Chapitre 25 – Ambroisie déplorable

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Peu avant l’épreuve, les membres terriens de la Ferroul Squad s'étaient réunis en secret dans la salle sous la bibliothèque. Chacun avait apporté des en-cas et des boissons, ils ne feuilletaient pas des livres mais discutaient sérieusement des marches qu'ils gravissaient pour participer au Tournoi. Ludwig confia aux autres qu'Hadrian était bon pour manier un bâton à chaîne, tandis qu'il se débrouillait mieux avec une hache. Savoir se défendre semblait essentiel à leur yeux, d'après ce qu'Ugo en voyait. Edward dit ce qu'ils avaient découvert et récolté, ce qui émerveilla tout le monde et les mit de bonne humeur. Le plus intriguant fut la démonstration de Yannis qui se téléporta à plusieurs reprises derrière eux pour leur faire une blague ; une bonne manière de constater l'utilité énorme de ce pouvoir. Seulement, le clou du spectacle restait à venir…

Ugo se leva et parla d'une voix forte pour couvrir les éclats de voix de ses amis :

— Les gars, écoutez tous, j'ai une annonce à faire !

— Et une bonne, j'espère, ajouta Ludwig.

— Merveilleuse, le rassura Ugo en souriant. Puis, il sortit sa gourde spéciale de son sac et la posa sur sa table, pour que tous puissent la contempler.

Mais cela ne provoqua pas l'effet escompté. Tout le monde souriait une seconde auparavant, mais, maintenant, ils avaient la tête d'une personne ayant avalé une mauvaise blague. Horrible.

S’éclaircissant poliment la gorge, Yannis demanda prudemment :

— Ugo, qu'est-ce que ton bibe… Euh… ta bouteille, vient faire dans notre réunion ?

— Ce n'est pas une simple bouteille, dit Ugo. C'est de la Vérité Liquide.

Les autres le regardèrent comme s'il avait dit la plus grosse blague de l'Histoire, et flop… Ludwig s'aventura sur le terrain miné et dit à son tour :

— Et… Euh… Ça consiste en quoi ?

— Si je la bois, j'éprouve une euphorie extraordinaire, et je sais tout ! Enfin, tant qu'on me pose une question précise, sinon la réponse est cryptique...

— Comme quoi ?

Pour répondre à l'insolent Edward, Ugo but une gorgée de liqueur dorée qui brûla sa gorge et enflamma son âme, ses inhibitions s'évaporèrent comme neige au soleil. Seul son mental permettait de faire barrière à ses pulsions imbéciles.

— Pose moi la question, jeune sot !

Ugo souriait comme un dément, ce qui inquiétait ses amis. Avait-il prit une substance illicite magique ? Jouant le jeu, Yannis commença le premier avec la « fameuse question » :

— Quel est le sens de la vie, Ô grand manitou Ugo ?

— Quel est le sens de cette phrase, mon cher ?

Cette réponse souffla Yannis qui ne put rien répondre, écrasé par le fait qu'effectivement, s'il ne comprenait pas la question, comment pourrait-il comprendre la réponse ?

— Pourquoi les zèbres sont noirs et blancs ?

Cette question venait d'Hadrian, bien sûr.

— Pourquoi ne seraient-ils pas blancs et noirs ?

BAM. Soufflé. Au suivant.

— En quoi la situation socio-économique africaine actuelle permet de comprendre son évolution future ?

— De un, Ludwig, tu connais la réponse, t'essaies juste de me tester. De deux, la croissance économique de ce continent est en plein essor, et c'est parce qu'elle est en plein développement démographique malgré les pressions des grandes puissances, tout ça grâce à la mondialisation. Il est très possible qu'elle est un poids économique mondial très fort dans très peu de temps.

— "Très possible dans très peu de temps." C'est assez probabiliste.

— Tu veux que je te donne toutes les possibilités d'évolution ? Y en a de l'ordre de 10^40. Tu veux que je les énonce ?

Soufflé comme au four, au suivant.

— Que suis-je ?

