Chapitre 6

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Cela devait faire environ une heure que Valerio et moi étions assis sur le canapé, dans son appartement. Ce n’était pas très grand, mais c’était plutôt bien agencé, tout était joli. Nous regardions un Disney, je lui avais appris que j’en étais fan et à ma grande surprise, lui aussi. Puis, Valerio se leva et se dirigea vers la cuisine. Il ouvrit le congélateur et en sortit une pizza au chorizo. L’une de mes préférées. Je ne pus m’empêcher d’esquisser un petit sourire. Le temps que la pizza chauffe, il amena deux assiettes ainsi que des couverts, qu’il posa sur la table basse, devant moi. Je lui avais proposé mon aide mais il avait refusé.

« A table ! »

Valerio sortit la pizza du four et vint s’asseoir à côté de moi. Je pris soin de découper la pizza sans lui demander, car je me sentais inutile et bête, à cause de ce qu’il s’était passé. A vrai dire, nous n’en avions pas reparlé. Je sentais qu’il en avait envie, mais il n’osait pas. Et pour ça, je le remerciais intérieurement.

Le reste du repas se déroula en silence. J’aidais Valerio à débarrasser lorsqu’il me demanda, tout gêné :

« Dis-moi... ça ne me regarde pas mais je voulais juste savoir, qui étaient ces gars ? »

Je croisai les bras et le regardai droit dans les yeux. Après tout, il m’avait l’air d’être de confiance et en plus de cela, il les avait vus. Mais je ne pouvais pas lui dire la vérité. Je ne le connaissais pas, après tout. Alors, je me contentai de la seule réponse qui me passait par la tête :

« C’est un connard avec sa bande de potes. »

Il baissa les yeux, mal à l’aise. Il avait compris que je ne voulais pas en parler. Puis, pour nous changer les idées, il me proposa de jouer à la Playstation. Il me battu à chaque partie que nous avions faite, mais je devais avouer que c’était une bonne idée d’y avoir joué. Après une petite heure à avoir joué aux jeux vidéos, la fatigue commençait à me gagner. Valerio le remarqua, alors il partit dans sa chambre et en revint avec une petite couverture et un oreiller.

« Je vais dormir sur le canapé et te laisser mon lit », me dit-il.

 Je le regardais, gênée. Mais après tout, c’était lui qui me proposait. Alors, je lui dis bonne nuit, puis partis dans sa chambre. Je m’installais dans son lit et une sensation étrange me parcourut. Je dors chez quelqu’un que je ne connais pas... et surtout, ma mère ne le savais pas. Et s’il m’arrivait quelque chose durant la nuit ? Pire encore, et s’il lui arrivait quelque chose à elle ? À ce moment je m’en voulus énormément. Petit à petit, mes yeux laissant les larmes couler, devinrent lourds et je m’endormis.

 Je fus réveillée le lendemain matin assez tôt. Il était 5h38 lorsque j’avais allumé l’écran de mon téléphone. Je m’étais levée discrètement et mis mes chaussures, toujours dans le plus grand des silences. Je cherchai ensuite de quoi écrire et je trouvai assez rapidement. Je notai sur un post-it « Merci de m’avoir logée, mais je rentre chez moi. L. » puis sortis de l’appartement. J’allumai la lampe torche de mon téléphone puis sortis dans la rue. Le froid me glaça, mais la peur aussi était à l’origine de cela. Je devais rentrer chez moi, vite, et en un seul morceau. Je commençai donc à marcher doucement dans la rue lorsqu’un miaulement me fit sursauter. À ce moment, je crus que mon coeur allait arrêter de battre. Je repris mes esprits, haletante, et continuai ma course en accélérant légèrement le pas, la peur au ventre. J’avais vraiment peur que Valentin soit là, quelque part ! C’est stupide, il est encore tôt. Tout le monde dort. Bien évidemment, mes pensées ne me rassuraient pas.

 J’arrivai un quart d’heure plus tard chez moi. J’entrai discrètement, sans aucun bruit, puis me dirigeai vers ma salle de bain. Je me déshabillai en vitesse et sautai dans la baignoire. Encore une fois, l’eau chaude me brûlait presque la peau, en plus de tous ces produits qui attaquaient mon corps. Je me séchais avec ma serviette lorsque soudain, mon regard se figea. Mon ventre. J’avais l’habitude de toutes ces taches rouges qui venaient et repartaient. Mais celle-ci n’était pas comme toutes les autres, elle n’était pas seulement rouge. On aurait dit que ma peau à cet endroit était creusé. Je laissai ma serviette de bain tomber au sol et m’approchait un peu plus près du miroir. Ma peau était bel et bien en train de souffrir et de brûler. Ma peau commençait à se creuser. Alors, je me mis à pleurer.

