53 - Le père
Dans le même temps, Opale, elle, arpentait l'immense champ de pommes de terre qui jouxtait la maison, à la recherche de son paternel. Elle avait trouvé le parcours de la troupe de cirque de son père, mais le vieil homme n'était plus là.
L'animal avait bien compris qu'il s'agissait de son père.
Opale était en train de faire deux pas en avant pour se débarrasser de l'animal qui ne cessait de la tourmenter et de se faufiler entre les bras de l'homme.
« Bien sûr qu'il est là. »
Au lieu de s'en aller, l'animal se tenait à quelques pas de la maison, son visage découvert, fixant Opale d'un air étrange.
« Oui, il est là, mais il n'est plus en état de comprendre. »
L'animal avait quelque chose d'introuvable qui le taraudait depuis quelque temps.
« Il ne peut pas se remettre en état de récupérer. Je vais le voir et me débrouiller avec lui. »
Opale se dirigea vers la maison et remonta les escaliers à la recherche de son père.
Le vieil homme était couché sur le lit, un livre sur les genoux. Il avait les yeux brouillés, son regard était vieilli, et il avait perdu quelques dents.
- Tu t'es cassé les dents sur mon absence, Papa ? demanda Opale pour détendre l'atmosphère.
– Non.
– Ce n'est pas grave.
– Ce n'est pas grave?
– Non.
– Pourquoi tu m'as vue si peu?
– Parce que j'étais sur mes gardes.
– Tu t'es bien gardée, non?
– Oui.
– J'ai vraiment pas voulu te quitter.
– Je t'aurais prévenu.
– Je sais.
– J'ai eu la chance de te voir.
– Je sais.
– Comment s'est passée ta visite à l'école?
– Ça ne te regarde pas.
– C'est pas la peine de faire ça.
– Tu ne veux pas que je te fasse de la peine, Papa?
– Ça me regarde pas.
– Ça m'intéresse.
– Il y a pas de quoi.
– Ce n'est pas ça.
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