59. Au revoir, Joker !

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Julia

Installée en tailleur sur mon lit, j’observe Arthur boucler sa valise avec un sentiment particulier. Évidemment, je suis triste de le voir déjà partir, mais je sais que nous avons profité au maximum de cette semaine tous les deux. Difficile de faire plus. Nous avons littéralement passé la semaine ensemble, hormis lorsqu’il est allé voir sa sœur pour organiser son départ, ainsi que l’après-midi où il est allé au siège de Food Crisis pour voir le Marc que j’ai eu au téléphone la fois où il m’a demandé d’appeler l’ONG, et organiser un nouveau ravitaillement. Même hier, pour mon anniversaire, célébré en tête à tête et de la meilleure des manières. Sept jours ensemble, sans soldats, sans réfugiés, sans décisions à prendre pour les autres. Juste Arthur et Julia, petit couple fusionnel dont les voisins vont se souvenir, vu le nombre de fois où nous avons vécu la petite mort.

Je souris en voyant Joker se coucher sur la valise encore ouverte de mon Bûcheron, et l’attrape pour l’installer sur moi. Il s’y est fait, au nouvel homme de la maison. Je crois qu’il l’apprécie autant que moi, au final. Il faut dire qu’Arthur a su l’amadouer à coups de caresses. Comme sa maîtresse ?

- Tu devrais peut-être t’habiller, non ? A moins que tu ne veuilles plus venir nous accompagner à l’aéroport.

Je soupire et m’enfonce dans les oreillers. Je déteste les “au revoir” et une partie de moi préférerait rester ici et ne pas le voir embarquer au loin, pour je ne sais combien de temps, dans je ne sais quel contexte.

- Tu as raison, mais si on est suffisamment en retard, tu vas rater ton avion et rester ici encore un peu, souris-je en me levant malgré tout.

- Bien vu, mais je t’ai connue plus ingénieuse en mission.

- Tu préférerais que je t’attache et te garde ici de force ?

- Non, si tu continues à te trémousser des fesses comme tu le fais là, ça peut suffir, me dit-il en venant se lover derrière moi.

- J’en prends note, ris-je en ondulant contre lui au rythme de la musique qui joue doucement dans le salon.

Il pose ses mains sur mes hanches alors que sa barbe caresse mon cou avant que je ne sente ses lèvres se déposer doucement sur ma peau nue. Il danse sensuellement avec moi, son érection se faisant plus pressante contre mes fesses. Cet homme est vraiment infatigable, c’est fou.

- Tu vois que tu sais être ingénieuse quand tu le veux ?

- J’essaie. Ce n’est pas avec ma cuisine que je vais te garder ici et j’ai bien compris que tu n’en avais qu’après mon corps, le taquiné-je en me retournant dans ses bras pour nouer les miens autour de son cou. Tu vas me manquer, Beau Bûcheron.

Ses mains s’emparent immédiatement de mes fesses qu’il serre fort pour m’attirer tout contre lui alors que sa bouche vient rejoindre la mienne dans une étreinte qui se fait à nouveau passionnée. Il s’interrompt cependant rapidement.

- Toi aussi tu vas me manquer, Belle Sirène. Nos folies, nos moments de complicité, comment on fait pour s’en passer ?

- On ne s’en passe pas. Je t’interdis de trouver un quelconque moyen de les remplacer, d’ailleurs. Tu déprimes en Silvanie et tu ne retrouves le sourire qu’une fois de retour là, ris-je en déposant mes lèvres dans son cou.

- Je te promets que je vais faire tout ce que je peux pour revenir le plus vite possible. Je t’aime si fort Julia que rien ni personne ne pourra jamais te remplacer.

- Fais ce que tu aimes, Arthur. Si tu veux rester encore plusieurs mois, je comprendrai, je t’assure. Je t’ai vu, là-bas, tu adores ça. Qui suis-je pour exiger que tu rentres ? Tu me manques, mais je veux que tu ailles au bout, enfin, que tu fasses ce qui te plaît. Peut-être pas dix ans, mais le temps qu’il te faudra.

- Ce que j’aime, c’est être avec toi, Julia. Rien ne peut surpasser ça, tu le sais. Je ne vais pas abandonner ma mission, mais je vais passer le relais. Pour nous, c’est ce qu’il y a de mieux. Et ce n’est pas que mon corps excité qui parle, je te promets, rajoute-t-il en baissant son pantalon afin de libérer son sexe bien tendu que je m’empresse de saisir entre mes doigts.

- Tu pervertis ce moment tendre, Zrinkak, je te félicite pas !

Je l’embrasse tout en le faisant reculer jusqu’au lit, où il se laisse tomber en m’entraînant avec lui. Les mains d’Arthur se font tendre et caressantes alors que la mienne s’active délicatement sur sa hampe dressée pour moi, encore une fois. Nous n’aurons jamais mieux porté nos surnoms, de vrais lapins cette semaine, mais je doute que ces petites bêtes apprécient autant que moi ces moments.

