36. Le temps s'accélère
Arthur
Ces derniers jours ont juste été complètement fous. Depuis l’annonce du départ de Julia, nous avons tout fait pour passer le maximum de temps ensemble. C’est comme si nous essayions de recharger nos batteries afin qu’elles soient pleines et nous permettent de tenir les six prochains mois sans se voir. Enfin, ça ne devrait pas être six mois, j’ai déjà prévu de prendre une petite pause dans mon travail et d’utiliser les jours de congés que j’ai pour retourner la voir aussi rapidement que possible. Mais c’est compliqué à organiser et ça ne sera pas pour demain. En attendant, ce matin, les troupes pour la nouvelle mission sont arrivées et c’est un peu l’anarchie dans le camp. Trop de militaires, trop de mouvements dans tous les sens et bien entendu, pas assez de temps pour voir Julia qui cherche à organiser l’arrivée de certains et le départ des autres.
Elle est avec Snow en ce moment et j’avoue que j’en suis un peu jaloux. Pour organiser la transition, elle a passé beaucoup de temps avec lui, ce qui est normal, mais j’ai vu tous ces instants comme des moments volés à notre relation. Je sais, des fois, je suis excessif, mais je ne peux pas m’en empêcher. C’est vraiment stupide car Snow fait tout pour libérer Julia en plus. Vraiment un mec en or, ce type, et je suis heureux que ce soit lui qui reprenne le camp. Au moins, je sais que ça va aller et que je ne vais pas devoir m’opposer à un nouveau stupide militaire sans jugeotte.
Je ne suis pas inactif de mon côté non plus. Avec Lila, on fait le tour des réfugiés pour organiser la soirée de fête qu’ils ont souhaité mettre en place en l’honneur de Julia et des militaires qui partent demain. Nous nous assurons que tout le monde va venir ou au moins passer, et nous faisons le tour des préparations. Avec tout ce qu’il va y avoir à manger, on pourra nourrir bien plus que les deux régiments présents au camp, c’est sûr ! Un petit groupe est en train d’installer une grande tente pour que la fête puisse s’y dérouler et que les gens puissent danser. Les Silvaniens ont tous répondu présents à l’appel et ils savent faire la fête, ça promet pour ce soir. J’espère que cette soirée va donner de merveilleux souvenirs à Julia.
La voilà d’ailleurs qui arrive et, sans se soucier du regard des autres qui, je pense, ont tous compris que nous étions en couple, vient se glisser dans mes bras pour m’embrasser avant de jeter un œil sur l’installation de la tente.
- Ça va ? Tu es prête ? Tout est organisé et géré ?
- Je crois oui… Enfin, Mathias est prêt, moi je ne suis pas sûre, rit-elle nerveusement. C’est vraiment pas nécessaire, tout ça… C’est adorable hein, mais je n’ai fait que mon travail.
- Tu sais, c’est autant pour toi que pour eux. Avec les discours sur la paix, les élections et l’idée que la guerre est peut-être bientôt finie, ils ont envie de s’amuser et de profiter de la vie. Et puis, c’est aussi pour remercier tous tes hommes qui repartent avec toi. Ça va être bizarre le camp sans vous.
- Crois-moi, vu les nouveaux arrivants, vous n’allez pas vous ennuyer. L’équipe du Sergent Roussel est sympathique. Par contre, je te déconseille de draguer Nathalie, Snow sera mes yeux et mes oreilles, j’ai le bras long, rit Julia.
- Tu sais bien que je ne vais pas être en état de draguer qui que ce soit, je vais être une loque ces prochains jours sans toi. C’est horrible de me dire que demain tu repars…
Je la serre fort dans mes bras et j’essaie d’arrêter de penser à cette échéance qui se rapproche à une allure folle. Pourquoi est-ce toujours dans ces moments-là que le tout s’accélère ?
- Justement, ne va pas te consoler dans les bras d’une autre militaire, Beau Bûcheron. Tu ne m’as encore jamais vue vraiment en colère.
- Si je te mets en colère, tu vas débarquer tout de suite pour me réprimander ? demandé-je avec un sourire. Ou tu préfères que je te fasse tellement tourner la tête que tu ne résistes pas à la tentation de monter dans le premier avion pour revenir ?
