main me démangeant, je tâtonne à travers mes draps pour trouver mon portable que je laisse habituellement traîner. Mais il n'y est pas.
Où suis-je ?
Je ne suis pas chez moi, j'en suis pratiquement sûr. La lumière qui tamise la pièce est produite à travers la fenêtre à ma droite, et elle est incroyablement sale, ce qui me laisse deviner que ma fenêtre à moi est à gauche et incroyablement propre. Je la lave au Turtle Wax, il faut dire, deux fois par semaine.
La seconde chose qui me frappe, c'est le lit. J'ai un lit double, disposé au milieu de ma chambre. Or, je suis couchée dans un lit simple, même militaire. Même ç'a, ce serait une insulte pour l'U.S Navy Américaine.
Je cherche à tâtons sur le mur l'interrupteur normalement situé à ma droite, et je ne le trouve plus. Je cherche alors à ma gauche, et je l'allume. Une faible lumière filtre la pièce, et je manque de pousser un cri.
Au sol gisent d'antiques vêtements sales, des jeans troués, des vestes démodées, et même des bottines pleines de boue. Il y a une tonne de déchets au sol, des déchets de McDo, du supermarché, et des déchets urbains comme des journaux, des poubelles, des sacs.
Et il y a aussi deux cartons, à moitié ouverts, sur une chaise disposée devant moi. Je n'ose pas me pencher pour regarder ce qu'il s'y trouve à l'intérieur, de peur qu'un monstre m'avale tout cru.
Je ne suis clairement pas chez moi. Il y a des posters de Dr. Dre, 50 Cents ou encore Eminem sur les murs, pour la plupart tagués avec des étoiles et des gros mots, alors que je n'aime aucun style de rap ou R&B. Je préfère largement Aretha Franklin, Chuck Brown et Whitney Houston. Rien d'autre qui puisse déteindre sur Michael Jackson et son fameux moonwalk.
J'ai l'impression d'être au sens littéral dans l'univers "Fifty Shades". Anastasia Steele, se réveillant dans le lit de Christian Grey.
Une honte, me dis-je ! J'ai dû passer la nuit avec un garçon, un bad boy ou pire : une prostituée. Je ne me rappelle plus, c'est trop flou pour moi.
Je ne me rappelle que d'être allée dans un bar pour fêter mon entre...
Merde ! Graham Stole Electrics Society ! J'ai complètement oublié !
C'est le moment que choisit une homme en slip pour pénétrer la chambre. Il a l'air lui-aussi complètement barbouillé. Il vient de se laver, vu l'état de ses cheveux. Il est en slip, et il ne porte aucun autre vêtement, ce qui me laisse entrapercevoir ses beaux abdominaux. Oh ! de belles tablettes de chocolat !
Cela n'exclut pas le fait que je suis dans la chambre d'un inconnu, devant un exhibitionniste, et que je suis en retard dès mon premier jour de travail. Je suis un phénomène...
L'homme me regarde, apparemment gêné, et, ne voyant aucune barrière, décide de s'expliquer :
- Vous étiez bourrée, alors je...je vous ai raccompagné chez moi. Vous ne m'avez pas précisé votre adresse...et vos vêtements sont partis à la poubelle : vous aviez vomi dessus, avant de vous évanouir dans une flaque de vomi. C'était dégueulasse mais bon.
J'oserais bien demander pourquoi il ne m'a pas laissé dans le bar, mais au lieu de ç'a, je le foudroie du regard. Il tente à nouveau de s'expliquer :
- Vous m'avez...Vous m'avez insulté, et puis vous m'avez promis une tournée. Après votre danse, disons endiablée, vous avez dit qu'vous étiez malade. Alors...Voilà. Nous sommes chez moi, dans un appart' de Alahambra, à Phoenix.
Soudain, tout revient dans mon flux de souvenirs : l'entretien d'embauche, les shots de tequila, Chris, le bad boy grossier, la danse, la Harley Davidson...
Je me souviens d'avoir vomi et de m'être évanoui dans ma flaque de vomi. C'est tout.
