26 - Bourreau des cœurs
Laurent s'élance à la suite d'Elodie dans l'escalier. Il prend la main d'Elodie, et lui emboîte le pas.
Elodie : Je veux le découvrir.
Il se retourne, elle le suit et, pour la première fois depuis des heures, ils se regardent.
Elodie : Vous êtes en colère contre moi.
L'insulte l'étonne, mais elle s'en moque.
Elodie : Parce que j'ai aimé quelqu'un et que je le perds.
Laurent : Vous avez aimé quelqu'un.
Elodie : Non, j'ai eu peur.
Laurent : Vous avez peur de l'amour?
Elodie : Non, je ne sais pas.
Laurent : Vous voulez le découvrir?
Elodie : Non, j'ai peur de vous perdre.
Laurent : Vous m'avez perdu, et je vous aime.
Elodie : Moi aussi, je vous aime.
Laurent : C'est comme si vous vouliez le découvrir.
Elodie : C'est comme si vous vouliez le découvrir.
Leurs yeux se rencontrent, ils sont fous de joie, et ils se regardent avec excitation, ils ne parviennent pas à s'empêcher de sourire.
Alain montait les escaliers, un bouquet de fleurs à la main. Celles-ci se répandirent sur le sol lorsqu'il découvrit Laurent et Elodie en train d'échanger des mots d'amour. Il les aperçut et, au lieu de s'écarter, il s'approcha, s'assit et se mit à les regarder. Ils ne se remarquèrent pas.
Laurent lui tendit une fleur et, avec l'autre, lui posa une bouche bienveillante.
– Alain, je ne comprends pas, lui dit Elodie. Je n'ai pas vu que tu es là.
– Je t'attendais.
Elodie lui sourit.
– On va voir si Gérard est encore là.
Alain l'attendit dans la cuisine. Il voulait l'entendre se plaindre et le rassurer.
– Ce n'est pas grave.
– Ce n'est pas grave?
Elodie lui tourna le dos et se mit à arpenter la cuisine, s'arrêtant pour défaire la terrine de porc et la manger en mangeant le cœur.
– Je ne vais pas me plaindre. Je ne le voulais pas, c'est plus fort que moi.
– Je ne comprends pas.
– Je n'ai pas le droit de savoir.
– Je sais.
– Quoi?
– Que tu ne le sauras pas.
Elodie ne répondit pas, elle était absorbée par sa nourriture. Alain la regarda manger.
Annotations