Edward posa cette unique question avec ce calme trop détaché pour être humain, et pourtant…

— Un gamin humain qui n'a même pas son bac, qui aimerait étudier à Seattle et faire du graphisme dans les jeux vidéos. Je te résume en gros, je vais pas

tout dire, c'est de l'ordre du privé, hein ?

Edward hocha la tête.

— Naturellement.

Ils semblaient peu convaincus. Mais Ugo s'y attendait : ils doutaient très certainement de son sérieux même après de telles réponses. Enfin, pas pour Edward ! Il voyait très bien dans les yeux du skaldnjol que ce dernier le soupçonnait de savoir. Bien, au moins y en a un qui me croit dur comme fer. Mais il fallait tous les persuader du bon fondement de ce pouvoir. S’ils voulaient s’en sortir, c’était la chose à faire.

— Attends, on peut te poser d’autres questions ? s’enquit Ludwig.

— Vas-y, mon pote.

— À quoi je suis en train de penser en ce moment ?

— Je sais pas.

— Ah ! Tu sais pas ?

Ugo secoua la tête. Sa liqueur ne lui permettait pas de lire dans la tête des gens, seulement de savoir avec exactitude toute information partagée avec n’importe quel support, qu’il soit vivant ou non. Il en avait fait la rude expérience pas mal de fois par le passé… Hadrian s’enhardit :

— Quel est le dernier message que j’ai envoyé à ma mère ?

— « Je reste avec mes potes ce soir, m’attendez pas pour manger »

— Il a dû le lire par dessus ton épaule, prétexta Yannis. Et si on lui demande c’est quoi le premier message, il va dire : « Coucou, c’est Hadrian ! »

— Non.

Tous se tournèrent vers le savant inné.

— Il a dit : « Merci du cadeau, maman, je jure que je t’appelerais autant de fois qu’il le faudra ».

Hadrian rougit et ses amis le bisquèrent avec de grands sourires goguenards. Le lunetteux marmonna quelque insulte entre ses dents, mais ce fut son regard vers Ugo qui fut le plus éloquent : un mélange d’effroi et d’inquiétude. Le jeune lycéen leva les mains :

— J’ai pas fouillé ton téléphone juste pour dire ça, réfléchis !

— C’est vrai, t’as raison… désolé d’avoir douté.

— Ça fait une preuve réaliste, argua Ludwig. Attends…

Il lui demanda de s’éloigner et Ugo obéit jusqu’à ne plus être à portée de voix – on lui ordonna de se boucher les oreilles et de chanter une chanson paillarde. Il devinait aisément ce à quoi jouait Ludwig… Enfin, on le laissa revenir au groupe puis Ludwig dit :

— Qu’est-ce que j’ai dit à Edward ?

— Que j’irais me faire foutre si c’était un canular.

— Ok… Et qu’est-ce que j’ai écris à Yannis et à Hadrian ?

— Que t’étais un génie et que tu méritais qu’on t’appelle comme ça pendant une semaine.

Tous ses amis étaient scotchés : c’étaient les bonnes réponses ! Après quelques instants durant lesquelles Ugo les laissa respirer un peu, il montra sa gourde d'un geste et tapota ensuite son crâne en expliquant :

— Il y a tout de même un problème : c'est de l'alcool le plus pur qui fait le corps de cette potion magique. C'est pour ça que je suis plus ou moins déchiré à mesure que j'en bois, et mes inhibitions sont de plus en plus relâchées.

— Tu n'aurais pas de remède face à ça ?

Sous l'effet de l'alcool, Ugo répliqua à Hadrian :

— Si, j'ai juste à me suicider ou à me faire tuer. Dans ce cas, vous m'aurez plus sur le dos.

— Dis pas ça…

— Je vais essayer, et Edward s'empara brusquement de la flasque.

Il la but goulûment, puis recracha, le tout prenant une teinte inconnue mais objectivement immonde. Le liquide par terre s'évapora, laissant derrière lui une légère fragrance de rouille. Edward se tourna vers Ugo, l'air trahi.

