et toujours ce questionnement
Le fil, je l'ai perdu. Les mots ne sont que de piètres choses pour tenter d'exister quand le monde disparaît. Cela résonne noir même si dehors le soleil est là. La langue semble se pendre aux branches basses de ces jours de novembre où tout a sombré. Alors reste la musique avec Arvo Pärt Da pacem domine * puis Für Lennart in memoriam pour que le temps s'écoule et que la main s'arrête de trembler. Puis entrer dans le silence délivré par la musique, regarder par la fenêtre sans comprendre : le monde est immense et je ne sais rien. Il y a des secrets qui naissent entre les anneaux des notes de musique se dentelant au fil de l'écoute ; ils sont emplis d'un frisson bleu aux reflets ondoyants, ils s'infiltrent dans le souffle et l'on se sait porteur dans le creux de l'oreille d'un grand secret de la terre. Les cœurs battent plus fort, le sang est plus limpide qui coule dans les veines, les paupières s'abaissent, cela fouille loin en soi et ce qui s'énonce là vient de si loin que la main de celui qui ne peut rien dire tremble un peu. L'air est creux.
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