Chapitre 7

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 Arrivée au lycée, je cherchai Hugo du regard. Il n’était pas encore arrivé, visiblement. Il restait une dizaine de minutes avant le début de mon cours, alors je me dirigeai vers les toilettes. Une fille en minijupe et au maquillage assez chargé était à l’intérieur, accompagnée d’une autre fille.

« Il paraît que c’est toi, Louna ? Me dit-elle sur un ton hautain.

- Euh, oui, c’est moi...

- Moi c’est Carla. J’suis contente de t’avoir vue, j’ai beaucoup entendu parler de toi ».

 Elle sortit, un sourire narquois aux lèvres. Qui était-elle ? Je n’avais pas souvenir l’avoir déjà vu. Je la regardai s’éloigner. Ses cheveux très blonds étaient lissés à la perfection, elle se déplaçait telle une mannequin, et sa copine - enfin je supposai - la suivait comme un petit chien. Mais ce n’était pas son comportement qui me tracassait le plus, mais plutôt de savoir comment elle avait entendu parler de moi. Beaucoup de gens sont au courant que j’ai quitté Valentin et qu’il m’en veut à mort... Mais elle, c’était différent, je le sentais. Elle avait l’air d’être une mauvaise personne. Je n’aimais pas juger les gens avant de les connaître, mais celle-là, elle sortait du lot. Je fus tirée de mes pensées par une voix masculine, à l’entrée des toilettes. Je me retournai, confuse de ne pas avoir entendu ce qu’on m’avait dit, et fus super contente de voir que mon meilleur ami était là. Je commençai à m’approcher de lui, prête à le serrer dans mes bras, mais je me suis arrêtée net lorsque je vis que ses yeux étaient sombres.

« Pourquoi tu ne m’as pas appelé hier soir ? J’étais hyper inquiet ! Même pas de message, rien de ta part, me reprocha-t-il.

- Je suis désolée, j’ai été super occupée, et...»

 Et j’hésitai à lui dire la suite. Je ne savais pas si je devais lui dire que j’étais retournée au café avec Valerio et qu’on avait croisé Valentin. Mais Hugo était mon meilleur ami, le seul en qui j’avais confiance. D’ailleurs, il attendait toujours que je finisse ma phrase.

« J’ai vu Valentin avec tous les autres. Il nous suivait, Valerio et moi, alors je suis rentrée directement chez moi, et c’est vrai que j’aurais dû t’appeler. Je suis désolée, je suis vraiment nulle comme amie...»

 Son regard s’adoucit et il esquissa un petit sourire au coin de ses lèvres. Il posa sa main droite sur ma joue et me la caressa du pouce.

« C’est faux, tu es géniale comme fille. Et je... »

 La sonnerie annonçant le début des cours avait retentit, l’empêchant de finir sa phrase. Il me parut agacé à cause de cela. Je l’interrogeai du regard et il me fit signe qu’il me parlerait plus tard. Sans un mot de plus, il s’éloigna, dans la direction opposée à la mienne. Je le regardai, puis me figeai instantanément lorsque l’inconnue des toilettes l’accosta. Malheureusement, ils étaient trop loin pour que je puisse les entendre. Sans savoir pourquoi, je sentais comme une sorte de rage à l’intérieur. Pourquoi j’avais un mauvais pressentiment à l’égard de cette fille ? Je fis volte-face et partis à mon cours.

 Les deux heures de mathématiques avaient été extrêmement longues. Je ne comprenais pas comment une matière pouvait être aussi dure. J’avais vu Valerio au cours, mais je m’étais assise le plus loin possible de lui. Tout simplement car je me sentais bête après ce qu'il s'était passé la veille. A y repenser, j’avais réellement dormi chez une personne que je ne connaissais même pas. Et s’il m’était arrivé quelque chose ?

« Louna, tu m’écoutes ? »

 Je me suis retournée en sursaut. Valerio se tenait face à moi, l’air fatigué. Ses cheveux étaient ébouriffés, comme s’il venait de se réveiller. Je fus très surprise de le voir comme ça, d’habitude il se coiffait un minimum. Soudain, je me rendis compte que j’étais en train de le fixer bêtement.

« Oh pardon, j’étais dans mes pensées… tu disais ? Lui demandai-je.