L'homme en slip est le bad boy en question, avec qui j'ai potentiellement couché. Je lui demande à voix haute, même si je sais l'effet que cela peut faire. Il me réplique, tout en gloussant :
- Non...Non, nous n'avons pas couché ensemble...Mais vous parliez dans votre sommeil, et vous m'avez dit votre nom...
Oh ! merde, ç'a c'est gênant ! J'ai dû lui dire la totale, et même lui dire où était ma voiture, et...
- Vous appelez Mandy Harris, et vous avez la vingtaine. C'est ç'a ?
- OUI....Oui, oui, désolé pour ma réaction.
- Non, non, ne vous inquiétez pas...Moi, mon nom, c'est Travis, mais appelez-moi J.R, c'est comme ç'a qu'on m'cause dans mon gang...
J.R, c'est comme ç'a qu'on m'cause dans mon gang...
Je viens de tomber sur qui, encore ? Un homme d'un cartel de la drogue ? Un mafieux sicilien ? Un gangster des rues ? Un simple voyou de gang ? Je ne sais pas, et je n'ai pas envie de savoir si oui ou non, il a empoisonné ma bière à la cocaïne ou au cyannure. Je n'ai aucunement envie de fréquenter un criminel.
Il me regarde avec amusement : est-ce que je lui plais ? Je ne sais pas si je suis belle, si je suis bien habillée, bien coiffée, mais...
Mais ta gueule ! Ferme-là, Mandy, tu es très belle, très canon, et tu mérites mieux !
Il me fait beaucoup trop penser à Christian Grey, mais je chasse immédiatement cette idée de mon esprit. Je me rappelle de la malice dont j'ai fait preuve la veille, et je lui réplique, d'une voix assurée :
- J.R ? C'a veut dire quoi, "Je Renvoie" ? Parce que j'ai de l'expérience maintenant avec vous !
Il glousse, et je vois ses traits se détendre. Il m'a l'air, si particulier...si familier...et si froid et distant à la fois !
Il me réplique, doucement :
- Non. Cela veut montrer toute ma grattitude que j'ai envers mon gang. J'm'appelle Travis John Renner, mais j'm'appelle J.R puisqu'mon vieux a décidé d'me pourrir la vie.
- Et il se nommait ? demandé-je.
- C'est une question beaucoup trop personnelle.
Je fais mine d'être vexée. Il soupire d'agacement, et répond, moins chaleureux d'un coup :
- John Renner. J'ai pris ses initiales pour sa grattitude. C'est tout.
- Moi, mon père se nomme Edgar, alors j'ai pas autant de chance.
- On a pas tous de la chance, et j'ai jamais dit que j'avais d'la malchance, ma p'tite.
Soudain, il regarde sa montre, et sursaute. Il se dirige vers les deux cartons disposés sur la chaise, et me les présente, immédiatement :
- Dans le premier, il y a mes affaires. Dans l'second, j'ai mis vos affaires lavées du pressing. J'suis désolé, j'dois y aller.
- Mais où ?
- J'ai un boulo...J'peux pas vous en dire plus, j'ai juste un boulot.
Je n'ose pas protester. Il s'habille rapidement avec les affaires du premier carton, enfile une veste en cuir et sort précipitamment de la pièce. Je me retrouve seule, dans des draps qui empestent l'urine et la sueur. Une seule pensée afflue : qui est cet homme ?
Mon coeur tamponne dans ma cage thoracique, et j'ai l'impression d'avoir des papillons dans le ventre pour rien. Je me sens toute...toute heureuse, d'un seul coup.
Ma joie disparait comme je me souviens d'une dernière chose : j'ai laissé ma Mustang au bar. Et je ne sais plus où je l'ai laissé.
Merde !
***
Dans la rue, j'ai hélé un taxi, et me voilà enfin dans l'ascenceur. Je me sens stressée, bouillonnante de rage et pleine d'extase en même temps. Je tiens deux dossiers dans les mains, que l'administration a accepté de me donner, mais je ne sais même pas en quoi consiste mon vrai boulot. J'enchaîne les petits boulots depuis que je suis à Phoenix, j'espère que les gens de l'Arizona seront compréhensifs en me voyant.
