La nuit, je me mens

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" La nuit je mens

Effrontément "

La nuit je mens

Paroles : A.Bashung - J.Fauque

Musique : A.Bashung - Les Valentins

Interprète : A.Bashung puis Sophie-Tith

La nuit, je me mens.

Je longe les murs sombres de ma cité, me fonds dans le noir des villes. 

Je feins de n’être que le spectateur de ces vies qui défilent sous mes yeux.

Pourtant, je sais. 

Je sais que ce soir encore, je vais infléchir un destin, soustraire une jeune femme à son existence.

Il faut croire que j’ai ça dans le sang. Tuer. Pour le plaisir de tuer.

Les journaux me surnomment " la main de Satan ". Qu’est-ce qu’ils en savent ? Je pourrais tout autant être le bras armé de Dieu. Après tout, si mes victimes trépassent, c’est peut-être le fruit de sa volonté.


La nuit, je te mens, Roxanne. Je joue avec toi pour que tu me serves d’alibi. Tu es amoureuse, amoureuse jusqu’au parjure. Parfois, quand je sens que tu t’éloignes, que ton inclination pour moi s’étiole au petit jour, je te culbute. Juste pour t’accrocher à moi. Tu es mon passeport pour la liberté, te baiser périodiquement en est le prix à payer. Qu’importe ce que ça me coûte, l’amour, le vrai, je le vis lors de mes escapades nocturnes.


Elles doivent toujours être blondes, porter un foulard Hermès et être parfumées d’une fragrance fleurie. Je les repère le jour, en flânant dans les rues, en quête de mes proies. Je guette leurs habitudes. Et quand vient leur heure, je les suis, les isole dans une impasse pour les aimer. Elles ne comprennent rien à cet amour que je leur fais, que je leur donne. Les connes ! Alors je suis obligé de les buter. Pour les faire taire, pour aller jusqu’au bout de mon orgasme. Si elles s’étaient laissées faire, peut-être que… Non, les tuer fait partie intégrante de mon coït, mais sans doute vivraient-elles plus longtemps. Juste pour lire sur leur visage leur jouissance avant qu’elles ne s’éteignent. Un éclat de lumière, puis l’obscurité.


Elles ne m’offrent jamais rien, c’est pour ça qu’elles meurent si vite. Elles ne sont pas comme toi, Roxanne. Toi, tu te donnes. Alors je te prends, en égoïste. Car je me fous de toi. Complètement. Je ne t’aime pas, puisque tu n’es pas blonde. Les foulards Hermès, je les collectionne, je pourrais en vêtir ton corps disgracieux. Mais ils ne t’iraient pas. Tu ne leur ressembles pas. Tu es tellement fade, incolore. Comme moi dans mon costume trois pièces, lorsque je me rends à mon travail. Les lunettes écaille, le petit attaché-case, l’employé-modèle qu’on imagine ennuyeux et terne, c’est moi. Ou plutôt l’opposé de moi, le beau gosse de la nuit. Elles devraient toutes l’aimer, ce séducteur nocturne. Qu’est-ce qu’elles ont à crier ? Elles devraient au contraire se sentir flattées. Ce n’est pas comme si c’était mon homologue diurne qui les honorait.


Le jour, je vous mens, à vous tous. Parce que votre collègue de bureau, insipide, n’est pas celui que vous croyez.

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