— Voilà ce qui se passe quand quelqu'un boit dedans, à part moi. L'effet est différent pour chaque personne, mais ça revient au même : que je lui offre ou qu'il le boit à mon insu, il le digère pas. Pareil si on me vole ma flasque. Elle reviendra. Toujours…

— C'est de la magie, demanda Yannis en regardant le buveur d'un air soupçonneux. N'est-ce pas ?

Ugo le regarda pendant un instant, puis pris sa gourde et la remit dans sa poche. Puis il répondit à Yannis :

— Non. Si c'était de la magie, les mages l'auraient détecté. Or, ils n'ont pas pu le faire.

— Une autre sorte de magie, alors, avança Ludwig. Peut-être que c'est une magie datant d'avant l'époque des mages. Mais tu l'as trouvé où ?

— Dans un placard à balai, répondit aussitôt Ugo.

Les autres le regardèrent avec des yeux ronds comme des soucoupes, Ugo répondit en haussant des épaules.

La discussion reprit. Au moment de sortir pour aller aux chiottes, il entendit des bruits de pas provenant du couloir débouchant sur l'extérieur. Ugo avait certes condamné l'entrée par la bibliothèque, mais pas celle du couloir. Il intima le silence à tous, et tous purent entendre le bruit qui se rapprochait à chaque seconde. Ugo s'approcha à pas feutrés et s'apprêta à bloquer la porte, mais elle s'ouvrit avec fracas, le renversant.

Éléanora Ophilian les regardaient telle une statue inquisitrice. Elle croisa ses bras, pendant que Ugo se remettait sur ses pattes, et parla avec un calme à faire froid dans le dos :

— C'est le soir. J'ai envie d'étudier des dossiers de la plus haute importance. Pour cela, j'ai l'habitude d'aller dans cette salle qui est protégée par des centaines d'enchantements, de maléfices et de sortilèges, pouvant brûler jusqu'à la moindre mouche, la moindre poussière. Je vais donc de ce pas profiter de cet endroit aussi sacré, symbolique que silencieux, et, que vois-je ? Des jeunes hommes qui se prélassent dans mon paradis de silence. Heureusement que vous n'avez pas laissé vos miettes partout, je vous aurais massacré, sinon, s'agaca-elle en tapant du pied. J'attends des explications.

Les jeunes lycéens se regardèrent entre eux, et Yannis se leva pour faire une révérence :

— Madame, Nous... nous n'étions pas au courant de l'identité du propriétaire éventuel. Pardonnez nous, et, sur le Grand Sinueux, veuillez accepter nos excuses les plus sincères.

— J'accepte vos excuses, rétorqua Éléanora. Mais j'exige que vous m'expliquiez comment vous avez eu vent de cet endroit.

Yannis déglutit et répondit avec toute sa franchise :

— On est tombé dessus par hasard.

— Tu mens, avança aussitôt la magicienne. Ça se voit quand tu mens, tu es trop sincère. C'est donc quelqu'un qui vous a appris l'existence de cette salle, n'est-ce pas ? Ne me mens pas encore, si tu ne veux pas que je te dénonce au directeur !

— Vous n'y pensez pas !

— Bien sûr que si, et c'est une option très alléchante en ce moment. Elle peut devenir plus sucrée ou insipide en fonction de ce que tu me répondras.

— Mais c'est trop arbitraire ! S'il vous plaît, madame…

— Je ne marchande pas !

Éléanora s'assit sur une chaise et attendit.

Yannis se tourna vers Ugo, suppliant. Mais lui n'allait pas leur mâcher le travail, au risque d’attirer trop l’attention sur lui, alors il resta muet comme une carpe, les bras croisés, en mode « j’en ai rien à foutre, débrouille-toi ». Yannis soupira, s'assit, vaincu, et répondit d'une voix très ténue.

— Archibald…

— Quoi ? Éléanora se pencha plus vers lui : Je n'ai pas bien entendu… Pouvez-vous répéter un plus fort, M. Brendeck ?

— … Archibald Parmini, notre professeur en Thermodynamique.

