Chapitre 3 - Quel bon vent est pire qu'un autre ?
*Mage
Il faisait frais, c'était propre et ça sentait plein de parfums différents, ce qui correspondait à l'image que les garçons se faisaient à propos des toilettes des filles. Un des objectifs de Synnaï avait été de rendre le cliché réel, avec le sort Adalayoul Nahash, un charme d’écosystème qui s’attaquait à l’humidité excessive, aux moisissures et aux eaux stagnantes, tout ça pour voir si cela avait un impact sur la situation adolescente de l’établissement. Réponse : non. Soudain, il reconnut une petite voix familière qui parlait vite :
— Euh... Edward? Je pense que tu t'es trompé de toilettes, celles des garçons sont juste à coté... Pourquoi tu baves ? Et c'est quoi ces yeux r...
La voix poussa un cri de surprise. Synnaï entendit un coup, un cri de douleur. Quelqu'un qui tombait par terre. Il décida d'intervenir, s'avança vers la première cabine, et ce qu'il vit l'amusa beaucoup : il y avait Maty, penchée sur Edward qui gisait au sol, se tenant les côtes et gémissant de douleur. Maty était une jeune fille malingre, au nez fin et au regard enjoué, aux cheveux blonds et lisses comme des fils d'or, au sourire qui annonçait le rire ou la malice.
Elle leva les yeux pour regarder « Yannis », et sa bouche s'ouvrit de stupéfaction. Sachant qu'elle était trop choquée pour réagir, Synnaï s'agenouilla près d'Edward pour regarder son visage : il était plus blafard qu'avant, avait des yeux rouge sang et des canines proéminentes qui le faisaient pitoyablement baver pendant qu'il gémissait. Le mage l'adossa tant bien que mal contre le mur, se releva, puis se tourna vers Maty avec un regard perçant.
— J'imagine qu'il était dans ces toilettes bien avant que tu viennes, et qu'il t'attendait.
Il s'approcha de Maty, lui prit la tête entre ses mains, l'observa sous toutes les coutures comme un orfèvre observe une pierre qu'il vient de tailler, puis la relâcha.
— Aucune commotion... Est ce que tout va bien ?
— Je... Je...
— Oui, je sais, c'est toujours l'effet qu'on ressent quand on a affaire à un skaldnjol, proclama « Yannis » d'un ton un peu trop sérieux. Celui-ci est sûrement jeune, vu qu'il ne t'a pas charmé, et qu'il n'a même pas pu résister à un seul de tes coups...
Maty lui coupa la parole avec une rafale de questions :
— Mais qu'est ce qui passe ? Pourquoi tu es là ? Qu'est-ce qu'Edward fait ici ? Pourquoi il a les yeux rouges ? Comment tu sais que c'est un skaldnjol ? Il a essayé de me violer ? Et pourquoi, pourquoi j'ai l'impression que je vais devoir remplir le groupe Messenger de la classe avec plein d’infos juteuses ?
— Il se passe que tu as eu affaire à un skaldnjol. Pour ma part, je cherchais Edward qui ne répondait pas à mes messages, et je l'ai donc trouvé. Il a les yeux rouges parce qu'il a faim, c'est une réaction physiologique qui est propre aux skaldnjols. Et, non, il n'essayait pas de te violer, mais de sucer ton sang, même si pour vous, c'est la même chose. Enfin... (Synnaï rit un petit peu :) Je ne pense pas que beaucoup de personnes vont croire à cet incident. Tu passeras juste pour une folle. Et ceux qui te croiront sont juste des imbéciles sans grand intérêt.
« Yannis » commença à se diriger vers la porte de sortie.
— Est ce que c'était toi ?
Synnaï s'arrêta, la main sur la poignée. Il soupira intérieurement, comprenant son erreur. Au sommet de son intelligence, il avait négligé un détail : Maty était tout sauf bête, au point qu'elle parvenait, grâce à des conjectures fantasques, à des conclusions on ne peut plus proche de la réalité.
— Quoi donc ? dit « Yannis » en se retournant, un sourire innocent aux lèvres
— Tu étais en bas, aux toilettes, quand l'incident du bâtiment C est arrivé. Et quand tu es revenu, ce qui était tout à fait normal, tu étais inquiet, ce qui ne t'arrive quasiment jamais, surtout quand tu vas aux toilettes !
