Chapitre 26 – Sous la mer d’Ennui
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Le jour de l’épreuve arriva en compagnie d’une appréhension qui lui nouait le ventre. C’était toujours pareil avant les épreuves sauf qu’à l’ordinaire, Yannis ne prenait jamais le temps de bien réviser et espérait une surprise en tombant sur un sujet. Là, c’était différent : il s’était entraîné plus que tous les autres, avec l’engouement fanatique qui le caractérisait quand il s’impliquait pour quoi que ce soit. Et avec la confiance en lui qu’il s’était construit… Il lui semblait que rien ne pouvait l’arrêter.
Debout dans sa chambre, cependant, il ne cessait de tourner en rond. Le visage de Kara était resté imbriqué dans son esprit, l’empêchant de dormir la nuit. Ce fut en sursautant qu’il accueillit un Ugo désabusé.
— Oulà ! fit son ami barbu en ouvrant la porte. T’as l’air crevé, mon pote. Ça va ?
— Et toi ? répliqua l’apprenti mage sur le vif. Ça te ressemble pas de demander aux gens si ça va.
— Roh, ça va, si on peut plus être polis… (il s’adossa au battant) T’es prêt ?
— Et toi ?
— Tu te répètes, perroquet.
Yannis voulut sourire mais ne put que grimacer. Ugo, surprenamment, lâcha un soupir et s’approcha de lui pour le prendre par les épaules. C’était un peu bizarre compte tenu de sa taille et, surtout, de son tempérament. Mais là, il y avait dans son regard quelque chose qui donna l’impression à Yannis que…
— Pistache !
Il lui fit une pichenette au menton et le brun à l’épée lâcha un petit cri de douleur. Le malin, goguenard, s’esclaffa puis montra la sortie du pouce. Yannis maugréa une insulte et marcha sur le pas d’Ugo.
Ils rejoignirent le petit monde sur le terrain près du lac, à côté de la petite forêt. Edward, Ludwig et Hadrian portaient des tenues d’entraînement de troufions – des simples tuniques rehaussées de justaucorps en cuir, pantacourts inclus – à l’instar de Yannis. En face, Jinn, Solis, Pythie… et Kara, tous dans leurs tenues d’apprentis, plus sophistiquées (et plus classes, il fallait le dire). Yannis déglutit quand passa sur lui le fameux regard qui le cloua sur place. Jinn embraya le discours de bienvenue, rappela les règles de concurrence et de disqualification avant de présenter la première épreuve :
—…et nous nous affronterons tout d’abord sur une partie d’échecs en trois manches !
La nouvelle estomaqua le groupe d’humains et les mourniens sourirent à pleines dents. Enfin, tout le monde réagit ainsi mais Yannis, en croisant successivement les regards étonnés de ses pairs, vit que Ugo prenait un air des plus ennuyés. Ludwig leva la main et Jinn lui accorda la parole :
— Vous êtes sûrs ? Genre, vous pensez pas qu’on va être meilleurs que vous parce que les échecs, c’est un jeu… humain ?
— C’est un truc de nourrisson, oui, piaffa Pythie.
— Ce qu’elle veut dire, souligna Jinn en lui lançant un regard courroucé, c’est que nous avons eu le temps de nous mettre au fait des règles et aboutissants de ce jeu qui, je dois l’avouer, est formidablement bien construit.
— Oui, la simplicité est un des principes de base de l’intelligence humaine, lança Ugo avec un regard en coin pour leurs adversaires.
Les yeux de la pimbêche s’étrécirent et elle passa sa main sur la poignée de son épée mais cette fois, ce fut Kara qui calma le jeu en parlant à sa camarade, un large sourire aux lèvres, de sorte qu’Ugo et les autres l’entendent bien :
— J’ai réussi à battre leurs intelligences artificielles, hier soir. Au niveau… neuf, je crois ? Tu voudras que je te montre comment ?