La grise leva ses yeux au ciel en poussant un soupir ténu. Ugo observa cette réaction avec amusement, puis, estimant que Yannis en avait assez chié, vola à sa rescousse :

— On nous avait chargé d'une mission importante : récupérer le livre sur le Carnaval des Sorciers. Je me suis arrangé avec Archibald pour le garder, et, apparemment, ça ne le dérangeait pas le moins du monde. Mieux, il nous as dit de tenir nos réunions ici-même.

— Je m'en doutais… (Ophilian parlait pour elle-même) Il est trop nostalgique du temps où on était encore de pauvres gens naïfs et plein de rêves… Mais par quels serpentaires vous a-t-il conduit ici ?

Ugo lui conta toute l'histoire, depuis leur désir à revoir leur classe et le sauvetage de Yannis contre Malkor. Il omis quelques détails importants, pour les remplacer par des choses moins étranges, comme par exemple l'histoire de la gourde ou le déchaînement de Yannis. Tout au long de l'histoire, le visage de la magicienne resta de marbre. Quand Ugo eut terminé, elle déclara d’un air las :

— Je me disais bien que ça allait tôt ou tard arriver.

— Ah oui ? Vous lisez l’avenir ? s’enquit Ludwig

Elle se tourna vivement vers lui et le blond recula. C’est alors qu’Ugo capta un changement dans l’attitude de la magicienne : son visage s’adoucit et son ton devint plus chaleureux. Le changement fut subtil sauf qu’il était si soudain qu’Ugo se demanda si Ophilian n’avait pas un faible pour les blondinets. Ou bien… ?

— Aucun magicien ne peut lire l’avenir, jeune humain. En revanche, je sais que l’histoire a tendance à se répéter (avant qu’Ugo ait le temps de rétorquer, elle enchaîna) Même si votre plan est simple, c'est complètement fou et très dangereux de participer à ces épreuves. Moi même, avec mon équipe…

— Vous avez participé ? (Yannis était bouche-bée). Mais c'était il y a 500 ans !

— Je suis plus vieille que j'en ai l'air, tu t'en doutes…

— Désolé… Mais, vous y avez participé ! C'était comment ?

— Horrible.

— Ah… Et vous avez gagné ?

Ugo remarqua que son regard se remplit de fierté et de bons souvenirs, puis elle sortit une médaille minuscule où il était inscrit : « À ceux qui savent qu'ils sont mages » et d'autres formules de félicitations. Pitié, faites qu’elle ne nous raconte pas sa v…

— J'ai gagné à l'aide de mon équipe, répondit Éléanora avec détermination. Sans elle, je n'aurais rien pu faire. Le but de ce Tournoi est de montrer que l'orgueil des mages est le premier pêché à surmonter, et le plus difficile si on ne se rend pas compte que l'on est pas seul.

— Et le passe ? lança Ugo qui s'intéressait qu’à ça et à rien d'autre.

— Très utile, seulement nous l'a immédiatement perdu...

— Mais c'est pas grave, s'il ne vous servait à rien.

— Ce n'est pas le problème. Ces passes ne se désactivent pas, mais ils s'autodétruisent au bout d'un certain temps. Le fait que nous l’ayons perdu est l'excuse que nous avons prétexté. En revanche, nous supposions que quelqu'un l'avait volé…

— Qui ça pourrait être ?

Ugo fut à cet instant très inquiet de sa réponse.

Elle haussa les épaules, puis elle tourna sa médaille entre ses doigts, le regard dans le vide. Puis elle regarda tour à tour les adolescents dans la pièce. Quand elle passa sur Ludwig, il y eut de nouveau un changement léger dans son humeur : elle jeta un regard inquiet par dessus son épaule, comme si elle souhaitait vérifier que personne d’autre qu’eux n'écoutait.

— J'ai pensé tout d'abord que c'était un voleur quelconque, mais ils se faisaient rares à cette époque. Mais Synnaï… Synnaï m'avait montré que ce n'était pas l’œuvre d'un simple voleur et…

— Qui est "Synnaï" ? l'interrompit Yannis, s'attirant le regard furieux de Ugo. Désolé, c'était… hum… Laissez tombez.

