51 - Toujours plus d'amour
Opale et Nénette, heureuses de se retrouver toutes les deux, s'entretenaient à propos de la courageuse entreprise d'Opale.
- Es-tu prête à revoir tes parents ? Prête à t'excuser de les avoir abandonnés parce qu'ils sont fermiers ?
- Je ne veux pas leur parler. J'ai peur qu'ils me disent qu'ils n'auraient pas dû m'épouser.
- Je leur dirai que tu es une fille courageuse.
- Je ne sais plus si je me suis assez préparée... avoua Opale à Nénette. Des émotions contradictoires me submergent, des volontés antinomiques... mais j'y tiens. Il faut que je le fasse... pour moi... et pour la société.
–... Mais quand même, ce serait une catastrophe... Ce n'est pas aujourd'hui qu'on avait besoin de cette fierté. C'est à l'hôpital.
– Oh non, mais là, je ne voulais pas, je ne voulais pas... Enfin, c'est peut-être moi qui avais le droit de ne pas l'entendre...
– Je ne sais pas, moi, je ne sais pas... mais tu as quand même l'air nerveux...
– Non, non, c'est normal, on me prend pour une brute...
– Mais tu t'en rends compte, t'as eu du courage...
– Oh oui... je ne sais pas, je ne sais pas...
– Il faut qu'on pense à lui...
– Oui...
– Tu as raison Nénette, dit Opale. On doit d'abord penser à lui. À notre trou chéri. Quelle tristesse ce serait, grandir sans grand-parents... Même s'ils sont fermiers. Après tout, ce n'est pas leur faute. Leurs fils ne viennent plus ici depuis qu'ils ont déménagé.
– Ça nous ferait plaisir, rien qu'à en parler à ceux qui sont encore là.
– Pas de quoi rassurer le docteur, dit Opale.
– Le docteur?
– Il s'est plaint à propos. Il s'est plaint. Il n'est pas dans sa tête, la faute à vous. Il est malheureux. Il s'inquiète pour ses clients.
– C'est sûr qu'il s'inquiète. Il n'est pas sourd, monsieur.
– Qu'est-ce qu'il vous a dit, la tante d'Opale?
– Il a dit qu'il n'y avait pas d'amour comme ça. Qu'on n'en trouve pas, pourtant. C'est un amour mérité.
– Vous n'avez pas de tante d'Opale.
– C'est une ruse pour que je vous raconte des choses, je vous l'ai dit. Vous m'avez donné des droits de filiation.
– C'est vrai, je vous l'ai dit.
– C'est bien.
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