Yannis ne put s’empêcher de sentir d’admirer sa flegme naturelle et la façon qu’elle avait d’ignorer ses rivaux, surtout que cette fois, Ugo « perdit son sang froid » et fit claquer sa langue. Jinn ne réprimanda pas la provocation de Kara et le magicien terrien comprit que l’organisateur l’appréciait tout que lui. Pythie le prit plutôt mal de son côté, mais plus gênée qu’agacée qu’elle en baissa les yeux et marmonna un « Oui ». Jinn reprit la parole :
— J’ai ici – il sortit une petite sacoche de sa poche – des zébrites. Choisissez votre premier concurrent et nous choisirons le nôtre. Chacun d’entre eux piochera une pierre pour désigner qui sera les blancs et qui sera les noirs.
Les lycéens se tournèrent vers Ugo qui leva les bras en ciel, l’air de dire : « C’est bon, je m’y colle ! » avant de s’avancer vers la sacoche que tendait Jinn. Il piocha une zébrite : il s’agissait d’une pierre très commune qui, au contact de la peau, se tentait de jaune ou de bleu en fonction de facteurs si nombreux que les mages, par amusement, s’en servaient comme d’une pièce de monnaie à lancer. Ugo tourna la pierre entre ses doigts, qui se teinta de bleu. Jinn annonça : « Blanc » puis le groupe des mourmons se concerta un instant du regard avant que ne soit désigné Pythie. Yannis fut surpris de ce choix : visiblement, elle ne semblait pas si confiante en ses capacités au même titre que Kara… à moins que ce petit numéro à l’instant n’était que du bagou pour fausser les pistes ?
Sur le terrain étaient disposées tables, parcours et râteliers d’armes. Sur l’une des tables se trouvait un plateau d’échec déjà préparé ; les deux groupes entourèrent la table alors qu’Ugo et Pythie s’installaient face à face. Il n’y avait pas de minuteur à compte à rebours, ce qui donnait à chaque participant le temps nécessaire à la réflexion. Néanmoins, Yannis se doutait bien qu’elle ne durerait pas longtemps. La partie commença.
Ugo gagna en quatre coups.
C’était, bien sûr, un résultat attendu. La première manche remportée haut la main arracha un sourire suffisant au nez rouge et un grincement de dents à la mournienne. Ce fut la seconde manche qui lui apprit que quelque chose n’allait pas : la partie s’éternisait. Ugo fronçait des sourcils à chaque coup et hésitait de plus en plus longtemps. Ses camarades trépignaient, ne sachant si lui donner des indices le desservirait plus qu’autre chose. Plus le temps passait et plus Pythie souriait, confiante et amusée – un air que Yannis aurait bien aimé lui faire ravaler.
La seconde manche fut perdue en dix-neuf coups. Hadrian s’exclama furieusement :
— Elle triche !
Jinn tourna vers lui un regard si dur qu’il en recula d’un pas.
— Pythie n’a enfreint aucune règle, staccatota-t-il.
— Il a raison, malheureusement, soutint Ludwig avec amertume. L’utilisation de la magie est autorisée, pas vrai ? s’enquit-il à l’encontre de Jinn.
Le visage de pierre se fendit d’un sourire. Les humains râlèrent, poussèrent des jurons et secouèrent la tête, dépités. Ils avaient été piégés en beauté.
— Oooh, non, pas la magie !
La moquerie d’Ugo résonna dans le terrain avec un écho un peu inquiétant. Les regards se tournèrent vers lui lorsqu’il sortit une flasque en peau de sa poche, la débouchonna en un plop avant de la lever devant lui :
— Santé !
Et il but la liqueur dorée.
Et ses yeux s’illuminèrent.
Et la manche fut un voyage de croisière.
Complètement désemparée, Pythie ne put même pas se mettre en colère contre son adversaire. D’une certaine manière, le fair-play chez les mourmons avait tout de même un peu de valeur. Elle consentit même à lui tendre la main pour la serrer ! Ugo approcha la sienne et, au dernier moment, la leva pour se caresser les cheveux dans un ultime excès d’orgueil.
Les humains le félicitèrent pour ses coups d’éclat. Ainsi fut terminée la première épreuve.
