SOUVENIRS
Me l'a t-on jamais dit que l'enfer séjournerai sous mes pieds, puis au-dessus de mon chapotion ? J'assiste à ces merveilles célestes et souterraines, mais encore leurs épreuves restent un long poil moins infernales que sur cette médiane de malheurs. Bien que, à Miloomba, ce fût agaçant, surtout cet arbre à deux peaux de szourk, non ! Même la forêt me crispait de folie ! Asticotait mon mental ! Venait hanter mon chemin, par ces moustiques de katapa fouteurs de malédiction en tout genre pour chaque piqûre.
Pendant, au hazard, des mois, oui des mois, le feuillage m'empêchait de voir le ciel, faites part de mes remerciements aux bestioles de la forêt. En effet....tous les cinq à dix pas je devais trébucher, dès que je grimpais à un arbre, des fruits ou branches m'invitaient à tomber plus bas, même après avoir réussi....
Il semblait presque que les arbres avaient secrètement bougé pendant mon ascension, changeaient de place, pourtant j'avais vérifié ! Ils avaient bien des racines et par ma force du constat, elles étaient plantées ! La progression était lente, malgré les potions, certaines émancipant les malédictions les plus tenaces, d'autres me soignant des venins méconnaissables, ou encore décuplant mes capacités sans que je sache lesquelles . Seulement lorsque nous sommes en rade d'anti-moustique de katapa, il est difficile de survivre. Je confondais les directions, j'hallucinais de sons et bruits intimidateurs. Tant que les moustiques n'avaient pas consommé la totalité du sang qu'ils m'avaient pris, alors je subissais leur handicap.
Pourtant, un moyen infaillible venait à bout de ces troubleurs d’aventures ; ne pas bouger ! Or je me devais d’avancer, sinon la mort se serai moqué de moi. Parfois, je m’asseyais pendant une journée, le temps que quelques malédictions s’évanouissent, avec des fruits de coté. Pour m’occuper je complétais donc mon bestiaire et dessinais les paysages de mon imagination. Une fois la patience passée, je me relevais, le sang circulait à nouveau dans mes artères. Maintenant que je cessais de me viander, je tentais tant bien que mal de me protéger.
De suite à une marche dont je ne mesurais plus la longueur parcourue, peut-être par l’habitude des interminables trajets, je me lassais. La forêt devenait plus dense, par hypothèse j’en aurai conclus que je plongeais en son coeur, or mon orientation me faisait défaut, alors plutôt ? je plonge en quoi ? L’irrégularité des jours me faisait encore passer des nuits écoulées. Ici, la vie est bien accueillie et ne semble pas accepter la mienne.
Nous sommes à l’aube, je sifflais quelques notes, puis bu une potion fortifiante dans l’espoir qu’elle me donne de l’agilité, de la discrétion, ou de la perception . C’en a été tout autre, mon envie de musique s’amplifia nette au plus haut, maudite soit cette potion! Si je devais toucher à ma flûte les prédateurs me repéreraient aussitôt. Je le fis, j’en avais tellement envie que mon instrument chantonnait déjà, mes lèvres souffleuses posées.
- Ras le chapeau !
Le danger commence inlassablement à me poursuivre. Des yeux apparurent dans la pénombre commençante, des gros... des petits... des petits plus gros, ils me fixèrent, je ne savais pas lire le sens de leur regard, si cela était de la curiosité ou de l’attirance gustative, si ils eurent une once d’intentions, mais lesquelles ? Les arbres étaient hauts, pourtant lorsque j’étais entré dans cette forêt, elle s’élevait à perte d’horizon à ma hauteur de taille, avec mes sauts à répétition j’avais pu voir seule une silhouette au bout qui laissait paraître une immense cîme qui devait recouvrir une bonne partie de ses soeurs et frères végétaux. Désormais que je suis en son sein... Rhaaa! Laissez-moi rire, n’aurais-je pas rétréci? Un sortilège vicieux qui perdure aussi longtemps démontre de la puissance d’un mage, est-ce réellement possible ? Un ermite? Non... En ces lieux, guère personne ne peut vivre, excepté les animaux qui errent pour errer. Sans que je le sache, il serait là à m’observer depuis le début ? Non, pas possible, j’ai pris mes dispositions pour remarquer les moindre présences alentour... Aurait-il contré ma magie ? Comment vaincre la magie accumulée d’une fiole, surtout la mienne. Il est moqueur... Comment le vaincre !? Je devenais de plus en plus obsédé par cette certitude, presque schizophrène à ce qui m’entourais. Le mystère resta longtemps ainsi, jusqu’à que je l’éclaircisse. Une chose positive, la récolte était bonne.
Perdu dans ces récents souvenirs de Miloomba, je dois arrêter de tergiverser. L’immense désert me déconcerte . Je me méfie de tout ce qui est ‘’immense’’. Je ne sais guère ce que le désert me réserve, sauf les bases de la survie : récupérer de l’eau, se rafraîchir, se nicher etc...
Je vois bien que l’horreur existe ici même. De longs piliers recouvrent tout le territoire, le vent gigolotte entre eux , enfin il en use pour devenir des tempêtes éternelles, accapare-toi d’une bonne protection. Pour ma part je ne suis équipé que de ma cape déchiquetée et de mon poncho. Son mystère viendra à moi, ce qui est normal car je le découvre. D’après mon savoir, des golems parcourent en cercle la mer de dunes, d’autres se laissent transporter par les courants du vent, mais aussi du sable. J’attache mon chapotion, resserre le bout de mes manches, vérifie si mes vêtements ont besoin d’être rafistolés. Ma cape abîmée n’est pas encore aguerrie pour vaincre ces calamités. Munie de mon aiguille et d’un fil, je me prépare... attends moi, petit paysage, que je t’affronte.
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