de Dune Tanguy

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Il en aura fallut du temps, et il en faudra encore, sûrement aurait-elle toujours des questions à sa mort. Elle ne sait que si peu, elle voudrait tout connaître, qu'on réponde à ses pourquoi, ses comment, ses peut-être. Elle aimerait pouvoir se vautrer dans le canapé du paradis et regarder l'humanité évoluer, tels les personnages de séries. Ce serait drôle et bien pensé, si Dieu, les cieux, l'éternité, nous laissait suivre ceux qui sont restés. Elle a aimée sa vie, bien qu'elle ne soit pas finie, elle aimerait pourtant dès à présent dire merci. Merci autant aux gentils qu'aux méchants, ceux qui l'ont aimé et ceux qui l'ont mise dedans. Elle a aimé, elle a pleuré, elle a souris et haïe, mais dans tout ces regards, ces sourires, ces instants, la beauté et la grâce ont fleuri son présent. Elle a grandit, oui, aussi, à travers les naufrages, quand l'un la coulait, l'autre la repêchait à la nage. Jamais toute seule, toujours son équipage prêt à s'empoigner pour lui faire un rivage. Un rivage clair et doux où parfois elle échouait, toute boursoufflée de coups et de la morve au nez. Parfois déterminée à allez de l'avant, sa voile reprisée déjà pour les grands vents. Le feu au ventre, le coeur si grand, qu'elle pouvait de sa foi rendre muet un savant. On lui a dit qu'elle pouvait, que fallait pas rêver, on lui a mit des battons et on en a enlevé. Elle a donné son meilleur aux pires et son pire aux meilleurs. Elle a fait de petites choses avec grandeur. Et de grandes ou terribles de toute sa candeur. Pleine de paradoxes et de vents contraires, elle a pourtant toujours été sincère. Elle a la force du coeur, qui est bien à sa place, dans chaque geste, en tout temps et espace, elle a vu en chacun et partout, la beauté et la grâce.

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Lecture autorisée

En réponse au défi

Lancé par Fred Larsen

Édition 2024 La Grâce

Je vous propose ce défi, en préparation du Printemps des poètes 2024 qui aura lieu du 9 au 24 mars.

Si vous êtes d'accord, votre texte pourra être lu, à Brest, au Béaj par des artistes du Collectif Synergie le 9 mars 2024 de 15 à 18h

Merci de me signaler, lors de la publication de votre réponse, si vous validez cette lecture pblique de votre poème ou de votre texte.

Merci d'avance

Fred Larsen

Pour les 25 ans du Printemps des Poètes, quel emblème arrimer à la septième lettre de l’alphabet, dans l’écho de L’Ardeur, de La Beauté, du Courage, du Désir, de L’Éphémère ou des Frontières ?

Quel vocable de fière lignée, qui soit tout aussi déroutant, inspirant que vaste, à la fois doté d’un sens ascendant capable d’éveiller les voix hautes et valeureuses, mais lesté cependant d’injonctions brusquées, franches et quelques fois fatales ?

Ce sera donc La Grâce, avec son accent circonflexe qui hausse en un instant le ton. Autrement dit La Grâce dans tous ses états, du plus sublime à celui, brutal et définitif, qui foudroie sur le coup.

De grâce implorent à jamais les amants des tragédies, alors que Joachim du Bellay décèle chez Marguerite de France cette grâce et douceur, et ce je ne sais quoi… Ce «  je ne sais quoi  » qui ne cessera, siècle après siècle, de changer de registre, d’appeler à la transcendance ou à la dissonance, jusqu’à Michel Houellebecq, maître du contre-pied : Dans l’abrutissement qui me tient lieu de grâce.

Car La Grâce n’est pas que divine ou bénie, pas que gracieuse, évanescente ou mièvre, pas que céleste et inexprimable.

Il y a bien sûr la bonne ou la mauvaise grâce rimbaldienne, la grâce consolante de Verlaine, la grâce charnelle d’Éros, la grâce d’union mystique, la grâce du cœur et de l’esprit de Max Jacob mort à Drancy, qu’a célébré Éluard. Il y a ce chant de grâce pour l’attente, et pour l’aube plus noire au cœur des althæas, qui chez Saint-John Perse, et ces fleurs de guimauve claires, amplifie à dessein le mystère.

Mais il y a surtout cet état de grâce de la parole, et du corps tout entier, que connaissent les poètes autant que les athlètes ou les aventuriers.

Il est temps d’affûter nos âmes pour que la créativité, l’allégresse et la splendeur, comme on le disait des Trois Grâces de la mythologie, transcendent nos imaginaires et nos vies, quelles que soient les heures ténébreuses ou solaires.

Sophie Nauleau