46 - De nouveaux costumes...

3 minutes de lecture

- Je vais vous faire une surprise ! s'écria Alain qui laissa un instant Laurent et Elodie seuls dans la salle de bain.

Il revint quelques minutes plus tard, vêtu d'un superbe costume de danseuse de revue, qu'il avait tout d'un coup découvert dans son armoire.

Et il ajouta qu'il venait d'acheter un nouveau costume à la fleuriste.

Je ne peux pas imaginer que vous ne soyez pas impressionné par ce coup de coeur, vous ne pensez pas?

Pourquoi ne vous trouvez-vous pas, comme moi, merveilleux de cette jolie surprise?

Laurent et Elodie se regardaient.

- Il a l'air de se moquer de moi, c'est quoi ça?

- Eh bien, tu lui as donné le cœur de ta fille...

- Oui, mais tu sais ce qu'il m'a dit, il a l'air de me prendre pour un imbécile.

- Il n'a pas l'air de se prendre pour un imbécile, il a l'air d'un vrai ami.

- Et moi, je suis un imbécile!

- Tu as tort!

- Si tu as une fille, tu sais ce qu'il faut faire!

- Si, mais je sais pas si je peux la garder.

- Si tu ne peux pas la garder, tu ne peux pas la garder.

- Si tu veux que je te parle de ma fille, tu devrais parler de la tienne, non?

Alain tendit à Laurent le paquet de chez le fleuriste.

« Mon bien-aimé, lui dit-il, si tu veux bien m'épouser, alors accepte d'enfiler ce costume... »

Laurent ouvrit le paquet : c'était un excentrique costume de ménage.

« Pourquoi le mois d'août? »

« Parce que j'ai toujours fait les beaux jours en été... »

« Qu'est-ce que c'est que ça? »

« C'est mon costume de mariée. »

« Quoi? Tu ne viens pas de me faire marcher sur la plage? »

« Non, c'est un costume. »

« Et tu veux bien m'enlever avec ce costume? »

« Oui, c'est tout à fait convenu. »

Alain se méfiait de la moustache de Laurent.

« Où est-ce que tu as acheté ça? »

« À la boutique de l'orfèvre. »

« J'y ai vu la lueur de la lune. »

« Oui, j'y ai acheté le costume et la lueur de la lune, mais je ne t'en ai pas dit. »

« Qu'est-ce qui t'est arrivé? »

« Je ne sais pas. Je ne t'ai jamais dit non plus. »

« Et le costume, c'est tout ce que tu as acheté en cinq minutes? »

« Oui, c'est le costume de mariée. »

« Qu'est-ce que tu veux dire, tout de suite? »

« Je veux dire que je veux bien m'enlever avec ça. »

Alain s'étonnait de ce comportement de Laurent.

« C'est de ta faute. »


Le costume de ménage ressemblait à une petite grange. On y voyait des bouteilles de vin, des verres, du lait, des couteaux, des bougies. Et on y voyait aussi, avec de la poussière, du linge, de la pluie, de la fumée, de la fiente, de la pisse et de la salive. Un verre de vin n’était pas vraiment un verre de vin. Il n’y avait pas d’eau dans les bouteilles de vin, pas de vin dans les bouteilles de vin, ni de lait, ni de couteaux, ni de bougies. Ce qui restait était un mélange de poussière, de pluie, de fumée, de linge, de fiente, de pisse et de salive.

Pendant qu’on s’occupait à laver, mais non pas à laver la salle de bains, le petit homme passait la journée à sortir la salive de sa bouche en glissant ses lèvres sous celles des autres. Les autres, en fait, n’avaient aucun moyen de s’en détourner. Dans la salle de bains, il ne restait que les douches, les bains de rinçage, les lavabo, les bains d’étuves, les douches.

Annotations

Vous aimez lire Opale Encaust ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0