Lorsque les portes de l'ascenceur s'ouvrent, j'ai dix minutes de retard, un chignon plein d'épis, et des vêtements décontractés. De quoi faire mauvaise impression dès le premier jour. Mes lunettes sont un peu tordues, je les redresse lentement, sans me faire repérer. Je me dirige vers l'open space où est sensée se trouver Elizabeth Graham en train de donner les directives. Je la repère, non loin d'une rangée de six ordinateurs et bureaux, en train de s'enrager pour un rien devant un programmeur qui semble avoir fait "une erreur".
Le droit à l'erreur n'est pas permis ici, me rappelé-je avec amusement. Qui utilise un problème complexe du jeu Monopoly, sérieusement ?
Bref, je m'avance lentement, en essayant d'éviter son regard qui, à lui tout seul, peut provoquer des éclairs dignes du ciel tout puissant. Je repère un bureau vide, en dernière rangée, et m'y installe rapidement, histoire qu'elle m'oublie un petit peu. Le décor est vaste, mais quelque peu neutre : quelques plantes, lampes colorées, et des décorations très BCBG, rien d'énorme ou d'extraordinaire. Alors que je commence à allumer mon Mac, j'entends au loin, une grosse voix vociférante hurler :
- MANDY HARRIS !!!
C'est la big boss, qui m'appelle à travers sept rangées de programmeurs. Elle me pointe du doigt, avec fureur. Ses talons frappent le sol comme la pluie martèle les trottoirs, et elle se dirige vers moi en trombe. Lorsqu'elle se trouve à ma hauteur, elle me fusille du regard en s'écriant :
- 10 minutes de retard ! Coiffure et tenue inacceptable ! Vous voulez que je vous renvoie directement chez vous, après une journée de travail ?!! Cela est inadmissible ! Aucun programmeur à ce jour ne s'est permis autant de retard ou d'irrespect de discipline ! Vous êtes bien la seule, je dis bien la seule, à s'être permis telle chose ! Vous m'entendez bien ?! LA SEULE !
A chaque mot, j'ai l'impression de basculer sous terre, et j'ai de plus en plus envie de disparaître. Que veut-elle dire en disant "la seule" ? Je ne suis certainement pas la seule, j'en suis pratiquement sûre. Elle ne me vise que pour pouvoir avoir un argument pour me virer. Je me tais, malgré l'alcool qui bourdonne encore dans mes neurones, et me fait souffrir.
La gueule de bois, ma vieille...
- Vous avez intérêt à suivre toutes mes directives et consignes si vous voulez gardez votre place ici, Miss Harris ! Ou bien, je vous ficherais à la porte sur le champ, et n'hésiterais pas à envoyer un dosseir entier sur vous aux associassions de l'emploi. Je ne suis pas sûre qu'elles aimeront réellement voir votre C.V mensonger...
Mensonger ? Quelle pétasse arrogante ! Pour ne rien arranger, elle se retourne, et se dirige à grands talons vers le grand tableau blanc positionné devant l'open space. Je suis la seule à l'apercevoir, les autres programmeurs trop occupés à programmer des choses inexistantes. En un simple clapement de mains, Mlle. Graham réunit tous les regards sur elle. Satisfaite, elle esquisse un bref sourire avant de présenter le tableau rempli d'équations et de calculs. Elle débute, sans se soucier de si on s'en fout ou non :
- Le mois dernier, notre présentation de la GMEC Technology nous a rapporté un total de profits supérieur à la moyenne globale que gagnait notre entreprise en 2010, c'est à dire, oui Frank ?
- Pour être exact, 20 054 123 432 de dollars, mademoiselle Graham.