- Mathias t’aura tué avant que j’aie le temps de débarquer pour te coller une fessée. Donc je penche pour la deuxième option, ça me paraît prometteur, rit-elle.
- Tu as encore des choses à faire ou tu peux rester un peu avec moi, jolie Cendrillon qui va bientôt disparaître ?
- Je laisse Snow gérer, mais il flippe un peu alors je ne vais pas rester longtemps.
- Assez pour s’éclipser dans notre tente ? demandé-je en posant mes mains sur ses fesses afin de l’attirer contre moi.
- Tu me proposes un petit coup vite fait ? Quel romantisme ! C’est très tentant, mais j’ai déjà dû négocier avec Mat’ pour aller prendre l’air. Il va me tuer s’il sait que je t’ai dit ça, mais il panique carrément à l’idée de devoir tout gérer, le pauvre. Je suis sûre qu’il va m’appeler une fois que je serai rentrée pour que je l’aide à distance, alors qu’il est clairement capable de gérer.
- Moi, romantique ? Mais où as-tu vu ça ? J’ai juste besoin de toi, tout le temps, ce n’est pas pareil ! Bon, je te laisse retourner le voir alors, je vais finir de m’occuper des préparatifs, ça m’aidera à ne pas trop penser à notre séparation.
- Tu as raison, aucun romantisme là-dedans. A plus tard alors, rit-elle avant de murmurer à mon oreille. Je t’aime, monsieur le romantique qui s’ignore.
- Moi aussi je t’aime, Amour de ma vie.
Je la regarde s’éloigner et me demande comment je vais pouvoir envisager la vie dans le camp sans elle à mes côtés. Il y a des rencontres comme ça qui changent une vie, et j’ai l’impression que Julia en fait partie.
- Loin des yeux, loin du cœur, Tutur. Attends de voir comment ça va se passer quand elle sera rentrée chez elle et qu’elle aura du temps pour tous les mecs qui vont lui tourner autour. T’emballe pas trop vite ou tu risques de le regretter.
C’est clair que je m’emballe. Encore plus avec cette séparation qui arrive. Mais je n’arrive pas à maîtriser mon cerveau, mes pensées, mon besoin et mon envie d’elle. Je suis en train de devenir fou. Alors que je donne un coup de main pour ramener des chaises dans la grande tente pour la fête, je sens qu’on me tire sur la chemise.
- Oh Lila ! Tu devrais faire attention, il y a beaucoup d’agitation ici. Ne va pas te blesser !
- Tu crois que j’irai un jour en France, moi aussi, Arthur ? Tu vas pas partir aussi et me laisser là ?
- Oh Lila, dis-je en me baissant et en la prenant dans mes bras. Pour l’instant, je ne pars pas. Je reste ici, avec toi et les autres. Mais un jour, oui, je vais rentrer en France, c’est là-bas que je vis. Et quand ce sera ce moment-là, on verra ce qu’on fait avec toi. Je n’ai aucune envie de t’abandonner, en tous cas.
- Moi je veux rester avec toi et Julia, me dit-elle en faisant la moue.
- Écoute, je te propose alors d’aller dans les affaires de Julia et tu lui voles son passeport, comme ça, elle restera avec nous jusqu’à ce qu’on la libère ! Tu crois que ça marcherait ?
- C’est pas bien de voler, Arthur, rit-elle. Julia elle va être en colère si on fait ça !
- Bon, alors, on ne vole pas, je reste ici avec toi et on réfléchit à comment on fait pour qu’on soit tous bientôt réunis ? Ça te va ?
- D’accord… Mais elle va partir quand même, et toi tu seras triste, et moi aussi. Et puis, j’ai pas envie d’aller dormir avec Snow, moi, même s’il est gentil ! C’est mieux avec Julia.
- Oui, c’est mieux avec Julia, je confirme ! ris-je en me redressant pour récupérer les chaises et continuer à installer la salle.