Les épreuves suivantes passèrent sous les yeux de Yannis : Hadrian affronta Solis sur une épreuve d’esquive – des balles projetés à haute vitesse par un canon – que le lunetteux parvint à surmonter miraculeusement. Une épreuve de rhétorique où l’on devait convaincre l’autre que le ciel n’était pas bleu mais vert. Jinn affronta Ludwig et gagna. De nouveau, Solis participa quand l’épreuve de souplesse fut mise en place – un parcours exigu que seul un chat ou un blob pouvait franchir – et affronta Edward qui perdit, sans surprise, les trois manches sans en gagner aucune.
Ils étaient à égalité et ne restaient… biens sûr. Yannis aurait pu se dire qu’il s’agissait de destin s’il se retrouvait au centre d’une arène improvisé, l’épée à la main, face à celle qui le chavirait si bien d’un seul regard. Mais en remarquant en biais le regard brillant de Jinn, il sut qu’il savait. Merde, s’il fallait, Kara avait remarqué aussi qu’elle ne le laissait pas indifférent.
— Combattez ! lança Jinn en tant qu’arbitre pas si impartial que ça.
Le combat fut à sens unique : Yannis se fit écraser par une tornade de coups les plus vicieux les uns que les autres. Il tenta tant bien que mal de parer, esquiver et botter quelques fois mais ça revenait surtout à retarder l’inévitable. À la deuxième manche, Yannis parvint à la toucher. Ce fut à la troisième qu’il comprit : ce regard… l’hypnotisait. Cette fois, on aurait dit qu’un aigle avait repéré une souris et attendait le moment le plus exaltant pour frapper, pour faire durer le plaisir. Se sachant vaincu, Yannis fit une charge désespérée qui tomba à l’eau : Kara se décala au dernier moment et le poussa dans sa ruée pour qu’il tombe au sol.
Ce fut avec un cœur palpitant qu’il vit Kara se tenir au dessus de lui, l’épée en bois pointée vers sa gorge. Jinn frappa dans ses mains et annonça le combat terminé. Les amis de Yannis lancèrent des exclamations de désarroi ou le huèrent ; ce dernier, en revanche, avait les yeux plongés dans ceux de Kara, deux jades purs et polis par une violence contrôlée. Elle rajusta une mèche de cheveux bruns.
— Tu peux te relever ?
Un peu déboussolé, il ne fit que hocher la tête et s’exécuta. Kara le regarda se remettre sur pieds et commenta, indécise :
— Tu sais tomber et te relever. Maintenant, il faut que tu apprennes à rester debout.
Ce n’était rien, comme constat. Pourtant, cela fit bouger quelque chose en Yannis qui, il ne le savait pas encore, changerait sa vie à jamais.
* * *
Un peu plus tard dans la soirée…
Toute cette mise en scène n’était qu’un vaste piège. Yannis aurait dû le deviner, à force de côtoyer les mages et leurs fantaisies ; la plupart d’entre eux ont le goût des petites tromperies et des non-dits. Ainsi, Jinn leur apprit qu’il avait déjà l’intention de concourir avec eux dès le début, et que l’épreuve ; la nouvelle fut accueillie à force d’insultes et de bouderies mais, au bout du compte, tout le monde se serra la main et se promit de faire de son mieux. Du moins, en l’apparence…
Une fois ces formalités faites, ils discutèrent longtemps pour trouver le nom de leur équipe – une chose essentielle selon Jinn – et beaucoup de choses furent proposées. Au final, ce fut Hadrian qui trouva le nom « Ferroul Squad » en rapport avec un personnage terrien assez méconnu et un mot en mournien qui signifiait : « Inattendu » – il était intriguant que cela ait aussi un sens en anglais, mais cela ne leur était d’aucune importance. Yannis, de son côté, aimait bien ce nom d’équipe : il lui rappelait ses racines tout en gardant en tête qu’il n’était plus vraiment terrien.
Les ferroulsquadiens décidèrent après cela de prendre du bon temps avant demain, et commencèrent à bavasser en buvant joyeusement. L'atmosphère se détendant peu à peu jusque tard dans la nuit. Sonné, Yannis tituba un peu en se levant pour annoncer qu'il allait soulager sa vessie, provoquant quelques gloussements parmi les joyeux leurrons. Il se déplaça tant bien que mal jusqu'à un buisson, fit son affaire, et remballa son engin pour se retrouver nez à nez devant Kara. Désorienté, Il lui lâcha un vague sourire avant de s'avancer pour rejoindre les autres, mais Kara le tint par le bras. Yannis s'arrêta net avant de demander :
— Euh… Est-ce… Est-ce que… tout… va bien ?