— Tu es excusé. Pour faire simple, Synnaï est… enfin était un membre de notre équipe, la Red Sight. Ce fut surtout grâce à lui qu'on gagna la dernière épreuve. C'était un cauchemar ambulant, mais son Aspect nous aida beaucoup. Seulement, il m'avait mis en garde par rapport au passe, de le désactiver immédiatement. Mais celui-ci pouvait me permettre de revoir ma famille, alors je l'ai envoyé baladé. Synnaï… s'entendait bien avec Heinrich, ils étaient comme deux parties d'un seul corps…

Elle hésite à parler de ce « Synnaï » à chaque fois qu'elle prononce son nom, se dit Ugo. Pourquoi ?

— J'ai donc omis ses avertissements, et j'ai agi par pur égoïsme, alors que j'aurais dû apprendre du Tournoi. Je suis rentré chez moi, si heureuse de revoir ma famille, mais…

Les jeunes élèves restèrent silencieux, laissant le temps aux émotions de sortir comme du pus bien dégoulinant. Éléanora regardait son souvenir avec la tête de ceux qui en ont trop vu, trop vécu.

— Ils étaient tous morts… À cause de la guerre, de la famine, de la maladie. Mais surtout, oui, surtout de vieillesse. C'est ce qui m'a abattu…

— Quoi ? Ugo était interloqué. Ta famille était morte de vieillesse ? Comment est-ce possible ? Tous les mages n'ont pas la même espérance de vie ?

— Non, ce n'est pas comme ça que ça marche. T'ai-tu déjà demandé pourquoi l'admission à l'Académie est aussi stricte ?

— Pas vraiment, non.

— C'est parce qu'un sort ancien y a été apposé. Enfin, on pourrait plus parler d'une maladie magique qui hante ces lieux ; le propriétaire qui accepte qu'une personne intègre cet endroit active le sortilège, qui fait vieillir très lentement la personne. D'habitude, notre longévité va jusqu'au maximum des 500 ans, mais, avec l'Enchantement De l'Île Hors Du Temps, on est affecté où qu'on soit tant qu'on fait partie de l'Académie. De ce fait, on vieillit si lentement qu'on peut vivre des milliers, voire des dizaines de milliers d'années.

— C'est démentiel…

Et surtout putain de dangereux !

— Oui… Mais on n'en parle jamais, de peur de démoraliser les élèves et de les pousser à rompre le contrat avec l'Académie pour éviter le genre de désastre dont j'ai fait l'expérience. Mais le mal était fait, et j'ai tellement crié ce jour là que mon Aspect s'est révélé…

— Lequel ?

La tension de Ugo augmentait de seconde en seconde. Quelque chose de très étrange était en train de se passer dans cette pièce : une magicienne qu’ils avaient à peine rencontrer allait leur révéler la nature de son pouvoir propre, son Aspect. C’était, d’après ce que Yannis avait dit à Ugo après une certaine lecture, le plus grand secret d’un mage. Et lui, gros nigaud qu’il était, ne savait même pas pourquoi ! Ça m’enrage… et en même temps il frétillait d’impatience à l’idée de posséder une faiblesse de plus dans son arsenal.

Elle le regarda mais ne répondit pas tout de suite, puis elle retira sa bague qu'elle portait à son index gauche.

— Mon pouvoir est de lire dans les pensées. C'est un pouvoir aussi terrible que puissant, et je suis obligé de porter cette bague, dit Éléanora en la remettant, Pour ne pas sombrer dans la folie en entendant les voix de tous autour de moi.

— On compatit, dit Edward en l'observant du coin de l’œil.

— Merci, Edward…

Elle l'appelle par son nom ? Ils doivent se connaître, pensa Ugo même si ça n’avait pas trop d’importance à ses yeux.

— Je pense que je peux au moins faire quelque chose pour vous…

— Quoi donc ? dirent-ils cela en chœur.

— Demander une audience avec la Grande Inquisitrice, dit la déplorée avec un regard rempli de détermination.

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