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J’ai emménagé dans la petite chambre. En fait, William et Guillaume faisaient lit commun. William était aux petits soins pour moi. Je n’avais jamais été aussi choyé. Il n’avait aucun geste déplacé. Seulement, il se déplaçait souvent en petite tenue. Il avait des sous-vêtements très spéciaux, très réduits, mais qui ne choquaient pas. Il avait un joli corps, aux formes douces et viriles, sans beaucoup de poils . Sa peau si blanche était constellée de minuscules étoiles d’or. Je me refusais à l’admirer. Je me déplaçais toujours entièrement habillé. J’ai mis plusieurs semaines avant d’oser en parler.

— Will, je voulais te dire…

— Oui, vas-y, n’aie pas peur !

— Ton petit slip en dentelle rouge…

— C’est un string, mais continue…

— Au début, j’ai trouvé ça drôle, un mec qui porte de la dentelle…

— Et…

— Je trouve que cela te va bien !

— C’est pour ça que tu es aussi rouge que lui ? Non, arrête, Nicolas ! Merci beaucoup pour ce compliment. Je n’ai pas réfléchi que je pouvais te choquer. Je suis content que tu le prennes comme ça.

— C’est vrai que cela te va bien. Je te trouve beau.

Nouvelle couche de rouge !

— Merci, Nicolas. Tu sais, la dentelle était réservée aux hommes autrefois.

— Oui, tu as raison. Tes autres sous-vêtements sont très beaux aussi !

— Nicolas, je t’adore ! C’est vrai que je suis bien à me trimbaler comme ça. Je voulais aussi te décoincer un peu ! Tu peux être libre aussi. Ça ne me dérangera pas et je ne toucherais pas !

— Merci !

Sauf que je n’étais pas du tout disposé à le faire.

Au bout d’un mois environ, il me dit qu’il allait sortir en boite. Je n’avais ni les moyens ni l’envie, sans même ajouter le qualificatif de gay. Puis ce fut chaque vendredi et chaque samedi. Il revenait les lendemains matin, l’air satisfait. Son sourire en me regardant me faisait plaisir, il semblait heureux et rassasié.

Le reste de la semaine, quand je ne bossais pas, on travaillait ensemble. Très vite, je m’aperçus que j’avançais plus vite que lui. L’aider à progresser devint une de mes joies.

Une question me tourmentait. Il dut s’en rendre compte, car il m’invitait régulièrement à lui poser toutes les questions sur n’importe quoi.

— Will, c’est quoi, être homosexuel ?

— Quelle question ! C’est ça qui te travaille tant ces derniers jours… Que veux-tu savoir ?

— Qu’est-ce que vous faites ?

— Ah, ça, simplement ! Tu ne sais pas ? Tu es vraiment trop mignon ! Et bien, on se donne du plaisir entre hommes, c’est tout.

— Mais avec quels gestes, comment ?

— Écoute ! Je ne peux pas t’expliquer. Par contre, si tu veux, on peut regarder des vidéos.

— Des pornos ?

— Pourquoi ce mot ? Il y a de belles vidéos qui montrent des hommes, ou des femmes, ou les deux, qui font l’amour, avec plaisir et respect. Il n’y a rien de sale ou de honteux. Sauf pour ceux qui les regardent comme des cochons.

— Pourtant…

— Oui, il y en a des dégueulasses. Mais je te propose autre chose, si cela ne te fait pas peur… Au fait, tu as quel âge ? Je ne t’ai jamais demandé.

— Dix-huit, dans un mois, le 13 !

— Ah, mais tu es un tout petit garçon ! Moi, j’en ai dix-neuf et demi. Alors, tu veux regarder ?

— Oui. Je ne veux pas rester idiot…

Nous nous sommes installés. Bien sûr, il était dans sa tenue usuelle, un mini-slip et un t-shirt.

— Tu veux voir quoi ? Homme-femme, femme-femme ou homme-homme ?

À vrai dire, j’étais aussi ignorant dans les trois domaines. Il devait s’en douter.

— Comme tu veux !

— Alors, ce que je préfère.

Deux très beaux jeunes hommes se rapprochent, se sourient et se caressent. Les voir s’embrasser tendrement, partout, est une surprise pour moi, tant ils semblent heureux de le faire. Ils se dénudent l’un l’autre. Le plus jeune n’a aucun poil, nulle part. Cela magnifie son corps. Je découvre ensuite les pratiques entre garçons. Ils semblent trouver le même plaisir à donner et à recevoir.

— Alors, ça t’a plu ?

— Ce n’est pas ça que je dirai. Mais j’ai compris. Je peux te poser des questions ?

— Ah ! Tu as des questions sur le sujet ! Tu es vraiment un martien ! Vas-y ?

— Ça ne sent pas mauvais, quand ils le prennent dans la bouche ?

— Ça dépend avec qui tu le fais ! Normalement, non. Des fois, oui. Ça ajoute de la bestialité, c’est plutôt bien. Enfin pour moi.

— Et toi, ça t’a plu ?

— Regarde !

Il écarta son entrejambe. Je vis son slip tendu, son sourire. Il n’était pas méchant, juste gênant.

Ensuite, régulièrement, nous avons regardé un de ces films, de toutes les sortes. Mon éducation a fortement progressé. J’ignorais tout de ces pratiques. Pour autant, je ne me suis jamais senti concerné.

Un samedi matin, je fus étonné de découvrir dans la cuisine un garçon entièrement nu. Will fit les présentations, le plus naturellement du monde. J’avais bien entendu des bruits dans mon sommeil, mais j’avais oublié les avertissements de William.

Je pris de quoi manger et les quittais pour les laisser tranquilles. Je les entendais rire, puis s’affairer dans la salle de bain. Les cris de l’invité m’insupportaient. J’essayais vainement de me plonger dans la lecture d’un polycopié ardu. J’entendis la porte du palier claquer. Il était près de 15h, j’avais faim, mais je n’osais pas sortir de ma chambre, ne voulant pas avoir à affronter William. C’est lui qui pénétra dans ma chambre, sans frapper. Il s’allongea sur le lit, en me touchant forcément. Il attendait une parole, un geste. Je ne savais que faire. Il attrapa le livre, le jeta au loin.

— Nicolas…

— Regarde-moi, Nicolas ! S’il te plait ! Dis-moi ta gêne.

— Non, il n’y a rien. Tu m’avais prévenu. Tu es chez toi, tu fais ce que tu veux ! Juste…

— Oui ?

— La prochaine fois, dis à ton copain de ne pas me déshabiller des yeux ! Je ne suis pas comme vous !

— Nicolas, tu es beau, tu ne veux pas le voir ni l’entendre. Il est normal qu’on t’admire. Apprécie ces regards ! Tout le monde n’a pas cette chance !

— Mais je ne suis pas un objet sexuel !

— Quand accepteras-tu que tu as des pulsions sexuelles ? Que tu en déclenches chez les autres ? Vis ta vie, bordel ! Tu es jeune, tu es beau, tu es intelligent, tu as tout pour toi !

— Si tu le dis !

— En plus…

— En plus ?

— Moi, je t’aime ! Plus que toi tu t’aimes ! On va bouffer ?

Il se leva en me tirant par le bras. Je n’avais pas pu lui répondre. Pendant le repas, il me fit un numéro de charme, plein d’humour et de tendresses. Ce jour-là, j’ai failli lui tomber dans les bras, l’embrasser. Les conséquences possibles m’en empêchèrent.

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