L'entendez-vous ? Ce sont les cris et les pleurs qu'émettent la Terre et ses habitants. Le voyez-vous ? Ce sont les terres sèches et arides qui étaient autrefois des parterres parsemés de fleurs. Le sentez-vous ? Ce sont les sols chauds, brûlants, délogeant les eaux de leur lit et mettant à nu les forêts densément peuplées par des créatures magistrales et des peuples, dont nous nous moquons.

Femmes, hommes, la Mort nous attend et nous ouvre grand ses bras. Elle nous sourit, tenant sa faux affûtée, prête à recueillir notre âme et à enlever les corps découverts qui jonchent le sol, craquelé et morcelé, afin de les mettre sur son charriot qui est, pour le moment, vide. Son travail sera abondant mais nous, misérable espèce, l'aidons chaque jour. Oui ! Nous, hypocrites voulant sauver notre maison commune d'une catastrophe inévitable, sommes en marche pour la détruire une bonne fois pour toute. Nous, êtres irresponsables et immoraux, sommes des tueurs en série prêts à sacrifier les beautés que la Nature nous a offert pour des vains et pitoyables objets fabriqués par nos mains malpropres ! Ah ! Pardonne-nous, Nature. Nous ne connaissons pas le bien.
Des milliers d'espèces disparues à jamais, une pollution rendant grise et froide notre planète bleue et verte, une chaleur épouvantable nous suffoquant, nous pèsant et nous accablant, des plastiques ainsi que des objets métalliques étouffent nos animaux marins les tuant... Tout cela par notre faute ! Des milliers de gens se révoltant dans les rues pour sauver notre habitat, une adolescente se battant comme une lionne ne peuvent rien contre l'appel mortifère de l'argent. Nous mourrons tous égaux, femmes, hommes, enfants, vieillards, nourrissons ! Peut-être que, là-dessous, nous serons bien mieux...
Nous sommes des traîtres et des hypocrites ! Honte à nous ! Nous ne savons qu'observer pour nous plaindre et nous énerver sur les réseaux sociaux, oubliant la véritable vie et ses difficultés. Que la Terre et la Nature nous fassent comprendre que nous sommes des parasites les rendant malades. Que nous mourrons tous ! Tout se portera pour le mieux sans nous !

Je pleure, Terre, je pleure car ils ne t'écoutent pas ! Ta beauté se dissipe peu à peu pendant que les hommes, eux, tentent de se rendre beaux en puisant dans tes ressources temporaires. Terre, punis-nous ! La Mort a été appelée; la Vie a été condamnée ! Terre, pardonne notre aveuglement constant face à l'argent et à la corruption de notre âme ! Terre, j'entends ! J'entends tes cris venant des profondeurs, craquelant la terre, grondant dans l'air.

Le temps est compté. Le glas, sourd à nos oreilles, retentira plus fort. Femmes, hommes, nous sommes égaux face au cataclysme et face à la mort. Alors, réveillez-vous car nous vivons là un cauchemar mortel !