27 - Ceci n'est pas une partouse
Laurent regarda tour à tour Alain et Elodie. Lequel des deux devait-il choisir, vers qui son cœur balançait-il ?
Avant que le silence ne soit totalement retombé, leur rituel de la rencontre se déroula à nouveau comme d'habitude : « Allons-y! », dit Alain.
Laurent ouvrit sa portière.
« S'il te plaît, dis à Alain qu'il est fou de le prendre comme ça. C'est ma première rencontre depuis longtemps, et c'est fait exprès que je me débrouille comme ça.
– Parfaitement, je le prends comme ça.
– Ne te fais pas de souci, je ne te prendrai pas à la légère. »
Au lieu de donner la main à Laurent, Alain se jeta dans la voiture et passa la tête sous le siège. Il n'y avait pas de place pour se mettre à l'ombre.
Laurent profita de ce qu'Alain avait la tête enfoncée sous le siège pour embrasser furtivement Elodie. Décidément, il n'était pas sûr de préférer l'un ou l'autre.
– Je me suis occupé d'une tante que je connais, répondit-il d'une voix sourde. Elle vivait avec un amant, mais ils ont quitté la maison et elle est dans un hôpital.
– Quel dommage.
– Elle a peur de me voir.
– C'est pourquoi vous vous êtes réconcilié?
– Je crois bien.
– Vous avez raison. Ce n'est pas si simple.
Laurent leva les yeux vers elle.
– Je ne veux pas me battre avec vous.
– J'ai dit que ce n'était pas dans la peine de me battre avec vous.
Elle se mit à rire.
– Vous m'intriguez, à la limite du dément. Vous me faites penser à votre grand-mère.
Laurent éclata de rire.
– Elle me faisait penser à elle.
– Qu'est-ce que vous voulez dire?
– Je ne sais pas. Elle m'a dit quelque chose...
– Vous voulez dire que vous n'êtes pas sûr que vous...
– Non, non.
– Parce que vous...
– Non, non.
Alain, qui s'était aperçu que plonger sous le siège ne lui permettait pas d'échapper au soleil, se retourna vers Laurent et Élodie.
– Je crois que c'est pour toi.
– Et toi?
– Je ne crois pas que ça m'est arrivé.
– C'est le cas, ça t'est arrivé, dit Laurent. Je le sais.
– Parce que je sais que je n'ai pas cru que...
– Tu ne crois pas que tu as cru que j'ai tué Hélène, tu ne crois pas que tu as cru que j'étais coupable, mais tu crois que tu as cru que j'ai tué Hélène.
– Oui.
– Tu crois que tu as cru que j'étais coupable, mais je n'ai pas tué Hélène.
– Je ne crois pas que tu aies tué Hélène.
– Alors, qu'est-ce que tu crois, tu crois que j'ai tué Hélène?
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