Chapitre 20 – Prise de conscience

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*Maty

La jeune fille blonde au sourire toujours encouragent, à la vitalité inépuisable, grattait avec un couteau une pierre contenant un cristal précieux. Elle et tous ses camarades de classe n'avaient pas vu la lumière du jour depuis des lustres, et ils n'avaient plus la notion du temps. La douleur permanente, fille capricieuse du travail acharné qu'ils menaient, réclamait sans arrêt son dû : cris, gémissements, pleurs. Oui, cela faisait si longtemps qu'elle travaillait.

Les autres avaient le teint cireux, les traits tirés par une fatigue chronique, engendrée par le manque de sommeil et la charge que les gardiens leur ordonnaient de porter, d'acheminer aux tables de travail et d'affinage, pour ensuite revenir au fond de la mine refaire le même manège, incessamment. Plus de plaisir, plus de rires : la fille en avait assez. Il faut se rebeller contre ce système d'esclavagisme ! se disait-elle en grattant distraitement le caillou précieux. Soudain, le vigie la repéra et fit claquer son fouet sur son épaule. La douleur fut si vive qu'elle en eut les larmes aux yeux, retenant de lâcher un cri tandis que le garde s'approchait d'elle en murmurant, l'air menaçant :

— Tu continues à glander, sale Mange-boue de merde… Il caressa son fouet, son regard luisant d'une lueur mauvaise, mais il fut rappelé à l'ordre par ses supérieurs. Il grogna de dépit, mais proféra des menaces avant de s'éloigner de la jeune fille.

Le dos en sang, elle rampa jusqu'à la table de travail pour continuer son labeur. Plus loin, du coin de l’œil, elle distinguait l'ombre timide de son amie aux longs cheveux bruns, se déplaçant silencieusement entre les sombres dadais qu'étaient les Trois Lascars. Plus loin encore, elle entraperçut les traces furtives de ses autres camarades, dans l'air, sur le sol. Elle les sentait tous, surtout depuis qu'ils étaient descendus sous terre : l'air y était comme… saturé d'électricité : ses cheveux se dressaient à l'approche des pierres qu'elle devait gratter, et ses sens étaient exacerbés, comme sous l'effet d'une drogue, mais légère. Un parfum d'encens capiteux sortaient des pierres quand elles étaient fissurées, mais les gardes leur interdisaient de les sentir plus longtemps.

Mais elle remarquait déjà les sombres effets de cette senteur sur d'autres résidents plus anciens : leurs dents se détachaient, leurs lèvres se gerçaient et ils toussaient de manière grasse. Mais les plus effrayants symptômes étaient les excroissances sur tout leurs corps, qui prenaient une couleur qui passaient du rouge, au bleu foncé pour finir au noir. Apparemment, c'était extrêmement douloureux et mortel, mais les gardes s'en fichaient, car il y avait un afflux constant de prisonniers.

La jeune fille blonde se demandait comment elle ferait pour faire sortir tout le monde. Mais, en fomentant des plans, elle ne fit pas attention en percutant une personne qui transportait une lourde charge. Ils tombèrent au sol, le contenu du sac de l'inconnu se déversant sur le sol : du sable doré et fin. Elle s'excusa exquisément et ajouta :

— Pardonnez-moi, vous allez bien ? Je ne vous ai pas fait mal ?

L'individu sursauta, comme surpris : c'était un jeune homme à la peau blafarde et aux cheveux roux, le visage pourtant dépourvu de taches de son. Il l'observa de haut en bas, puis déglutit et ramassa prestement ce qui restait de son sable, avant de reprendre sa marche, sans dire un mot.

La fille soupira, consciente qu'il ne fallait pas flâner mais agacée par le manque de politesse du garçon. Peut-être un séjour prolongé ici-bas avait rongé sa volonté d'être un peu gentil. Elle continua à rêvasser quand elle sentit un objet dans sa main. Elle ouvrit son poing et y découvrit un petit morceau de papier sur lequel était écrit :

« Retrouve moi après la pause au Trou. Je t'y attendrai. »

« T. »

Magnifique : elle avait peut-être envoûté quelqu'un…

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