Prologue
Des éclats métalliques frappent contre les murs blancs. Des cris étouffés se mêlent à des bruits sourds, comme si la réalité elle-même se fissurait. Des blouses blanches se pressent, anonymes, dans des couloirs où l'air semble lourd, presque irrespirable. Des corps sont allongés, fendus, leur peau marquée de blessures froides, examinés comme des objets. Leurs yeux ouverts, pleins de terreur, ne voient rien. Ils sont déjà partis, laissés à la merci des machines.
Un cri déchire l'air. Une silhouette sombre se tord au sol. Un corps, une main agrippée à une autre. Des dents, des gémissements. L'image s'élargit : une personne, ou ce qui en reste, est plongée dans une sorte de combat grotesque, déchirant la peau d'un autre humain, dévorant ses chairs avec une frénésie bestiale. Les morceaux de viande sont arrachés, avalés, dans une scène qui semble se figer dans un abîme de terreur.
Mais quand les lumières vacillent, un détail étrange devient visible. Ce n'est pas un humain qui mange. Ce n'est pas une bête. Les mains qui saignent, la peau déformée, l'énorme bouche qui engloutit... tout cela appartient à quelque chose de plus grand, de plus monstrueux, de plus grotesque. Un monstre, un hybride entre ce qui fut humain et ce qui n'est plus que la chair du cauchemar. Un cri de douleur, suivi d'un silence de mort. Une ombre, une silhouette informe qui dévore le dernier souffle de ce qui était encore un être humain, et tout s'éteint. Le sol se gorge de sang. L'odeur est insupportable.
La caméra se déplace, se précipitant sur des flots de lumière stroboscopiques, captant des ombres fuyantes dans des laboratoires trop vastes. Un groupe de scientifiques, le regard rivé sur des écrans clignotants, les lèvres tremblantes. Une silhouette entre dans une pièce sombre, un cri, puis un autre. Un enfant. Ou ce qui en reste. Ses joues boursouflées, ses yeux rougis, inondés de larmes qui se transforment en vapeur dans l'air froid. Il tourne la tête, un sourire figé dans une grimace déformée par la douleur, avant que tout ne se noircisse.
De l'autre côté, des pas précipités. Des gens courent, leur souffle court, le regard paniqué. Une silhouette se faufile, sa silhouette une ombre tremblante dans le chaos. Un éclat de lumière frappe la peau d'un autre être humain, tout juste un visage, plus humain, mais déjà marqué par l'horreur. Quelque chose se brise. Une porte s'ouvre. Il n'y a rien de ce côté-là. Rien que des ruines.
Un cri, un rugissement, et tout devient flou.
Des larmes, des cris, un sol dévasté, et une dernière silhouette se glissant dans l'ombre, avant que tout ne s'effondre.
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