Tends ton bras
Eikichi, agacé par l'inconfort causé par les plâtres bloquant ses bras, peinait à trouver le sommeil. Il fallait qu'il bouge, être immobile aussi longtemps l'énerver. Il était frustré, il bouillonnait sous ses draps.
Déplaçant lentement, sûrement, gentiment sa chère Himiko, notre protagoniste se leva. Il était enfin sorti de l'hôpital, mais la vie avec deux plâtres et une fille qui s'assurait qu'il ne fasse pas de choses trop dangereuses, le fatigué. Deux semaines, c'était long. Deux semaines pendant lesquelles il avait dû faire attention à tout et n'importe quoi. Mais ce matin, il avait décidé que tout cela s'arrêtait. Eikichi en avait marre.
Sur le toit de l'hôtel, le regard dans le vide, observant les voitures qui roulaient, certainement étaient-elles conduites par des hommes allant au travail. Petit à petit, son regard remontait, se posant sur l'eau sombre plus loin, la baie était toujours aussi belle et était pleine de vie. Il soupirait, son regard maintenant posé sur ses mains, les mains qui avaient pris la vie d'un homme il n'y a pas si longtemps. Des mains qui avaient fait mentir sa bien-aimée, il ne faisait aucun doute qu'il s'en voulait, des flash du moment où son poing frappait le menton de son adversaire lui revenaient.
" Comment ils font ceux qui butent des types pour vivre ? ", pensa-t-il, perdu dans ses pensées, assis sur le rebord du toit, les jambes dans le vide, la brise fraîche du matin sur le visage.
Lentement, il se releva, observant la distance qui le séparait du sol, sacré chute que ça faisait...
- Un... Deux... Trois...
BANG !
Une porte s'ouvrait avec force derrière lui et une voix se fit entendre dans sa direction.
- EIKICHI ! TU FOUS QUOI ?! DESCENDS DE LÀ !
La voix, le bruit, le fit sursauter, et perdre son équilibre, la seconde d'après, Eikichi disparus sous les yeux d'Haru, sorti de nul part. Par chance, ce dernier se jeta en avant en direction de son ami et avant qu'il ne finisse sa vie quelques mètres plus bas, Haru eu le temps de le rattraper. Eikichi était de la couleur de ses yeux, retenu par la seule force de son ami, et l'élastique de son pantalon de pyjama, qui d'ailleurs commençait à craquer !
- REMONTE-MOI CONNARD JE TE JURE QUE SI JE CREVE À CAUSE DE TOI, JE REVIENS TE HANTER ! JE SAIS OÙ T'HABITES !
De toutes ses forces, dans un dernier effort, Haru hissa son ami sur le toit, soufflant tel un taureau.
- MES BURNES PUTAINS ! Tu m'as castré !
Eikichi était en boule, au sol, faisant le deuil de sa descendance. Priant Onari pour sauver sa fertilité. Une fois remis de son choc, Haru se mit à hurler sur son ami.
- Bordel, tu foutais quoi là ?! Tu veux te suicider maintenant ?!
- Me suicider ? Qu'est-ce que tu racontes comme conneries ?
Haru semblait perdu, Eikichi aussi d'ailleurs, l'un comme l'autre ne pigeait pas un mot de ce qu'ils racontaient. Il faut bien admettre que la scène pouvait porter à confusion, debout, sur le bord du vide, regardant l'horizon d'un air mélancolique, l'interprétation d'Haru n'était pas ridicule.
- Tu t'es vu ?! T'étais en train de regarder le vide et tout !
- Hein ? Oue, parce que c'est joli comme coins, regarde la vue, et il fallait que je respire un peu, les dernières semaines on était particulièrement frustrante ! Obligé de faire gaffe parce que sinon mes bras vont être encore plus abîmés, etc., ça me gonfle. Alors, pour être sûr de pas être emmerdé, j'suis monté sur le toit de l'hôtel, et j'ai FERMER A CLEF ! Espèce d'énorme gorille t'as rien trouvé de mieux à faire que d'exploser la porte ?!
- Si tu comptais pas sauter, pourquoi tu voulais être seul sur le toit d'un hôtel à TROIS HEURE DU MATIN ? !
Sans la moindre hésitation, Eikichi pointa un doigt dans la direction d'un objet à sa droite.
- Une scie ? !
Sans la moindre réponse, le lève-tôt pointa maintenant un de ses plâtres.
- Ces trucs me pètent les burnes. J'ai piqué ça dans le local d'un des types de l'entretien.
Haru s'esclaffa, il avait paniqué pour rien, et se saisit de la scie.
- Tends ton bras, j'vais t'aider.
- Haru ?
- Un souci ?
- Demain, j'me casse, je retourne aux docks pour mes infos, et je pars, je retrouverais mon frérot tout seul, cette histoire est en train de partir en couille. Je compte sur toi pour trouver une excuse et empêcher les autres de me suivre.
Un léger rire s'échappa des lèvres d'Haru, occupait à scier les plâtres pour son ami.
- Tu t'attends à c'que j'te dise oui juste parce que tu fais le mec cool et solitaire ? Ça marche pas avec toi Eikichi, c'est pas ton genre de baladé seul. Je te rappelle la gueule que tu faisais la dernière fois qu'Himiko s'est retrouvée bloquer chez elle parce qu'elle avait chopé une méga gripe et personne n'était autorisé à y aller ? T'es pas un solitaire, alors agis pas comme si tu l'étais. Que tu le veuilles ou pas, on te suivra, et de toute façons, même si tu fuis, elle te retrouvera, tu peux pas fuir, t'es bloqué avec nous.
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