« T'as le numéro de Chloé, demanda Alain à Opale, ou bien faut-il qu'on roule jusqu'à Auch ? »

Il était plutôt étonné qu'il n'y ait pas d'histoires de pèlerins à Auch, mais ce n'était pas là le sujet. « C'est à Bordeaux qu'elle habitait, dit-il. Elle travaille pour un fabricant de vêtements en latex. »

« En latex? »

Il s'était fait tout le trajet en pensant au dîner que leur préparation réclamait. Dans son cœur, il était à la fois déçu et un peu gêné de ne pas être venu directement chez eux, mais il ne pouvait pas vraiment refuser. « C'est une expression, expliqua-t-il. Pour parler d'un produit qui ressemble à une paire de chaussettes. »

Il n'y avait plus rien à dire.

« Je pensais qu'elle en était restée au cuir, dit Opale. Enfin bon, tout le monde change. »

Avec l'aide d'Opale, ils parvinrent à la maison. C'était un vieux bâtiment aux murs en pierres noires, à l'époque sombre, mais maintenant éclairé par des lampes qui faisaient des lumières. Ils entrèrent dans une salle à manger en bois. Opale prit un banc et s'assit.

« Tu ne manges pas de quelque chose?

– Non, je vais d'abord boire un verre d'eau. »

Tandis qu'il se tenait là, le nouveau venu, le boucher, s'approcha d'Opale, la prit dans ses bras et la caressa. Opale eut un mouvement de détresse, mais il l'embrassa et la détendit. Il lui demanda :

« Qu'est-ce qui te prend? Tu es à moitié morte. »

Elle se dégagea d'un coup de main, laissa échapper un cri, et s'éloigna.

« Voilà qui est un peu drôle, ne le vois-tu pas? Il se jette dans les bras de la première femme qu'il rencontre. Je ne sais pas si c'est la vie qui est drôle ou le malheur. »

Puis il se mit à pleurer. Il pleurait à chaudes larmes.