Allons bon, elle m'espionne, ma parole ! Jouons un peu sur son terrain, comme ça elle me sous-estimera...
— Je sais que tu adores ces histoires de para-normalité, mais redescends sur Terre : je ne suis pas un magicien qui peut faire l'impossible ! C'est juste pour rigoler !
— Alors, comment expliques-tu que tu connaisses l'existence des skaldnjols ? Tu n'es même pas étonné par l'apparence d'Edward !
Elle pointa ce dernier du doigt qui était toujours au sol, en train de gémir et de marmonner des choses en dodelinant de la tête, les paupières fermées : « N'aurais pas dû... », « Je suis faible... ».
Aïe !
— C'est juste... Une blague ! En fait, il a mit des lentilles et des fausses dents, et a voulu te faire une blague pour te draguer ! Il a dit que, si ça tournait mal, j'interviendrais pour tout t'expliquer. « Rattraper le coup », tu vois, quoi...
Maty semblait troublée, mais aussi un peu sceptique.
— Il est amoureux de... moi ?
— C'est ça, renchérit « Yannis » avec emphase. Il m'en a parlé il y a une semaine, et m'a fait garder le secret. J'étais plutôt fier qu'il me l'ait confié à moi et pas à un autre, c'est une preuve de confiance ! Crois moi, il ne pensait pas à mal. Il pensait que si tu riais à sa blague, il pourrait se rapprocher de toi. Il adore ton rire, ta façon de parler si dynamique, ton humeur ensoleillée qui déteint sur toutes les personnes autour de toi, il te trouve tellement belle et intelligente ! Tu l'entendrais parler de toi, un vrai fanatique ! Il a même écrit des tas de poèmes sur toi ! s'empressa-t-il d'ajouter. « Parfait ! »
La maladresse était une arme parfaite pour se faire passer pour un adolescent ; être trop intelligent, bien choisir ses mots, prendre son temps… Tous ces détails l'auraient fait passer pou un « adulte ». Ce qu'il ne devait pas être en la présence d'humains.
— Tu es sûr ? dit Maty d'une voix songeuse. J'ai plus l'impression que c'est toi qui est amoureux de moi, à parler de cette façon...
« Yannis » leva les paumes en l'air, en signe d'innocence. Synnaï aurait pu lui dire : « j’ai autant d’attirance pour toi qu’un aimant en a envers un arbre, pareil pour l’autre tanche ».
— Ça faisait partie du plan ! Je suis juste un messager, et, comme tu le sais, très bon acteur !
— Disons que je te taquinais, ne t'inquiète pas ! sourit Maty de toutes ses dents.
Maty regardait toujours « Yannis » d'un air soupçonneux, mais elle finit par hausser les épaules... Synnaï eut du mal à retenir un soupir soulagement. Maty se dirigea vers la porte, et avant de sortir, se retourna et dit d'un ton malicieux :
— Et, au fait, Yannis... Si tu veux que personne ne te soupçonne, ne dis jamais, au grand jamais, que tu es un bon acteur. Ça fait mauvaise impression. Salut !
La porte claqua derrière elle, et, lorsque Synnaï n'entendit plus ses pas, il soupira pour de bon en se frottant le front d'une main, l'autre posée sur la hanche. Il entendit Edward Kor’Al’Tain se relever, et s'épousseter frénétiquement. Le mage se tourna vers lui, croisa son regard pourpre qui lui semblait moqueur. Il croisa ses bras et lui lança un regard sévère, son ton badin laissant place à une voix froide, mesure :
— C'est la deuxième fois ce mois-ci... As-tu vraiment écouté mes conseils à propos de ton régime alimentaire ?
— Argh… Je l'aurais bien fait, grogna le skaldnjol, mais c'est vraiment à chier… Et puis ce n'était qu'une petite bévue !
— Cesse tes simagrées : tu as dépassé les bornes. Ce n’est pas parce que tu es plus vieux en années que moi que tu l’es réellement.
Edward lui lança un regard agacé.
