Des mots sur mes Maux (1/3)
Il était une fois...
Ces quatre mots magiques qui annoncent le début de toutes les grandes aventures. C'est ainsi que l'histoire d'Eléonore avait commencée. Jusqu’à ce qu’elle plonge en enfer. Un enfer qui, pendant très longtemps la hantera. Un enfer qui fera d’elle ce qu’elle est.
En dépit de sa jeunesse, Eléonore irradie une énergie qui illumine son entourage. Sa joie de vivre se manifeste à travers ses sourires et ses éclats de rire. Rien n'entache sa bonne humeur, pas même ce qu'elle appelle affectueusement « son petit souci de santé ».
Éléonore est handicapée, mais cela n'affecte pas son esprit, ni sa volonté de vivre pleinement. Une légère hémiplégie droite, résultant d'une hémorragie cérébrale survenue in utero*. Elle est également épileptique, ajoutant une complexité à sa vie quotidienne, mais elle refuse de laisser cela entraver son bonheur et sa passion pour la vie. Elle profite pleinement de chaque moment, embrassant chaque expérience avec détermination. Elle refuse de laisser cette condition la définir ou limiter ses activités.
Elle continue de profiter de chaque instant avec intensité et passion, déterminée à vivre pleinement, peu importe les obstacles. Sa joie de vivre et son esprit inspirent ceux qui ont la chance de croiser son chemin. Depuis son plus jeune âge, Éléonore affronte les défis avec détermination. Sa condition physique ne l'a jamais freinée dans sa quête d'aventures. Elle est devenue la casse-cou de la famille, une petite intrépide qui se lance dans les jeux les plus audacieux. Les chutes et les petits bobos ne l'effraient pas, car pour elle, l'essentiel est de profiter de chaque instant avec spontanéité.
*
À l'adolescence, Eléonore traverse un moment décisif. À treize ans, en sixième, son univers bien ordonné subit un bouleversement inattendu. Sa nature positive et son courage face à l'adversité s'effacent soudainement devant une vague d'incertitude et de doutes. Le début du collège marque un tournant cruel. Les regards bienveillants et les sourires gentils se transforment en mépris et en ricanements méchants. Les camarades de classe, autrefois complices, deviennent auteurs de méchancetés insidieuses. Les commentaires blessants fusent, laissant Eléonore désemparée face à cette hostilité soudaine. On lui rappelle sans cesse sa différence, et on exploite sa vulnérabilité avec une haine qui glace le sang. Les railleries et les insultes deviennent monnaie courante, créant un enfer constant pour la jeune fille autrefois pleine de vie.
La vie d'Eléonore est devenue un calvaire. Chaque jour, elle souffre un petit peu plus à cause des insultes blessantes et des piques qui se transforment en violences. Les coups lui font mal et laissent des marques. Sa confiance en elle, qu'elle avait construite pendant des années, est maintenant détruite par la cruauté quotidienne. Elle se renferme sur elle-même, cherchant à éviter les interactions sociales qui lui font mal. Elle se sent seule dans sa chambre, pleurant en silence et se demandant pourquoi elle doit endurer tout ça. Chaque jour est une lutte pour garder un peu de dignité et de bonheur. Les remarques cinglantes et les regards méprisants font partie de sa vie, et même les moments de tranquillité sont assombris par le harcèlement. C'est un défi constant pour elle de rester forte face à tant de mépris et de méchanceté.
Une vérité éclate soudainement. C'est une vérité qu'Eléonore aurait préféré ne jamais entendre. Parmi ceux qui la persécutent, se trouvent ses propres cousines. Le choc de la trahison frappe fort la jeune fille. Découvrir que les personnes qu'elle aimait le plus, en qui elle avait placé sa confiance, étaient à l'origine de son calvaire, ajoute une couche de peine insupportable à sa souffrance déjà immense. La sensation d’abandon est déchirante, comme si le sol se dérobait sous ses pieds et que tout ce en quoi elle croyait s'effondrait autour d'elle. La découverte qu'elles ont non seulement participé au harcèlement, mais l'ont également encouragé et orchestré, est un coup terrible pour elle. Se demander pourquoi celles qu'elle considérait comme des sœurs ont choisi de lui infliger tant de mal est une question qui la hante, ajoutant une dimension de confusion et de douleur à son tourment. Elle remet en question non seulement ses relations familiales, mais aussi sa capacité à faire confiance et à ouvrir son cœur aux autres.
La souffrance de la traitrise se mêle à la douleur du harcèlement, créant un tourbillon émotionnel tumultueux dans le cœur brisé d'Eléonore. Ce qui la blesse le plus, c'est de voir que l'amour et le soutien qu'elle espérait trouver auprès de sa famille lui sont refusés. Ses cousines, autrefois complices et joyeuses, sont devenues des agresseurs insensibles, ignorant les cicatrices invisibles qu'elles lui infligent.
in utero* : dans l'uterus
(partie 2 à suivre)
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