Il cligna des yeux, impressionné par les traits si fins du visage angélique qu'il aurait bien aimé toucher. Avait-il la même texture que le sien ?
— Oui, ne t'inquiète pas… Elle se rapprocha, le fit chanceler sans le vouloir. Oulà ! T'es bien soufflé, toi !
— Ouaip… Cet alcool était délicieux, et donne même pas envie de gerber !
— C'est normal, expliqua Kara. L'alcool fabriqué par la famille de Solis est réputé pour sa finesse de goût et d'ingrédients, pas comme vos cochonneries humaines ! ajouta-t-elle avec un sourire malicieux.
Encore une fois, elle prenait ce ton de provocation qui le charmait beaucoup
— Tu sais quoi ? Yannis la regarda intensément dans les yeux ; elle recula d'un pas. J't'aime bien… Et j'pense qu't'as raison sur ce point : on est vraiment mauvais en ce qui concerne l'alcool !
— Ah oui ?
— Ouaip… Hip ! Euh… Chez nous ça a souvent un goût trop amer ou trop sucré, et ça donne des maux de tête et des nausées !
— Pour les maux de tête, attends de voir demain, dit patiemment Kara comme si elle parlait à un enfant. Oh ! Tes cheveux brillent tellement, c'est... tu permets que je… ?
Elle approcha sa main de sa tête, les yeux pétillants. En temps normal, Yannis aurait rechigné, mais cuit comme il était, il ne trouva pas d'excuse pour refuser. Il accepta. Elle passa sa main dans sa crinière rebelle avec une délicatesse qu'il ne soupçonnait pas. Il s'abandonna à ses caresses, comme un chat ronronnant. Soudain, les mains de Kara s'aventurèrent plus bas, et Yannis sursauta. Il allait protester quand elle lui passa un doigt sur ses lèvres :
— Laisse-toi faire… C'est dans la coutume de mon pays. Si tu me veux dans ton équipe, tu dois respecter ça !
— Mais je…
— Chut !
Les mains de Kara se firent comme brûlantes à mesure qu'elle les passaient sur tout le corps de Yannis, ne négligeant aucune parcelle. Cette sensation inédite, si intense que sa respiration se fit saccadée. Un tourbillon de couleurs et de sensations menaça chaque seconde de le faire chavirer dans la folie. Les instants s'étirèrent jusqu'à devenir des fragments d'éternité, et Yannis souhaitait à ce moment que cela ne s'arrête jamais. Haletant, il croisa le regard de Kara similaire à celui d'un félin, illuminés de magie. Autour d'eux, l'air crépitait d'extase et leurs auras pulsaient à l'unisson. Soudain, Kara l'embrassa, ou plutôt aspira son essence par sa bouche comme pour se l'approprier, lui laissant un goût merveilleux sur la langue qu'il dégusta avec délice. Ils fusionnèrent comme un seul être se mouvant selon les marées du ciel, et se séparèrent à regret.
Épuisé, Yannis suait à grosses gouttes. Il n'avait certes pas perdu sa virginité physique. Mais sa virginité morale avait été balayée par un ouragan de désirs aux travers des mains magnifiques de Kara. Pour ne pas paraître grossier, il la regarda se réhabiller et admira son corps fin et hermaphrodite. Il aimait les femmes, mais, décidément, le corps de Kara lui paraissait vraiment désirable. Quand elle se tourna vers lui, il lui sourit gentiment, pour lui témoigner sa gratitude. Kara l'observa, puis éclata d'un grand rire qui jaillit comme un volcan.
— Quoi ?
Elle repartit de plus belle, ce qui énerva Yannis. Voyant qu'il était vexé, elle essuya ses larmes et se calma, puis dit :
— Tu étais si drôle avec cet air, pouffa Kara. J'avais l'impression de regarder un Yattoon après la reproduction. Est-ce comme cela que vous autres humains réagissaient lorsque qu'on vous caresse un peu ?