— D'autant plus, ajouta Synnaï, que tu t'es attaqué à quelqu'un qui te connaît, quelqu'un de proche. J'apprécie Maty, et sa mort m'attristerait beaucoup. Et, si tu avais réussi ton coup, ton acte puéril auraient eu de graves conséquences ! Tu sais, Ô combien, le gouvernement magique terrien aime les graves conséquences… Aucun skaldnjol n'a « bu » sur le sol européen depuis déjà cinq siècles, mais ta petite bévue y a mis un terme. Qu'aurais-tu fait si tu étais arrivé à l'acte ?
— Je me serais enfui.
— Et aurais quitté ta famille ?
—…
Yannis soupira, mettant ses mains dans ses poches.
— Tu as beaucoup de proies seules hors des villes. Pourquoi t'être attaqué à Maty?
— Maty a une odeur unique, je n'ai pas pu résister !
— Allons bons, monsieur s'improvise fin gourmet ! D'abord, tu veux te nourrir exclusivement de filles, ce qui réduit de 50 % ta diversité d'hémoglobinurie ; je ne parle même pas des problèmes de carence que tes ancêtres ont pu rencontrer. Ensuite, tu as seulement voulu te nourrir du sang de... des « vierges » (Synnaï se mit à ricaner, vaincu par l'absurde de ce mot). Et maintenant, tu me sors « elle a une odeur uniiiique ». En toute honnêteté, tu seras écroulé par tant de critères qu'il te faudra cloner Maty à la chaîne ! Et le boulot que ça te demanderait serait ta raison d'être ! Bon sang, de quel bois es-tu fait, à la fin ?
Edward le regardait, le visage de marbre. Les skaldnjols n'avaient décidément pas ou peu le sens de l'humour, en particulier des jeux de mots. Son regard se fit rêveur...
— ... Elle est si belle, si...
— Intelligente, dynamique, enjouée, etc, etc ... Tu sais, tu devrais peut être te dire que lui sucer le sang ne te permettra pas de mettre la main sur elle.
— C’est un rituel d’accouplement, prétexta le skaldnjol. Je ne te demande pas de comprendre ma culture.
— Hmm hmm. Laisse-moi te donner un conseil sur celle des humains : si tu continues sur cette lancée, elle va te frapper tellement fort qu'elle te décrochera la tête.
Cette fois, Edward rit un peu et se frotta les main sur son T-shirt, sur lequel était inscrit : « Il y a de mauvais vents, et des vents pires ». Je suis sûr que ce satané skaldnjol ne comprend même pas le jeu de mots inscrit sur son T-shirt, pensa Synnaï.
Soudain, Edward prit un air sérieux et demanda d'un ton grave :
— L'incident... C'était un Autre ?
— Malheureusement... répondit le mage, la mine accablée. Et celui ci était différent des autres, sans mauvais jeu de mots.
— Comment ça ?
— Il était intelligent ! On m'a demandé de protéger ce lycée qui était en menace de niveau deux, mais là c'est une menace de niveau trois, voire quatre…
Synnaï savait qu'à son niveau, il pouvait gérer des menaces de six, de celles qui mettent tout un département en danger, mais s'il avait accepté de venir travailler dans ce lycée, c'était pour se reposer et gagner de l'argent facilement.
— J'ai le pressentiment que la menace s'agrandit d'heure en heure... Et je n'ai aucun moyen de communiquer avec l'Académie. Et l'agence magique terrienne ? Ces ignares auraient-ils oublié qu'un Autre ne peut pas être tué ? Je ne peux pas ouvrir plus de dix portails dans la journée, alors une centaine…
— Tu es rouillé, commenta le skaldnjol.
Synnaï ne releva pas l’insulte parce qu’il n’y en avait pas : Edward, quand il s’agissait de son meilleur ami, parlait vrai et juste. Sortis des toilettes, les deux non-humains s'avancèrent dans le couloir en direction des escaliers. Le mage était inquiet : pour combien de temps allait-il tenir avant que sa magie ne le dévore de l’intérieur ? Comme s’il lisait dans ses pensées, le regard d'Edward se fit compatissant :
— Ne t'inquiète pas, ça n'ira pas jusque-là… Si je me souviens bien, le lycée a été construit sur une Faille ?