- Je te demandais juste comment tu allais depuis hier soir. »

 Il me parut très froid. Je me serai donc trompée à son sujet ? Lui qui me paraissait si gentil, au final ce n’était qu’une apparence ? Beaucoup de doutes m’envahirent. D’un côté, il s’inquiétait pour moi puisqu’il me demandait comment j’allais. Mais sa voix exprimait tout, sauf de l’amabilité.

« Ca va, merci. J’espère ne pas t’avoir dérangé…

- Non, non... »

 Il parut embarrassé, puis il tourna les talons et partit aussitôt. Je n’y comprenais rien.

 Les autres cours de la matinée se passèrent plutôt bien. A midi, je rejoignis Hugo afin de manger avec lui, comme d’habitude. Je pris mon plateau et me dirigeai vers notre table habituelle. Je manquai de tomber lorsque je vis la poupée Barbie, assise à côté de lui. Depuis quand Hugo connaissait-il la fille que j’avais croisé dans les toilettes ? Je m’installai néanmoins en face de lui.

« Eh, Louna ! Je te présente Carla », m’annonça fièrement Hugo.

 Cette dernière me regardait avec un sourire malicieux. Je fis l’effort de lui sourire légèrement. Sans un mot, je commençai à entamer mon plat. D’habitude, je racontais ma matinée à Hugo. Mais ce matin, hors de question de lui raconter devant cette poupée Barbie.

« Dis-donc, elle n’est pas très bavarde, ta copine, dit Carla à mon meilleur ami.

- Louna, tu vas bien ? S’inquiéta ce dernier.

- Parfaitement bien. »

 J’avais répondu sèchement. Je me levai d’un bond, pris mon plateau, le débarrassai et me dirigeai vers la sortie. L’air frais me faisait du bien, j’avais besoin de respirer un bon coup. C’était quoi mon problème avec cette fille ? Elle ne m’avait rien fait, et pourtant, je ne la supportais pas. Quelque chose me dérangeait chez elle. Pour me changer les idées, je décidai d’envoyer un message à Valerio afin que nous puissions continuer notre travail de groupe : Salut, ça te dirait qu’on avance sur notre travail, pendant que la pause du midi n’est toujours pas finie ? Sa réponse arriva, quelques minutes plus tard : Bonne idée, on se rejoint dans la bibliothèque.

 Je m’installai en face de Valerio, à une table de la bibliothèque. Chacun sortit ses feuilles. Nous commencions à comparer l’avancement de nos travaux, lorsque mon téléphone vibra dans ma poche. Je le sortis, et vis que j’avais reçu un message du banquier de ma mère. Je fronçai les sourcils, inquiète du contenu de ce message. Je le lus rapidement, et il ne me fallut pas moins de quelques secondes pour que mes yeux se retrouvent embués de larmes.

« Ca ne va pas ? » S’inquiéta Valerio.

 J’essuyai du revers de la main une larme qui s’était échappée. Je ne pouvais pas parler de mes problèmes de banque à Valerio, il n’avait pas à savoir cela. Surtout après son comportement étrange de ce matin. Comme je ne répondais toujours pas, il posa ses feuilles devant lui, puis sa main vint au contact de la mienne. Ce geste se devait d’être réconfortant mais pourtant, il me mettait mal à l’aise. Il dut remarquer ma gêne, car il retira sa main et se la passa dans les cheveux. Je pus remarquer que quelque chose le tracassait également.

« Ecoute… je sais que ça ne fait pas longtemps qu’on se connaît. Mais tu es une fille formidable, je t’apprécie beaucoup. »

Il marqua une pause, hésitant. Puis, il poursuivit :

« Je vois que ça ne va pas fort pour toi en ce moment. J’aimerais beaucoup t’aider, alors si je peux faire quoi que ce soit pour toi, peu importe ce que c’est, dis-le-moi, ça me ferait plaisir. »

 Je le regardai, ne sachant pas quoi en penser. La veille au soir, il avait été très gentil lorsque nous étions dans son appartement, et ce matin, il avait totalement changé. Là, il était redevenu la personne très gentille de la veille. Il me paraissait mystérieux. Sans savoir pourquoi, j’éprouvai à cet instant l’envie de le découvrir un peu plus. L’envie qu’il m’aide.

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