35 - Pas la rage

2 minutes de lecture

- Et si ce n'était pas la rage ? hasarda le fils du pasteur. (Le mariage annulé, il cherchait manifestement quelque autre animation) Et si nous allions voir Eric ? insista-t-il. Peut-être qu'il sait quelque chose sur les forces du mal... D'ailleurs, si nous le rencontrions, il nous donnerait son conseil.

— Je vous en prie, que nous n'en parlions pas, monsieur le curé, que nous n'en parlions pas, monsieur le curé! protesta-t-elle avec emphase. Je me ferai bien couper les cheveux et me faire la barbe à la bouilloire.

C'est à ce moment-là qu'Eric, passant à la même extrémité de la pelouse, arriva en courant et, en se retournant, tourna ses yeux vers le ciel.

— Oh! les gars, il faut qu'on fasse quelque chose, qu'on fasse quelque chose! s'écria-t-il.

— Quelque chose?

— C'est ça que je ne sais pas, mais quelque chose, c'est certain, c'est sûr.

Ce fut alors que le fils du pasteur prit la parole.

— Je vous présente mon frère, monsieur le curé, et le frère du curé, monsieur le maire. (Le maire, qui s'était arrêté à sa porte, s'en allait à grands pas) Nous ne vous demandons pas de leur accorder tous deux la faveur de votre aide, mais seulement de vous tenir informé de tout ce qui se passe.

Laurent saisit Eric par les épaules. La bouche d'Eric bavait un peu à cause de la rage, mais il avait l'air aimable et de beaux cheveux bouclés. « Monsieur Eric-le-frère-du-curé-frère-du-maire, dit Laurent, savez-vous quelque chose sur les forces du mal qui m'engraissent ? »

« Si, si. »

Laurent regarda le pont. « Je vais vous le dire. Il y a un mal à la fois unique et sans nom qui vit au cœur du monde. On l'appelle le Mal. Il n'est pas un mal comme un autre, il est le seul mal. Il fait le bien à la suite du mal, il vous l'a tout l'été, il vous l'a toute la vie. »

« Eh bien, dit le curé, je n'en doute pas. »

Laurent eut un sourire nouveau. « Quel est l'homme qui le déteste le plus? »

Le curé regarda Laurent en souriant. « Vous?

– Je parle du Mal.

– Je ne sais pas. »

Laurent avait l'air très sérieux. Il prit des notes dans son petit carnet et reprit : « Les hommes qui s'en méfient, c'est l'homme qui a perdu son âme. »

Le curé se retourna vers l'autre bateau et hocha la tête. « Quand je pense qu'on a perdu ses âmes. »

Laurent le regarda, l'air très étonné. « Mais c'est pour ça que vous êtes curé? »

Annotations

Vous aimez lire Opale Encaust ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0