— Oui… répondit le mage, préoccupé. J’ai essayé de dissuader la région de construire ce lycée ici, mais cette bande d'imbéciles l'ont quand-même fait, parce que soi-disant le terrain était « parfait pour accueillir la nouvelle génération d'élèves du lézignanais», persifla-t-il.
— Mais ne peux-tu pas la refermer pour toujours ?
— Je pourrais, mais on me l'a interdit à cause de mon poste ; mon autorisation ne va pas au-delà des sorts de Cycle 2. Déjà que j'ai reçu un avertissement pour avoir ouvert un portail dans une zone sous la juridiction du Traité… Si je devais agis, il faudrait organiser une évacuation sur les vingt kilomètres à la ronde.
Synnaï se frotta la nuque, embêté. Voilà cent quarante quatre ans qu'il tentait de déjouer les manigances de l'administration afin d'obtenir l'autorisation exclusive d'user de ses portails. Mais ce n'était pas la seule chose qu'il avait cherché à accomplir durant cette période à Ernie Fifrelin…
— Et en plus, je suis sûr qu'il y a d'autres mages dans cette école...
— Qu'est ce qui te fait dire ça ? Je n'ai senti aucun résidu...
— C'est parce qu'ils étaient bien camouflés, si bien que même moi je n'ai pas pu les repérer. Mais le jour de l'incident, arrivé dans la classe, j'ai senti une telle quantité de magie brute que j'ai crû que j'allais dégobiller !
— C’est pour ça que je n’ai rien remarqué… De la magie exclusivement mournienne.
— Oui. L’odeur avait disparu quand je suis revenu en classe, ce qui est vraiment très étrange...
— Tu penses que tu es poursuivi ?
— Improbable, j'ai effacé ma trace depuis bien trop longtemps... (le magicien frotta son menton nu, pensif ; était-il trop tard pour se faire pousser la barbe ?) Il faudrait avoir une formidable magie de détection pour percer à jour mon camouflage, et ce genre de mage ne court pas les rues. Encore moins, s'il est capable de produire de la magie brute.
— Mais il y en a un dans ce lycée, n'est ce pas ?
— Assurément.
Synnaï marchait plus vite, tiraillé entre la colère et l'inquiétude, car la tournure que prenent les événements était tout sauf apaisante. Edward le suivait tant bien que mal, inquiet de son comportement. Descendant des escaliers quatre à quatre, Synnaï reprit:
— Je dois donc trouver les intentions de ce mage avant qu'il ne me trouve. Tu as une idée de quel élève de la classe il peut s'agir ?
Ils sortirent du lycée et s'enfoncèrent dans les rues. Edward réfléchissait, ses yeux rouges miroitaient dans le crépuscule.
Même si Edward n'était pas un mage, c'était un skaldnjol de pure souche, descendant d'une famille ancestrale très puissante dans ce monde. Il était bien plus vieux que Synnaï, déjà âgé d'une bonne trentaine de siècles. L'âge de Edward avoisinait à ce jour les 356 000 ans, ce qui lui donnait une certaine expérience dont profitait Synnaï quand il se sentait dans une impasse. Dans leurs vies humaines actuelles, ils se connaissaient depuis 7 ans, mais en réalité Synnaï avait rencontré Edward quand celui-ci travaillait pour Psamétique II, en tant que sorcier-médecin. Un jour, alors que Synnaï pourchassait des bandits, il s'était fait attrapé comme un bleu. Heureusement, Edward, accompagné des guerriers du pharaon, vint à sa rescousse, et Synnaï promit à Edward de le servir, offre qu'il refusa. Ils s'étaient immédiatement liés d'amitié, et depuis s'étaient souvent entraidés.
— Peut-être Alexandra ou Margarita, ce sont les déléguées, et, sans t'offenser, je sais que les mages sont avides de pouvoirs…! Cela ne m'étonnerait pas qu'elles aient libéré cette magie ; c'est sûrement à titre d'avertissement au cas où il y aurait d'autres mages dans les parages...
— Peut-être sont-elles mages, mais je ne pense pas qu'elles soient le cerveau qui a organisé la venue de l'Autre.
Edward le regarda avec des yeux ronds.
