Chapitre 3 L'évasion
Ce ne sont pas trois légers coups sur ma porte d'entrée qui m'incitèrent à l'ouvrir, mais comme une odeur d'herbe fraîche et de fleurs des champs qui embauma tout d'un coup mon petit salon doucement illuminé d'une lampe aux lueurs chaudes et douces.
Aussitôt fait, une brise printanière s'engouffra, et avec elle un vol de papillons. Je ris tandis que le souffle s'enroulait autour de mes épaules et de ma taille et m'entraînait au grand air.
Pieds nus dans l'épais tapis vert qui s'étendait sur la colline qui fait face à ma maisonnette, je me sentais plus libre que jamais, comme si, pour une seconde, un instant suspendu hors du temps, le poids de la vie qui pèse sur moi m'était retiré, et que j'étais enfin libre de tous soucis.
Fredonnant une mélodie, je suivais une route sans but, seulement heureuse d'être. Un papillon d'un bleu profond me suivait partout, comme un ange gardien fidèle. Quelques petites fées aux airs mutins rejoignirent notre danse à la lueur des étoiles. Le croissant de lune brillait d’un éclat presque surnaturel et baignait la clairière où mes pas m'avaient menée d'une lueur dorée diluée.
Quand les étoiles commencèrent à pâlir et le ciel à rougir de l'attention du soleil, quand l'Aube, à la tunique de roses, s'éveilla, je suivis le papillon qui me guida sur le chemin du retour.
Je m'arrêtai sur le pas de la porte pour lui dire au revoir. Dans un crépitement d'étincelles, il s'évanouit dans le petit matin, et je restai seule avec, sur les lèvres, un goût de liberté insouciante.
Je me laissai glisser au sol, le dos appuyé contre le mur de pierre que les rayons de Phoebus commençaient à réchauffer. Je fermai les yeux. Je savais que mon évasion d'une nuit était une bénédiction, et que je pourrais toujours retrouver mon papillon derrière mes paupières closes, dans le monde de l'imagination.
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