44. Confrontation.
Ils arrivèrent à hauteur de la porte-fenêtre donnant sur la terrasse, Daphnée les arrêta.
— Attendez, laissez-les !
Un peu affolée, Adèle lui répondit vivement,
— Mais non ! Qu’est-ce qui s’est passé ? Pourquoi en sont-ils venus aux mains ? Bertrand ne voulait pas en arriver à ça !
Daphnée tenta de l’apaiser,
— De fait, c’est Olivier qui a commencé en faisant un coup bas à Bertrand.
Elle raconta ce à quoi elle avait assisté ; lors de la discussion, Bertrand avait été clair et précis avec lui, il n’avait pas intérêt à faire souffrir Daphnée avec d’autres mensonges ou enfantillages de sa part ; il allait être père et devait se comporter en adulte responsable.
Au moment ou Bertrand avait voulu clore la discussion, Olivier l’avait interpellé crument,
— Il parait que tu l’as mise en cloque ! C’est comme ça que tu la tiens ?
Bertrand, qui s’était tourné vers la porte-fenêtre, refit face à Olivier et lui dit,
— Pardon ?
— Ouais, Adèle, il parait qu’elle est en cloque !?
Un tantinet énervé par le ton irrespectueux d’Olivier et son air moqueur, mimant un ventre rond qu’il caressait en minaudant, Bertrand avait répliqué,
— Adèle, mon épouse, est effectivement enceinte. Ça te pose un problème ?
— Bah, non, mais rapide… Et quoi, tu te l’es faite facile après la rupture ? T’as profité qu’elle vienne pleurer dans tes bras ?
Commençant à voir rouge, Bertrand lui avait riposté sèchement,
— Non, tu vois, moi, j’ai attendu qu’elle aille mieux, qu’elle se remette, non seulement de la rupture, mais aussi de la fausse-couche. Pas comme toi qui t’es empressé de te mettre avec Daphnée qui venait de rompre ! Je n’ai pas fait le vautour, moi !
— Oh, ça va, toi ! Tu bavais sur Adèle pendant que j’étais encore avec elle.
— Oui, je l’aimais déjà, comme toi, tu n’as jamais su l’aimer pauvre tâche ! Tu ne l’as jamais respectée !
— C’est ça, c’est ça ! Avec moi au moins, elle prenait son pied… Et avec toi, elle y arrive ?
Bertrand tentait de respirer profondément… L’homme qu’il avait devant lui, le dégoûtait, il n’avait aucune notion de respect, aucune notion d’amour. Bertrand avait fermé les yeux en soupirant avant de lui balancer un « pauvre type » puis lui avait tourné le dos et s’était dirigé vers la porte-fenêtre. Il avait décidé que la situation ne valait pas la peine de se mettre en pétard.
Dans la seconde, Olivier s’était retrouvé à son niveau et l’avait frappé au niveau de l’épaule en lui lançant,
— Petite bite, c’est comment au pieu avec elle ? Hein ? T’y arrive au moins « Monsieur le super copain ». Ça ! Qu’est-ce qu’elle me faisait chier parfois quand elle causait de toi, « Monsieur Parfait » !
Froidement, Bertrand lui avait répliqué,
— Petit con, tu me parles autrement ou je t’en colle une !
— C’est toi le petit con, je suis sure qu’elle pense encore à moi quand vous baisez !
En gardant son self-control, il avait riposté,
— Nous faisons l’amour, nous. Mais c’est une chose que tu ne sembles pas connaître, ni comprendre.
— C’est ça… T’es un second choix, mec, rien qu’un second choix !
En tentant de rester calme, Bertrand avait répondu,
— Tu sais ce qu’il te dit le second choix ?
— Naaan, mais tu vas me le dire, non ?
— Ferme ta gueule petit con, arrête de déverser ta merde ! Tu ne respectes ni Daphnée, ni Adèle, tu ne penses qu’à toi, à ta petite bite et c’est tout.
— Me traite pas de petite bite, petit con !
— Tu commences à sérieusement m’emmerder, toi, ne me cherche pas où tu vas me trouver.
— Ben voilà, petit con, je t’ai trouvé… Et quoi ? Qu’est-ce que tu vas faire ? M’en coller une ?
— Oui.
Bertrand avait joint le geste à la parole et lui donna un coup de poing sur la joue gauche. Sonné, Olivier l’avait regardé avec incompréhension puis lui avait rendu son coup de poing.
Devant les spectateurs qui étaient arrivés entretemps, d’autres coups se perdirent. Cependant, Bertrand avait quelques notions d’arts martiaux qui lui permirent d’immobiliser Olivier qu’il colla contre le mur tout en le tenant par la gorge.