Lorsque tout est prêt, je vois un jeune réfugié d’une quinzaine d’années s’installer derrière les enceintes et il lance la musique à fond pour faire venir tout le monde. Il a choisi une chanson d’Edith Piaf pour lancer la soirée, en hommage aux troupes françaises. Je soupire. Les Silvaniens ont une vue de la chanson française assez figée dans le temps, mais bon, j’espère qu’il va vite passer à des chansons plus récentes, sinon, ça promet pour la soirée.
Je fais un bref passage dans ma tente afin de me changer et me préparer. Je découvre avec joie que Julia est aussi présente et qu’elle a eu la même idée que moi. Elle est en sous-vêtements devant ses deux valises déjà bouclées et réfléchit à ce qu’elle va porter.
- J’espère que pour ce soir, tu vas abandonner le treillis, ma chérie, lui sussuré-je en me collant dans son dos.
- Mes possibilités sont limitées, tu sais ! Aucune envie de remettre la robe du Palais, et puis, il fait encore froid… Lorena m’a prêté un pantalon, c’est déjà ça. Pour le reste, je vais devoir y aller en soutif si tu ne veux pas que je porte de treillis.
- Ah non, cette vue, c’est juste pour moi. Va pour le treillis si tu n’as que ça.
- Tu me prêtes une de tes chemises ? Si tu veux que j’abandonne le camouflage, il va falloir y mettre du tien.
- Bien Madame, je vais voir ce que je peux faire.
Je ne bouge cependant pas et commence à l’embrasser dans le cou alors que mes mains se promènent sur la peau nue de ses hanches. Elle pousse un petit gémissement de surprise mais ne me repousse pas et je continue à lui picorer le cou alors qu’elle se frotte contre moi. Ma main empaume ses seins et je sens sa main qui vient me caresser à travers mon pantalon. Mon corps répond au sien et j’adore la sentir onduler comme ça sous mes doigts.
- Toc, toc ! Vous êtes prêts ? La fête a commencé et on n’attend plus que vous !
Snow. Encore lui qui vient me rappeler à la réalité. Encore lui qui va m’enlever Julia. Et le pire, c’est qu’il fait ça avec toute la bonne humeur et la gentillesse qui lui sont propres !
- On arrive, Mathias. Julia est en train de regarder quelle chemise elle va m’emprunter pour la soirée.
- C’est ça, ricane-t-il. Un peu de sérieux les tourtereaux, vous aurez toute la nuit pour faire des bêtises !
- Oui, si tu ne viens pas contrôler toutes les cinq minutes que nous allons bien ! Allez, on arrive ! A tout de suite !
- Promis, une fois la soirée finie, je vous laisse tranquille sauf si nous sommes menacés par une bombe nucléaire, rit-il en s’éloignant.
Je regarde Julia et lui souris alors qu’elle est restée dans mes bras, sans rien dire mais sans cesser ses ondulations contre moi.
- Il va falloir patienter, jolie sirène. Votre chant est toujours aussi envoûtant, mais le capitaine du navire nous attend.
- Le capitaine du navire nous gonfle, soupire-t-elle. Tu es sûr de vouloir lui obéir ?
- Oui, chérie, mais pas avant d’avoir pu calmer certaines envies, rétorqué-je en la poussant sur le lit.
J’ai trop envie d’elle, trop besoin de me sentir en elle. Et vu l’allure à laquelle elle se débarrasse de sa culotte, je pense qu’elle est dans le même état que moi. Elle s’agenouille avec un sourire mutin puis vient frotter ses fesses sur mon érection alors que je la saisis par les hanches. Je m’enfonce en elle, redécouvrant une nouvelle fois l’intense sensation que me procure toute étreinte avec elle. Je me penche sur son dos et attrape ses seins dans mes grandes mains pour qu’elle se cambre contre moi. Notre étreinte est courte mais intense. Ses mouvements répondent aux miens dans une communion que seules deux personnes amoureuses peuvent partager. Notre jouissance arrive rapidement et j’adore les gémissements qu’elle pousse en les étouffant dans l’oreiller alors que je la remplis de ma semence. C’est tellement fort qu’il nous faut quelques instants pour reprendre nos esprits.
- La soirée commence bien, non ?
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