- Voilà. 10 054 123 432 de dollars, contre à peine 998 821 435 de dollars en 2009-2010. Vous vous rendez compte de la différence statistique que nous avons attribué à notre entreprise en à peine six ans ? Un total de profits supérieur à cette moyenne ne peut qu'être amélioré. Si nous regardons à nouveau le GMEC Technology, nous nous rendons compte que les gens désirent plus de technologie avancée et futuriste dans le monde. Quelques-uns diront qu'ils voudront revenir dans l'époque des années 1960 à 1980, et je ne les en dissuades pas, d'autres voudront de la nouveauté. De nos jours, les gens travaillent de plus en plus virtuellement, et informatiquement. C'est pour cela que le GMEC Technology doit être un produit révolutionnaire, nouveau et futuriste. Je sais que plusieurs d'entres vous sont débutants ou nouveaux, mais je ne vous ai engagé que pour votre expérience. Je veux que d'ici à la fin de la semaine, vous m'ayez concocté un nouveau système qui, statistiquement, nous rapportera un total de 20 Milliards de dollars. Si vous me rapportez cela, je sais sur qui je pourrais compter et qui je pourrais virer dans cette équipe. D'accord ?
Les d'accord sont influents dans l'open space, et sont hurlés comme si des fauves travaillaient dans l'entreprise. Mlle. Graham continue, avec son iconique sourire malicieux :
- Je veux voir dans l'iris, que dis-je, les pupilles des gens, une nouvelle sensation qu'aucune entreprise rivale ne se permettra de provoquer. Du nouveau. A présent, tous à vos postes !
Lorsqu'elle se retourne pour revenir à son bureau, c'est pour laisser un brouhaha de claviers. Les programmeurs sont absorbés par leurs écrans, comme des zombies. Je me laisse tenter par la programmation en lançant le programme. En attendant que Windows mouline un peu, je ferme les paupières en m'imaginant, dans cinq ans, toujours là. Pourquoi m'a-t-on posé la question ? Je croyais que je serais persuasive, simplement, pas conseillère en questions/réponses.
Soudain, une main me frôle l'épaule. Par réflexe, je sursaute et fait volte-face : c'est un homme noir, un grand homme noir à la carure massive, qui semble moins absorbé par son ordinateur tout d'un coup. Il a l'air complètement désolé de m'avoir fait sursauter, et s'excuse, rapidement :
- Oh ! désolé, je ne voulais pas vous effrayer. Vous êtes nouvelle, n'est-ce pas ?
- Oui, je me nomme Mandy Harris, et...et vous ?
- Moi, c'est Teddy, mais appelez-moi Ted. Je haïs ce prénom, mais bon, on s'y fait rapidement.
Merde alors ! On dirait J.R mais en plus modeste, plus prestigieux !
Rien que pour ne pas me répéter, je me mords la lèvre inférieure, ce qui fait sourire Ted. Je souris à mon tour. Il m'explique alors, d'un ton calme :
- Ce que tu vois, c'est le bordel administratif de programmeurs qu'a engagé mademoiselle Graham. Il y a des bons comme de mauvais. Oh ! et tu vois la blondasse toute gonflée, là-bas ?
Il me montre du doigt une belle poupée blonde, qui, effectivement, me paraît trop gonflée pour ce métier. Elle pourrait faire danseuse, ou bien chanteuse, mais pas ce métier. Certainement pas.
- Oui ?
- C'est Cindy Furham. La nouvelle, elle-aussi, et la lèche-botte de la patronne. Elle nous vient de Londres, mais j'crois plutôt que c'est une bonne à rien de la côte est. M'enfin, c'est mon avis, mais évite de traîner trop avec elle, ç'a provoque des mauvaises racines, si tu vois ce que je veux dire.
Je pouffe immédiatement : si cette fille provoque de tels rebondissements, autant l'éviter. Ted me demande aussitôt, changeant immédiatement de sujet :
- Bon, et on t'a dit sur quoi on travaillait, au juste ?
- Le GMEC Technology ? répondé-je, naïvement.
- Non, on ne t'a pas expliqué. Le GMEC Technology, c'est une technologie sensée rivaliser avec tous les ordinateurs de notre belle époque. Mlle. Graham veut révolutionner en reliant tous les programmes et possibilités que les gens aiment dans un seul ordinateur : donc, la puce informatique GMEC, que nous venons de finaliser de programmer. Mais elle a quelques défauts, ce qui nous dérange un petit peu.
- Comme quoi ? Je peux y jeter un oeil ?
- Ouais, ouais, tiens !