Proche de son oreille, il lui glissa,
— Alors petit con, tu te sens comment maintenant ?
— Lâche-moi !
— Mais, pourquoi ? Je pense qu’il serait plutôt temps de t’excuser, non ?
— J’vois pas pourquoi ! Tu m’as piqué Adèle !
Saisi par l’affirmation d’Olivier, Bertrand eut un rire nerveux puis répliqua vertement,
— Je t’ai piqué Adèle ! Mais bordel, qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre ! Tu as perdu Adèle à cause de ton comportement de gros salaud, rien d’autre ! Et Daphnée, t’en fait quoi, connard ? Elle est quoi pour toi ? Une passade, une pause avant la prochaine nana que tu vas entuber ? T’es vraiment qu’un pauvre type ! Ma cousine est enceinte de toi et si tu as un minimum de respect pour elle, tu as plus qu’intérêt à faire profil bas et à la respecter pour la chance qu’elle t’offre de pouvoir élever votre enfant ensemble. Elle n’est pas obligée !
— C’est mon enfant, j’ai des droits !
— Ah oui, eh bien moi, je suis avocat et je vais défendre ses intérêts, personnellement.
Il plaqua à nouveau Olivier contre le mur puis le lâcha brusquement et se retourna dans le but de quitter la terrasse. Il découvrit alors les parents d’Olivier, Adèle et Daphnée qui le regardaient, ébahis.
Adèle le rejoignit et lui caressa le visage qui était tuméfié par endroit.
— Mon amour, tu n’as pas trop mal ?
Il prit sa main et l’embrassa. Adèle lui glissa un « attends » et le laissa pour se diriger vers Olivier. Bertrand fut d’abord un peu saisi qu’elle le laisse pour rejoindre Olivier, mais ce sentiment fut de courte durée. En effet, une fois à hauteur d’Olivier, ce dernier crû recevoir de l’aide de sa part. Malheureusement pour lui, ce fut une gifle cinglante qu’il reçut.
— Ça, c’est pour Marine.
Adèle reprit un peu d’élan et lui flanqua une autre gifle en lui disant,
— Ça c’est pour la chlamydia.
Elle respira profondément puis expira avant de lui donner une troisième gifle, en lui prétextant, cette fois-ci :
— Et celle-ci, c’est pour ce que tu as osé dire à Bertrand. Saches que, côté cul, tu ne lui arrives pas à la cheville.
Elle se redressa puis le regarda de haut en bas… Il était éberlué et se tenait la joue où avait été donnée la dernière gifle. Adèle sourit et, avant de se tourner et de rejoindre le groupe, elle lâcha,
— Eh bien, ça fait du bien, tout compte fait !
Elle tourna les talons et le laissa planté là.
Bertrand l’accueillit dans ses bras, elle lui proposa de le soigner et de lui poser quelques glaçons sur le visage qui portait la trace des coups de poings échangés.
Marie proposa de lui fournir les glaçons, Charles les suivit après avoir lancé un regard noir à son fils.
Daphnée resta seule sur la terrasse avec Olivier.
Elle s’approcha et lui dit, sans le toucher,
— Alors Olivier, qu’allons-nous faire à présent ?
Il n’osa pas trop la regarder, honteux de ce qui venait de se passer et d’être dit. Il resta mutique.
— Toujours aussi peu loquace à ce que je vois.
Il finit par lui dire, sur un ton un peu penaud,
— Bertrand sera ton conseiller juridique pour le bébé, c’est ça ?
— Oui, il me tient au courant de mes droits. Je te l’ai déjà dit, je ne compte plus à me faire entuber. Tes parents auront un droit de visite et de garde pour leur petit-fils, nous en avons déjà discuté.
Sur un ton violent, il riposta,
— Et moi ? Je suis son père !
— Oui, enfin, actuellement, tu te comportes essentiellement comme un géniteur ; d’un père, j’attends un peu plus, notamment de faire couple, mais pas avec l’idée actuelle que tu as du couple, qui inclut quasi d’office une maîtresse.
— Mais non, j’ai changé !
— Ah oui, c’est pour ça qu’avec Bertrand t’as juste parlé de ta bite !
— Mais…
— Mais quoi ?! La façon dont tu l’as chargé est bien à l’image de ce que tu es, un gars immature. Je ne voulais pas y croire, c’est pour cela que j’ai laissé Bertrand te parler. Et finalement, tu ne fais que confirmer ce que je m’efforçais de ne pas voir en toi.
Elle soupira puis lui demanda, sans attendre de réponse de sa part,
— M’as-tu seulement aimée un jour ? Rien n’est moins sûr…
Dépitée, elle lui tourna le dos et quitta la terrasse. Des larmes coulaient sur ses joues.
***
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