Chapitre 8 - Notes de l'auteur qui n'est pas l'Auteur

4 minutes de lecture

Ah, il semble que nous ayons un problème.

Synnaï semble parti pour aller acheter quelque chose au supermarché, donc il n'est plus là pour nous raconter son histoire.

Dans ce cas, je dois meubler.

Par où commencer ? Je sais que beaucoup de choses vous sont inconnues. Qui sont ces mages ? D'où viennent-ils ? Qui sont réellement Synnaï, Archibald, Éléanora, Bartavius et les autres ? Quels sont leurs liens ?

Je pense qu'il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs, mais Synnaï souhaitait commencer son récit par ce début, et non par celui qui devrait être le vrai début, celui où tout a commencé. En fait, même moi, en y repensant, j'ai du mal à y croire.

L'histoire de notre mage est fascinante, dramatique et pleine de rebondissements. Son monde, semblable au nôtre par bien des aspects, reste différent sur moult points. Mourn était son nom, cette petite planète à plusieurs milliers d'années lumières de la nôtre, gravitant autour de quelque chose de bien plus étrange que notre soleil : un trou noir. Oui, cet objet massif qui attire tout ce qui passe dans son champ de pesanteur, et qui finit inexorablement par le réduire en poussière, pour l'absorber.

Mais alors comment, comment une petite planète comme Mourn, à peine plus grande que la Terre, pouvait rester en orbite autour d'un monstre pareil ? Les scientifiques, s'ils pouvaient l'étudier, s'arracheraient les cheveux, parce que cette planète tournait, et tourne peut-être encore autour de cet astre sans que ça la gêne, et celui-ci ne risquait pas de "s'éteindre". Mourn résistait aussi à ses plus fortes radiations, et à toutes les perturbations nuisibles à tout forme de vie. Si elle accomplissait de telles prouesses, c'est que ce tas de roche spatial était en fait un être vivant, un serpent gigantesque s'enroulant sur lui même, et dont les capacités naturelles défiaient les lois de la physique. Tout ça grâce à ce qu'on nomme aujourd'hui la "magie".

Mais qu'est-ce que la magie ? Synnaï m'avait expliqué que c'était une composante essentielle et spontanée de l'Univers, pourtant indépendante des lois de la physique. Je lui avais répondu « C'est un peu comme Dieu ! », mais lui, m'avait rétorqué, le regard perdu : « Au moins Dieu a un dessein » ce qui, je dois dire, m'a laissé perplexe. Tout ce que je peux vous dire, c'est que si vous prenez le temps de vous reposer, sans rien entendre, vous percevrez, derrière le bruit du sang à vos oreilles, du battement de votre cœur, et celui de votre respiration une minuscule mélodie, unique en son genre, qu'aucun instrument ne peut reproduire ; c'est le son que fait la magie quand elle vous traverse. Elle est tout et rien à la fois, réelle et imaginaire en même temps.

En tout cas, Mourn utilisait la magie, et c'était facile vu toutes les radiations qu'elle recevait du trou noir, qu'elle absorbait et transmutait en énergie magique. Mourn restait en orbite pour reprendre des forces en vue d'un prochain voyage vers un autre soleil. C'est ce que m'avait expliqué notre magicien, tout en précisant que c'était un tissu d'inepties religieuses. Moi, j'aime bien l'idée qu'un serpent extra-stellaire se balade un peu partout dans la galaxie : imaginez !... voir ses écailles irisées, luisant de toutes les couleurs au milieu des étoiles. Cela doit être un spectacle magnifique.

Sur Mourn, donc, vivaient toutes sortes de créatures bizarres, dont la diversité et la complexité métabolique étaient accrus par les radiations magiques. Des myriades de poissons peuplaient les océans qui à l'image des écailles de Mourn se paraient de couleurs chatoyantes. Quant au ciel, il était plein d'oiseaux merveilleux lançant çà et là des chants élogieux en l'honneur de leur bienfaiteur. L'harmonie régnait sur Mourn, ni prédateur ni proie ! Les êtres vivants ne connaissant ni la faim, ni la soif, nourris par les énergies du Serpent.

Des fleurs sophistiquées et parfumées, à faire pâlir nos plus belles orchidées colorisaient tous les paysages de Mourn : hautes montagnes aux sommets enneigés entaillés de vallées profondes, abritant de denses et noires forêts, immenses plateaux, lacs, fleuves qui plongeaient dans de vastes mers et océans... Seuls les déserts, les plaines et les îles flottantes dérogeaient à cette règle, euthymiques et n'obéissant qu'aux caprices du vent. La vie menait son cours, comme sur Terre : des catastrophes survenaient, exterminant quelques espèces, pour que de nouvelles prennent leur place.

C'est ainsi qu'un jour une nouvelle espèce apparut.

Croyez-le ou non, mais le hasard tomba sur un être qui en tout point nous ressemble, mis à part leur absence de sexe. Ils ne pouvaient pas se reproduire, tentative perdue pour cette espèce, une autre ferait l'affaire…

Seulement voilà, ce simulacre d'espèce humaine était coriace. Il avait, comme la nôtre, cette capacité à surmonter les épreuves, à aller à l'encontre de la nature. C'est alors qu'il découvrit un moyen de contourner l'obstacle : la magie. Ces êtres n'étaient pas les premiers à l'utiliser sur cette planète, ça non. Mais cette espèce fut la première à inventer un langage pour la comprendre, la dompter. Elle constata ce qui lui manquait, et avec sa nouvelle invention y pourvut : chaque être pouvant se doter d'un appareil génital de son choix (je suis sûr que les chirurgiens-plasticiens s'en mordraient les doigts) et d'acquérir le Principe d'Identité, ou de Nature, d'après le jargon-mage (leur Nature/leur âme existant déjà, mais ne s'exprimerait pas avant ce changement). Cette espèce se baptisa elle-même « Maegnus », qui fut décliné en « Mourmons » à cause de leur dialecte compliqué à prononcer. Ainsi naquirent les Mages, et une nouvelle ère débuta.

Je ne vais pas faire toute la chronologie. Synnaï vient de revenir, il apprécie ce que je fais, mais il ne souhaite pas que je partage avec vous ces connaissances précieuses. Pas maintenant en tout cas...

Mais à la place, il va vous narrer son origine. Car comment peut-on considérer l'arbre dans son ensemble sans prendre en compte le sol dans lequel il plonge ses racines ?

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 9 versions.

Vous aimez lire Reydonn ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0