 Vers sept heures du matin, je me rendis dans mon côté de la cuisine afin de prendre un petit-déjeuner. J’ouvris un placard en hauteur, en sortis un mug, puis je me dirigeai vers le réfrigérateur et en sortis la brique de lait. Je remplis mon mug avec un dessin de Mickey dessus lorsque je vis la lumière s’allumer du côté de ma mère. Elle était habillée d’un sweat blanc beaucoup trop grand pour elle, et d’un leggings de la même couleur, tout aussi grand. Ses cernes étaient énormément creusés et noirs, ses joues avaient beaucoup maigri. Je n’aimais pas la voir comme ça.

« Bonjour ma puce, bien dormi, chez ton amie ? » Me demanda-t-elle.

 Je rangeai la brique de lait puis la regarda, l’air triste.

« C’est plutôt à moi de te poser cette question, maman... »

 Son maigre sourire avait disparu, comme si elle n’en avait plus la force. Elle attacha ses cheveux noirs en un chignon et sortit d’un de ses placards un paquet de pains au lait. Sans un mot, elle sortit également de la confiture à la fraise du réfrigérateur, ainsi qu’une petite cuillère dans un tiroir. C’était incroyable, nos cuisines respectives étaient symétriques l’une par rapport à l’autre, comme si le plexiglas qui les séparait était en réalité un miroir. Quant à moi, je sortis un paquet de biscuits et m’installai à table, face à la vitre, face à ma mère. Je commençai à manger lorsque ma mère lâcha son pain et se mit à tousser.

« Maman ! Je m’étais levée, prête à intervenir, prête à aller de l’autre côté.

- Tout va bien ma chérie, je... » Elle se remit à tousser. « J’ai seulement avalé un bout de travers ».

 Cette fois, ce fut trop. Pourquoi avais-je l’impression qu’elle me mentait ? Elle ne va pas bien, rappelle-toi ce qu’a dit le médecin. Elle t’a mentit une fois, elle peut recommencer. Je poussai mon mug et mon paquet de biscuit, puis je fixai ma mère, d’un air que je voulais dur.

« Maman, dis-moi ce qu’il se passe réellement ».

 Elle soupira, posa ses coudes sur la table et posa son front contre ses paumes. Elle resta plusieurs secondes comme ça, puis elle releva la tête, me regarda, les yeux embués de larmes.

« Tout d’abord, j’ai vraiment avalé de travers. Ensuite, il est vrai que je dois te dire quelque chose... tu sais que je ne pourrai malheureusement jamais guérir de ma maladie, que je suis sous traitement permanent pour qu’elle stagne.... je suis bientôt à cours de médicaments, la plupart d’entre eux ne sont pas remboursés... entre les courses, les autres dépenses de première nécessité et tout le reste, il va nous manquer de l’argent pour mes médicaments ».

 Le choc. Total. Ma mère venait de me dire que les comptes bancaires étaient presque vides. Comment est-ce qu’on allait pouvoir continuer à lui payer ses médicaments ? C’était la priorité absolue, cela passait avant tout le reste. Je sentis une larme qui roula le long de ma joue que je m’empressai d’essuyer du revers de ma main. Il me fallait trouver une solution, et vite.

« Maman, si tu as une idée, dis-moi ce que je dois faire...

- Louna, tu n’as que seize ans, ce n’est pas à toi de porter ce fardeau, me répondit-elle.

- Si ce n’est pas moi, qui va le faire ? Qui va aller acheter de quoi manger ? Qui va aller acheter tes médicaments, hein ? Dis-moi ! »

 J’avais crié cette dernière phrase. Ma mère s’était mise à pleurer sans que je ne m’en rende compte. Je la regardai d’un air désolé, en me mettant à pleurer à mon tour. Elle tourna la tête et fit un geste de la main, comme pour me dire de partir. Alors, je débarrassai ma table sans prendre la peine de finir mon petit-déjeuner, allai dans ma salle de bains pour me brosser les dents, puis je pris mon sac de cours et sortis de chez moi. Je me souvins lorsque j’étais avec Hugo au café, lorsqu’il m’avait dit que si j’avais besoin de quoi que ce soit, je pourrai lui demander. L’argent était parti beaucoup plus vite que je ne le pensais. Une idée commençai à venir dans ma tête.

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