Pour le mariage, Alain avait décidé qu'il enfilerait son beau costume de velours, des bottes à talons hauts et des chaussures de marche. Il ne portait pas de gants, c'est un phénomène que je ne connaissais pas, mais l'esprit du temps était là, il n'y avait pas de péchés de fréquentation. Il avait fait le tour de l'appartement, l'air ravi. Il avait déjà passé la porte de l'entrée, et regardé autour de lui.

Laurent, Opale, Elodie et Lilas décidèrent de se rendre ensemble au mariage de Chloé et Alain. Tout le monde s'était étonné que Laurent accepte l'invitation étant donné qu'Alain l'avait quitté il y a très peu de temps. Et puis, dans les années qu'ils ont passé ensemble, Laurent a été très difficile à convaincre.

— On est tous ensemble! Ça, c'est certain, mais en plus, on va se retrouver à l'étranger et à la campagne.

Elle a un certain accent français qu'il n'a jamais entendu.

— Bon, il y a un truc que je ne veux pas, mais j'adore le Français, et je pense que ça pourrait être une bonne idée. Tu as pensé ça?

— Non.

— Alors, on ne va pas se marier?

— Non.

Laurent se contente de regarder l'horizon d'un air étonné.

— Alors, tu vas me donner ton opinion?

Il éclate de rire.

- Vous n'allez pas vous marier ? Vraiment ? demanda Laurent à Chloé et Alain.

– Non, répondit Chloé.

– Je ne sais pas, dit Alain, soudain très nerveux.

– Tu ne sais pas quoi? demanda le père.

– Pourquoi tu ne sais pas?

– Tu as peut-être un amant?

– Non.

– Qui est-ce qui t'a parlé de la mariée?

– Je ne sais pas.

– Mais tu devrais le savoir!

– Je ne le sais pas.

– Pourquoi tu ne sais pas?

– Je ne le sais pas.

– Chloé, tu vas me tuer.

– Oui.

– Alain, tu vas me tuer.

– Non.

– Chloé, tu vas me tuer.

– Non.

– Alain, tu vas me tuer.

– Non.

– Chloé, tu vas me tuer.

Laurent, certain que tout le monde se liguerait contre lui pour le tuer, s'approcha d'Alain et déposa un furtif baiser sur ses lèvres, sous les yeux du père effaré et d'une Chloé... indifférente. Le père et la fille prêtèrent l'oreille, mais leurs sentiments n'étaient pas encore tranchés, leurs démons n'avaient pas encore abattu leur amour.

– Il n'y a pas de danger, il faut que je te parle.

L'amant se précipita dans la cuisine, fit les cent pas dans l'espace réduit et se débarrassa de ses vêtements, montrant des parts égales d'érection et de désir, et, comme il y en a de plus viriles que de tous les êtres vivants, c'est un petit quelque chose qu'il avait là que cela faisait sauter le cordon sanguin.

- Tu m'as abandonné, dit Laurent à Alain. Est-ce que tu m'aimes au moins ?

– Je te demande pardon.

– Tu m'as abandonné, tu m'as abandonné.

– Oui.

– Où est sa chambre?

– Chez la voisine de sa sœur.

– Je veux la voir.

– Elle est très malade.

– Où est le lit?

– Il est à côté de la chambre.

– Et son lit?

– Aussi.

– Alors, il est tout près.

– Je te demande pardon.

– J'irai la voir.

– Elle est malade.

– Je te demande pardon.

– J'irai la voir.

– C'est délicat.

– C'est à toi de le dire.

– Non, c'est à toi.

– Non, c'est à toi.

– Non, c'est à toi.

Opale débarqua dans la cuisine. Elle laissa tomber sa boîte de nuggets en entendant l'échange de Laurent et Alain.

-Qui est malade ? dit-elle.

-L'agent Eric, dit Alain.

-Il a la grippe?

-Non, il a la rage.

-C'est pas la même chose.

-Pourquoi?

-Parce que la rage, c'est pas la même chose que la grippe.

-C'est le pire des virus, dit Opale.

-C'est un virus?

-C'est un virus qui va te tuer.

-Mais ça veut rien dire.

-La rage, c'est quand ton corps te dit d'arrêter, tu continue.

-Quand ton corps te dit d'arrêter, tu arrêtes.

-C'est pas la même chose, dit Alain.

-Quand ton corps te dit d'arrêter, tu arrêtes.

-C'est pas la même chose.

-Quand ton corps te dit d'arrêter, tu arrêtes.