Teddy, avec grattitude, me tend une clé USB que je prends sans être gênée. A vrai dire, la nuit avec J.R m'a suffisament embarrassée comme ç'a, surtout pour ses conséquences désastreuses pour l'avenir.
Je prends la clé et la glisse dans la fente du Mac. L'ordinateur mouline - Mais avance, putain ! - et puis m'affiche une multitude de fichiers et d'importants "scripts Python" que j'utiliserai volontiers si j'étais programmeuse professionnelle dans une entreprise de programmation vidéo-visuelle. Ce qui n'est pas, au contraire de Mark Zuckerberg, Bill Gates et Elon Musk, mon cas. Sûrement pas.
Teddy me pointe alors du doigt le fichier scrypté de "GMEC.script docs123432.py". Je clique dessus, patiente, et voit alors s'afficher à mon écran une page beaucoup plus imposante, remplie de calculs et de programmes. J'en teste un, puis un autre.
Au bout d'un moment, lassée, je me retourne vers Teddy et lui demande, encore essouflée par l'alcool de la veille :
- Qu'est-ce qui dérange, dans ces programmes ?
- Ligne 4 et 7, répond-t-il sans hésiter. Il y a une faute de frappe qu'on n'arrive ni à effacer ni à corriger en ligne 4, et en ligne 7, des erreurs produites par l'IA qu'on n'arrive pas à corriger. Un vrai...
- ...bordel, ajoute une voix féminine derrière Teddy.
Je ne sais pas si ma tenue ou ma personnalité font beaucoup d'effet dans l'entreprise aujourd'hui, mais une femme me pointe du regard, accoutrée en milles fois pire que moi.
Cheveux emmêlés roux, visage occupé par des lunettes et des cernes, des lèvres gercées, et une blouse blanche de médecin tachetée de - je le devine en deux secondes - spaghettis bolognaise, du moins, à ce que j'en crois voir grâce à sa grosse tâche orange et marron.
Elle vient d'interrompre son collègue qui semble encore plus ahuri que moi. Après un interminable silence, je demande, d'une voix posée :
- Qui t'es, t...
- Ashley. Ash, pour les intimes. Ma pauvre vieille, t'es tombée dans la pire entreprise du monde !
- Ash, je...
- Chut, Teddy ! Tu ne vois pas que je suis en train de parler à notre nouvelle stagiaire ? Va ramasser les crottes de ton ordinateur, sale dragueur !
Pétasse numéro 2, me dis-je avec amusement.
Mais elle semble plus instruite que moi puisqu'elle tape rapidement à l'ordinateur le même résultat que moi, sous forme de script piratage. Les calculs sont fabriqués en colonnes numérotées où des programmes sous forme de mots sont manuscrits. Soigné, je le confirme.
Le pauvre Teddy, blessé, ronchonne tout en me fixant avec agacement. Qu'ai-je fait d'autre à part arriver en retard dès mon premier jour de travail ?
Ash reprend rapidement les présentations, et je lui demande, à travers son pavé de phrase :
- Quel est le problème de ce programme, au sens du terme ?
- Ted a dû déjà te l'expliquer : problèmes de frappe et erreurs produites par l'IA GMEC Technology. Cependant, si nous observons bien les dégâts causés par tout ce bordel, nous apercevons que la ligne 7 est saturée de petits calculs mal posés. Il faut donc...tout reprendre, en une semaine. En comptant d'ailleurs nos heures de travail, les heures supplémentaires, et les heures de pause, et en plus le problème de frappe que nous ne parvenons pas à régler.
J'essaye d'en placer une, mais d'une seule main, elle me fait taire en disant, d'une voix remplie d'arrogance :
- J'aimerais mieux t'expliquer tout cela, mais je te propose qu'on aille boire un café, toutes les deux, pour que je t'éclaire la situation. Avec Teddy, s'il veut bien laisser son ordi deux minutes au monde de la solitude.
Teddy revient à Ash avec un regard éclairé. Elle le corrige indirectement, d'une voix tonitruante :
- Mais tu viens pas pour draguer, sale forceur !
- Je n'ai jam...
- Tu ne fais jamais rien, de toute façon ! Allez, c'est parti mon kiki !
Et nous partons, pour le meilleur, du rire !
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