— Un peu ? il secoua sa tête, effaré. Tu m'as « caressé » tellement bien que j'ai cru que j'allais avoir une crise cardiaque !
— C'est vrai ? Kara semblait soudain inquiète. Je suis si mauvaise que ça ?
— Non ! Euh… Oui ! Tu voulais ma mort ou m'arracher des informations ?
Kara soupira de dépit et s'assit à côté de Yannis, se collant à lui. Immédiatement, il s'écarta, s'attirant un regard foudroyant de la part de la jeune mage. Gêné, il se rapprocha et elle prit alors un air sérieux :
— Je vois que vous, les humains, vous n'aimez pas les contacts physiques… C'est une sorte de maladie ou de réflexe naturel ?
— Non !
— Pourquoi rougis-tu ? dit-elle en gardant son air sérieux.
— Argh ! Expliques pourquoi tu m'as embrassé ?!
Kara eut un air confus, mais opina du chef.
— Chez moi, en Kadash, on exprime nos émotions et sentiments de cette façon, parce que c'est par le contact physique que passe l'énergie magique. Les scientifiques du monde entier ne savent pas pourquoi elle fait cela, mais la magie permet d'exprimer clairement notre for intérieur en le transmettant. J'ai entendu dire que sur Terre, vous pouviez transmettre des choses par les ondes électromagnétiques pour transporter des messages vocaux, je me trompe ?
— Oui, c'est un moyen assez récent, expliqua Yannis. C'est grâce à des téléphones portables qui utilisent les ondes radio. Mais continue, c'est fascinant !
— Ravie que ça t'intéresse. Donc, pour faire simple, tu peux faire l'analogie entre la transmission des téléphones portables et la magie. Si elle se déplace essentiellement par la lumière dans n'importe quel milieu, elle se transmet à merveille entre les êtres vivants. Le seul inconvénient, c'est qu'elle emporte des informations de l'être qu'elle quitte. Pour les êtres doués de pensées, comme nous, ce sont tout d'abord nos émotions.
Elle réfléchit quelques instants, observant la voûte étoilée. Yannis pensait également à ce miracle que la magie pouvait aussi accomplir : par sa seule transmission, elle véhiculait les émotions des êtres entre eux. Comme ce serait magnifique sur Terre ! Des millions de gens seraient sauvés si les bourreaux savaient ce que ressentaient les victimes, et vice versa ! Et on n’abattrait plus les animaux, et on les respecterait, parce qu'on ressentirait leur peur lors de leur mort et on saurait qu'ils étaient des êtres pensants !
Kara reprit la parole, arrachant Yannis à sa rêverie :
— Mais c'est totalement aléatoire. L'émotion transmise à ce moment-là est impossible à prévoir, même si on a plus de chance de transmettre notre émotion la plus forte au moment clé, ce n'est finalement qu'une question de probabilité.
— Mais alors, dit Yannis, perplexe, Comment as-tu réussi à me faire comprendre ce que tu… hum… ressentais ?
— C'est un trait de ma famille, expliqua tranquillement Kara. C'est cette forme de magie qui prône sur toutes les autres. Et cela fait des générations qu'elle l'explore et la cultive. C'est donc devenu un signe héréditaire, je pense. Voilà pourquoi je suis capable de comprendre et de transmettre les émotions des autres à travers un simple contact.
— Je suis soulagé, soupira Yannis, s'attirant le regard interrogateur de Kara. Mais j'imagine que c'est pas suffisant pour que tu ne considères plus les humains comme une sous-race.
— Détrompe-toi ! Si j'ai vu que tu étais spécial de fond en comble, je sais que tes amis ne sont pas des faiblards d'humains sans cervelle.
— Ah… Mais comment tu peux entre sûr ?
Kara haussa les épaules, puis agita sa main devant le nez de Yannis.
— Il fallait bien que je leur serre la main, conclut-elle avec un sourire espiègle.
Yannis sourit à son tour, puis garda le silence intact en observant les étoiles et les constellations nouvelles et magnifiques. Ce silence-là n'était pas sombre ; il était calme et entraînant comme le bruit de la Méditerranée.
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