Touché.
Adel s’élança sur la place du port. Si les parois insondables de la mine et les maisons entassées des faubourgs emprisonnaient les brises curieuses, les rives du fleuve se trouvaient balayait par de furieuses bourrasques, dans lequel se mêlées une bruine sauvage. En quelques instants, le jeune homme sentit son corps se transir de froid. Ses paupières se plissèrent sous l’orchestre de son cœur, qui prônait un concerto effréné. Le mineur s’offrit au premier navire accosté, hasardant la destination de sa survie. Adel vida la moitié de sa bourse et aborda le pont refoulé par les rafales de vent. Il se teint férocement aux rambardes du vaisseau, jetant des regards oppressés vers les pavés de sa ville natale. Il souffla de soulagement en fermant les yeux. Le jeune homme sentait ses cheveux se hérissaient face aux temps violents, qui pourtant, fut celui qui l’avait forgé. Il avait vu nombreux de ses frères se faire fusiller pour quelques affaires d’argent, qui plus est, celui de l’Antre des Péchés. Il s’était pris maître du feu aliéné des profondeurs, mais, sous l’air glacé, ses doigts picotaient, comme si quelques braises lui rongeaient la peau.
- Adel Postruche, vous êtes en état d’arrestation pour meurtre. Veuillez mettre vos mains que votre tête et vous agenouillez face à nous.
Sans contreparties, Adel s’inclina devant eux, les yeux rivés sur le bois lessivés du bateau. Son corps amorphe voulait s’écrouler, abandonner sous les années de travail dans les mines. Une main solide lui attrapa les poignés pour les entremêlés dans son dos, les attachant de menottes. Le métal glacial lui brûla l’épiderme.
- Où est l’arme ? demanda calmement le milicien.
En ouvrant ses lèvres gercées, un panache de vapeur en sortit.
- J’l’ai pas.
- Sans blague, le réprima la femme. Où est-elle ?
La pluie plomba le pont d’un rideau de gouttes. On le plaqua sur les planches gondolées, tournant son visage sur le côté. Le milicien fit rouler devant ses yeux la vieille douille. La noirceur de la houille se mêla à l’eau stagnante.
- Tu la reconnais ?
Adel serra ses dents à les briser.
- Tu sais ce qui t’attend : la peine de mort !
Le jeune homme fixait la courbe cuivrée de la balle. L’averse lavait poussivement le métal. Adel commençait à y voir son visage lessivé par la pluie. Il suffoquait entre la poigne qui bloquait sa tête contre le sol et la flaque noircie. « Meilleur que le goût du charbon ? »…
- Ou est…
Touchés. Deux coups de feu, deux corps tombés sur le sol, et le sang poisseux se dilua autour d’Adel. Impuissant, il resta allongé sur le sol. Des genoux le rejoignirent au sol.
- Mon p’tit gars, relève-toi !
Le mineur leva les yeux et aperçut le délégué de la mine, une cigarette entre ses deux lèvres et un revolver empoignait par ses doigts de travailleur. Adel se redressa douloureusement. Son supérieur lui posa une main sur l’épaule alors qu’il dévisageai les deux miliciens étendus sur le sol du navire.
- Fais pas cette tête de déterré, continua-t-il. Debout !
Adel s’y soustrait. Le maître des mines l’aida, le soulevant par l’un de ses bras encore entravés. Le jeune homme écarquillé les yeux devant les cranes explosés des enquêteurs.
- C’était pas faute de les prévenir, lui expliqua le délégué en se tapotant la narine. Au nez, leur histoire, ça sentait la merde à des kilomètres. Toi, t’en as. Tu comptais te barrer. N’aie pas trop pitié d’eux. S’il s’était pas ramené avec la douille, t’aurais pu t’enfuir. Mais là, le Valet veut te voir. Ça sent le roussi pour toi…
À bout de force, Adel se laissa guider dans les ruelles en direction de l’Antre des Péchés.
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