— Oui, l'Autre a dû être modifié magiquement : le mage qui a fait ça a dû utiliser de la Magie Primordiale pour l'amener ici, c'est mon hypothèse. Cela expliquerait la forte odeur de magie brute.
Le skaldnjol siffla d'étonnement.
— Ça doit être un gros morceau, alors ! Tu as pensé à une tactique d'approche ? Tu veux que je te serve d'espion ?
Synnaï secoua la tête, et répondit d'un ton désolé:
— Non, c'est trop dangereux. Je ne vais rien tenter, et lui non plus, parce qu'on doit respecter la Clause. De toute façon, j'ai fini mon travail à la fin de la semaine, alors...
— ... Alors tout va bien !
Le skaldnjol s'était exclamé avec sa voix de lycéen un peu nasillarde, moins tranchante et sourde que celle d'un skaldnjol ancien. Synnaï n'avait pas remarqué qu'il y avait des élèves aux alentours, fumant quelques cigarettes en déblatérant des inepties, qui seraient vraisemblablement le pain quotidien de leur existence courte et misérable.
Subitement, Edward reçut un message. Il sortit son téléphone et sourit.
— Ah-Aah ! Demain, on n'a pas cours, ça veut dire qu'on a un week-end de 3 jours !
— T'as prévu quelque chose de particulier ? dit la voix un peu aiguë de Synnaï le lycéen.
— Oui, j'ai l'intention d'inviter tous mes amis – et il coula à Synnaï un regard entendu – Sois absent et je te jure que tu ne dormiras plus sur tes deux oreilles.
— Je viendrais, répondit Yannis, un sourire aux lèvres. Je n'ai pas envie que tu viennes geindre dans mes oreilles quand je dormirais dans mon lit, comme tu l'as fait dans les toilettes ! Qui est ce qu'il y aura ?
— C'est une surprise... Le blafard prit un ton distingué. Allez, mon pote ! Pionce bien, demain est une journée chargée...
— Ouais, c'est ça, à demain !
Edward se transforma en fumée et se dissipa. Personne ne remarqua le skaldnjol, parce que ces derniers possédaient un derme qui produisait une forme spéciale de kirrosi, empêchant les non-mages de les voir user de leurs pouvoirs. Aux yeux de tous les lycéens présents devant l'entrée de l'école, le blafard était simplement parti à pied, au coin de leur regard, en détail inintéressant qui disparaîtrait de leur mémoire dans les prochaines secondes.
Synnaï soupira, déçu de ne pouvoir en faire de même. Il alla chercher son vélo, pédala jusqu'à chez lui. Sa mère travaillant encore en Belgique, il était donc seul à la maison. Sa « mère »… qui l'avait accueilli après que le magicien l'ait sauvé du Dogme d'Abraxas, qui traquait les sorcières. Elle seule savait qu'il ne s'agissait que d'une couverture, ses deux filles pensaient qu'il était adopté. Il jouait son rôle à la perfection, et cela depuis dix-sept ans déjà.
Quand sonnerait l'heure de son dix-huitième anniversaire terrien, Synnaï rentrerait sur Mourn. Il laisserait derrière lui la poussière de la Terre, ses habitants grincheux et patibulaires, aux allures de chimpanzé. Derrière lui les casiers vides à pleurer, les cahiers pleins à craquer d’infos particulières.
Il se fit cuire des pâtes, se prépara une sauce à la crème et au saumon et s'installa devant son ordinateur. Il lança Skyrim, pour faire croire aux personnes connectées sur Steam qu'il ne faisait que ça, et ouvrit en fond un logiciel, intitulé « PARADYGM », qui fit une mélodie de bienvenue en s'ouvrant. Synnaï tapota à toute vitesse son clavier, écrivant des lignes de codes complexes, pour entrer en communication via le programme, mais une nouvelle fois, l'écran l'informa que toute connexion était impossible. Il soupira et se balança sur sa chaise, fatigué. Il mangea, prit une douche et se coucha, afin d'être frais pour la fête du lendemain.
Il s'endormit immédiatement, écrasé par la fatigue et fit des cauchemars où un homme aux yeux de feux le poursuivait et le torturait. Puis, il ne rêva plus, entrant dans un état léthargique profond.
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