C’est doux et tendre, mais empressé malgré tout. Le temps nous est compté et, alors que mon cerveau se dit vraiment que si nous y passons un moment, l’avion partira sans lui, Arthur m’attrape par les hanches et me renverse sur le lit, se retrouvant au-dessus de moi. Il remonte mes cuisses sur ses hanches et vient poser ses lèvres sur mes tétons, l’un après l’autre, les stimulant délicieusement alors qu’ils sont déjà dressés pour lui. Il me pénètre lentement lorsque nos yeux se retrouvent et c’est un bonheur sans nom de le sentir à nouveau me combler. J’encadre son visage de mes mains et l’embrasse tendrement.

- Je t’aime, murmuré-je contre ses lèvres, envahie par les émotions.

- Oh moi aussi, je t’aime, ma Julia. Plus que tout au monde.

Les mouvements qu’il impulse alors sont lents mais délicieusement profonds, et c’est tout mon corps qui réagit à ses coups de reins. Je me perds dans ses yeux et dans notre étreinte, savourant chaque caresse, chaque frottement de nos peaux l’une contre l’autre. Ses grands yeux bleus témoignent de son impatience, de son excitation mais aussi et surtout de tout l’amour qu’il a pour moi. A cet instant, je ne peux plus douter, je ne peux qu’apprécier et profiter de cette jouissance qu’il est en train de m’apporter. Il est à la fois doux et bestial, tendre et viril. Ce barbu qui est en train de me faire l’amour, c’est le partenaire idéal et je me laisse totalement aller dans ses bras, je me laisse emporter par mon désir et le plaisir de m’unir à lui une dernière fois avant son départ.

Je ne suis pas loin de la délivrance lorsque Arthur glisse sa main entre nous pour venir caresser mon clitoris, et c’est alors que je le sens se déverser en moi dans un râle des plus excitant que la jouissance me fauche à mon tour, puissante et dévastatrice. Tout mon corps de crispe contre lui, mon antre pulse autour de sa virilité, mes mains fermement campées sur ce fessier tentateur. Nous sommes haletants lorsque nos lèvres se retrouvent, souriants lorsqu’elles se lâchent, et délicieusement tendres lorsqu’il s’allonge près de moi en m’attirant contre lui. Foutu Bûcheron, moi qui suis maladivement indépendante, tu m’as prise dans tes filets et rendue totalement accro à toi. Je suis dans la merde, et le pire c’est que j’adore ça.

Nous papouillons un moment en silence, les mots n’étant pas nécessaires pour exprimer les sentiments après cette intense étreinte, puis nous nous levons pour nous habiller.

- Il te reste un peu de place dans ta valise ? J’ai acheté du chocolat pour Lila et une bouteille pour Mat’... Tu crois que tu peux les emmener ?

- Non, j’ai un peu de place, mais c’est pour t’y mettre toi, mon Amour. Tu penses que tu peux faire un petit effort et y rentrer ?

- J’ai fait du twirling bâton, Arthur, pas de la contorsion, ris-je en déposant les petits présents sur le lit. Même avec la plus grande volonté du monde, je ne rentrerais pas là-dedans.

- Dommage, car c’est le cadeau qui aurait fait le plus plaisir à Mathias et Lila, c’est sûr ! me répond-il en fermant sa valise.

- Comment il s’en sort, Mat’ ? Il ne m’a pas appelé de la semaine alors qu’il le fait beaucoup trop d’habitude. C’est fou comme il manque de confiance en lui à ce poste, il a pourtant toujours la solution.

- Franchement, il gère. Mais ce n’est pas surprenant, il a été bien formé. Et là, il va être content. Marc m’a dit quand je l’ai vu qu’il avait accepté que Justine reparte en mission en Silvanie. Ils vont pouvoir se retrouver tous les deux.

- Les chanceux, soupiré-je, injustement jalouse. C’est bien, ça ne va pas lui faire de mal, à condition qu’il n’oublie pas qu’il gère un camp, sinon ça risque d’être l’anarchie.

- Il est consciencieux et je serai là pour le surveiller. Tu sais comme je peux être chiant, non ?

- Oui j’en ai souvenir, ris-je en enfilant ma veste. Il faut vraiment qu’on y aille, Beau Bûcheron emmerdeur, sinon tu vas rater ton avion. Non pas que ça me dérange, mais je suis sûre que Lila t’attend avec impatience.

- En route, au revoir Joker. Promis, je reviens vite !

- Fais attention, tu as intérêt à tenir ta promesse, on ne trahit pas un chat !

Nous gagnons l’aéroport dans ma petite voiture et y retrouvons Sylvia et sa famille. Eric tire une tronche pas possible qu’il peine à masquer, et gère difficilement les pleurs de ses enfants. Je vois Sylvia hésiter à partir, finalement, et ne peux m’empêcher d’intervenir pour donner un coup de main, au prix des derniers instants avec mon Bûcheron. Je crois que je vais passer un bout de ma dernière journée de congé avec eux, histoire de leur changer les idées. Le dernier baiser avec Arthur est passionné et empli de promesses, dont celle de se retrouver au plus vite, celle que l’amour que nous nous portons sera plus fort que cette distance difficilement supportable. La promesse que ni lui ni moi n’envisageons un avenir l’un sans l’autre. Qui aurait cru que la Silvanie nous apporterait, outre une belle expérience humaine, cet amour fort et tellement inattendu ? Pas moi, c’est sûr. Et certainement pas lui non plus, quand je vois comment se sont passées nos premières semaines de cohabitation là-bas.

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