Le téléphone de Samuel sonna. Il avait mis son alarme avant de plonger dans son rêve érotique pour avoir le temps de se préparer, prendre une douche et aller manger un copieux déjeuner dans le restaurant de l'hôtel. Il aimait bien ces moments là où il prenait son petit déjeuner en dehors de chez lui car ses placards étaient souvent vide ; et ici, il avait le choix, même des oeufs brouillés pondus du matin.

Il tendit la main pour repousser le réveil machinalement du bout du doigt afin de se rempaffer dix minutes de plus. Quand il toucha son téléphone, les souvenirs de la nuit rejaillirent. Il se dressa d'un bond et constata qu'il était seul dans le lit. Il se leva pour aller voir dans la salle de bain, personne à l'horizon... Uüstia s'était évaporé malgré son vœu.

Il se fit couler l'eau du robinet pour se rafraîchir le visage et boire une gorgée puis retourna s'asseoir sur le bord du lit, l'air penaud. Son souhait n'avait pas eu l'effet escompté... Il essaya de se rappeler les mots qu'il avait prononcé exactement mais ce n'était pas chose aisée avec tous les souvenirs de cette nuit pleine de rebondissements.

Il essaya de se convaincre qu'elle allait revenir le soir, qu'il n'avait pas été assez précis dans sa formulation. Et s'il le faut, il referai un rêve érotique pour l'appeler à lui car il était sûr d'avoir dit qu'elle pourrait revenir le voir.

Peut-être était-ce elle qui avait pris peur ? Avait-elle décidé de fuir ces événements particuliers et ces décisions prises à la va-vite ? Il en doutait mais ça trottait dans sa tête. Et si elle était parti d'elle-même, elle lui aurait sûrement laissé un mot, non ? Mais savait-elle seulement écrire ? Ces nombreux questionnements en arborescence l'assommèrent, ses muscles devinrent lourds comme du plomb.

Il se hissa avec dépit vers la douche pour se laver même si ça lui fendait le cœur de retirer l'odeur de sa démone de minuit. Il avait cette formation et se devait d'y aller, cependant sa motivation était en berne.

Une fois propre, il s'habilla dans le costume qu'il avait préparé la veille. Un costume assez décontracté pour supporter une journée assis à écouter des orateurs et faire des travaux pratiques. Puis il descendit se restaurer, son café avait un goût âcre, même les oeufs brouillés n'avaient pas la saveur attendue. Était-ce son état émotionnel qui influait sur le goût des aliments ?

Une fois sorti, direction le métro. À chaque croisement de rue, il avait l'impression de voir Uüstia. Sur les quais du métro aussi, ainsi qu'à l'intérieur des rames. À chaque fois, un bourdonnement dans les oreilles et un picotement dans les tempes surviennent, de plus en plus fort. Que se passe-t-il ? Est-ce un effet secondaire de son premier souhait ?

Arrivé sur le lieu de sa formation, il prit son badge, le fascicule du programme, sa bouteille d'eau et le sandwich du midi qui était fourni, puis il s'installa dans l'auditorium déjà bien rempli par un cinquantaine de personnes. La première oratrice arriva, il en fût éberlué. Uüstia ? Est-ce elle ? Il se prit les tempes en main en fermant les yeux, le bourdonnement fût intense.

~ Sss...rrr...elll

Il réouvrit les paupières et regarda l'oratrice qui venait de se mettre à parler. Ce n'était pas Uüstia même si elle lui ressemblait beaucoup.

~ Ammm...rrr...elsss...rrr

~ Quoi ? Que ? Uüstia ? C'est toi ?

Samuel tenta de se concentrer en se bouchant les oreilles comme si il entendait mal avec son téléphone. Ses voisins le regardèrent avec incrédulité.

~ Uüstia ? Tu m'entends ?

~ Ouuu...rrr...iii

Cette réponse qu'il interpréta comme un "oui" le mit tellement en joie qu'il en sursauta sous les huées de son entourage.

~ Si c'est toi, je te rappelle plus tard ... Je capte mal ! ... J'ai l'impression d'être au téléphone...

~ Daaa...rrr...orrr

~ Je suis trop ravi !

~ Mmm...rrr...oooa...rrr....ssssi

Samuel raccrocha ses pensées, posa ses coudes sur son pupitre et posa son visage entre ses mains, l'air béat, en regardant l'oratrice sans vraiment l'écouter. Celle-ci constata ce regard appuyé mais il n'y prêta pas attention. Il regarda le programme, puis sa montre, et se dit qu'il réessaiera de se connecter à sa dulcinée à la pause de dix heures.

Il tenta tant bien que mal de remettre en ordre ses pensées et rattacher les wagons pour rattrapper le retard qu'il avait pris sur la formation. Samuel avait du mal à se concentrer malgré l'arrêt des douleurs aux tempes. D'après ce qu'il avait compris de cette séance, ça lui paraissait intéressant, il creuserait le sujet quand son cerveau sera moins occupé.