Inquietude
Ça fait déjà plus d'un mois que les autres débiles sont partis... Je commence sérieusement à me faire du mouron moi. Ce débile d'Eikichi ne fait jamais attention à lui, même quand il était là, si je n'avais pas été là pour m'assurer qu'il ne fasse pas de connerie, il aurait sûrement déjà pris des balles. Où serait mort de faim... Il n'a aucun instinct de survie, c'est comme s'il ne vivait que par passion, un grand brasier, par pitié, je prie les Plaines Célestes pour qu'il ne s'éteigne jamais. Je vous demande rarement des cho-
- Himiko !!! Ou t'es passée hier soir ? ! T'as disparu sans rien dire, j'ai rien compris ! Ce n'est pas cool !
- Désolé Yokko, j'ai eu... Un appel urgent.
Elle ne semble pas comprendre, ou en tout cas elle semble douter de moi, je comprends.
- Depuis quelque temps, t'as pas mal "d'appel urgent ".
- Désolé Yokko... Ces derniers temps, c'est un peu... Le bazar.
- C'est les garçons hein ? C'est Eikichi, ça te trotte dans le crâne.
Yokko, il faut vraiment que tu arrêtes de lire dans mes pensées, ça devient fatigant... Et vexant.
- Tu sais, moi aussi je suis morte d'inquiétude. Et ce débile de Haru qui ne répond pas au téléphone. Quand ils seront de retour, il va prendre la trempe de ses beaux jours ! Mais je me souviens d'une chose que tu m'as dite en début d'année. " Mon rôle, c'est de le soutenir, et de l'aider, pas de le castrer. Je dois avoir foi en lui, comme lui à foi en moi. ". Haru et Eikichi se ressemblent, et pourtant, ils ne pourraient pas être plus opposés.
- Ça ne veut rien dire ce que tu me racontes.
Elle rit, elle se moque de moi ?
- Tu connais mieux Eikichi que moi, et tu connais Haru depuis aussi longtemps que moi. Je suis surprise que tu ne l'aies jamais vue ainsi. Tous les deux, ce sont des débiles qui donnent tout ce qu'ils ont pour les choses auxquelles ils tiennent. Mais Haru, à la différence d'Eikichi, ne rêve pas particulièrement de grandeur. Il aime la tranquillité, quand on est tous les deux, on passe pas mal de temps au Shinjuku Gyoen, juste assis, à regarder le ciel. La plupart du temps, on ne parle même pas. On se contente de regarder le ciel. Il m'a dit qu'un jour, il aimerait bien qu'on ait juste une petite maison au milieu de nulle part, un peu comme dans Mon Voisin Totoro. Eikichi, je le vois plus comme un Porco Rosso... Sans le physique, hein, ne m'engueule pas !
Qu'est-ce qu'elle me raconte ? Pourquoi elle me fait la leçon maintenant ? Je les connais les deux débiles. Y en a un avec lequel je couche, et l'autre que je connais depuis la maternelle ! C'est presque vexant... En revanche, comparée Eikichi à Porco... Ceci dit, quand Fio l'imagine humain, il était plus bel homme... Je me demande si, quand j'embrasse ce démon, il devient un peu plus humain ?
- Et alors ? Ou tu veux en venir ?
Elle rit, encore, sérieux, c'est vexant.
- Quand Haru, abandonne son confort, pour rejoindre son ami. Si moi je ne le soutiens pas, qui le fera ? Tu as le droit d'être morte d'inquiétude, vouloir lui mettre une raclée pour t'avoir mis dans cet état, et en même temps, le soutenir. On est des filles, on a le droit d'être contradictoire, de toute manière, si on a besoin d'eux, eux aussi ont besoin de nous. Surtout un gars comme Eikichi, je te rappelle que si tu ne lui faisais pas ses bento, il arrivait au lycée sans rien à bouffer et se retrouver à la fin des entraînements avec le ventre qui gargouillait si fort qu'on aurait pu l'entendre jusqu'à Hokkaido. Je sais que ce n'est pas simple pour toi. En toute honnêteté, j'aurais préféré te voir finir avec Akio, il est moins problématique, mais maintenant que c'est fait, soutiens ton débile jusqu'au bout. Tu étais celle qui me le disait devant le ring, c'est sûr, aujourd'hui, c'est plus grave, plus dangereux, mais bon, l'idée est la même, il va se battre. La différence la plus grande, est que quelque chose me dit que cette fois toi, aussi tu comptes monter sur le ring.
Cette fille est beaucoup trop perspicace, c'est frustrant. Depuis quand tu fais ça ?
- J'ignore tout de ce qu'il se passe du côté des garçons, et ce qu'il se passera bientôt, mais si toi et moi, on perd l'espoir, j'ai du mal à les voir le garder. Enfin... Tu viens ? On a encore cours, si on arrive en retard, on va encore se faire incendier, par les profs, et par ta mère... Et s'il y a bien une personne dont même les garçons ont des raisons d'avoir peur, c'est bien ta mère... Eikichi à beau être comparé à un Oni, je suis sûr que ta mère est simplement Enma en déguisement humain.
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