CHAPITRE 4

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Les candidats expédièrent leurs remerciements avec une hâte non dissimulée. À peine sortis de la voiture, ils ouvrirent le coffre et s'empressèrent d'enfiler leurs sacs à dos. Le caméraman les suivait de près, aussi collant qu’une crotte dans les poils de son chat Polisson.

Seul au volant, Marc se sentit soudain vide et idiot, comme s’il avait été relégué à un second rôle.

“Alors, c’est donc comme ça que tout se finit ?” pensa-t-il, les mains désormais incrustées dans le volant. “Je vais rentrer chez moi et attendre, dans l’angoisse, la prochaine saison de l'émission…?”

Il resta un instant à les observer. Les deux jeunes hommes, qui quelques minutes plus tôt rayonnaient d’excitation, semblaient maintenant désorientés. Ils tournaient autour du drapeau rouge, l’air perdu, tout en jetant des regards nerveux à la caméra et à Marc.

Curieux, Marc finit par ouvrir la portière de la voiture.

« Tout va bien, les gars ? Où est Stéphane ? » demanda-t-il, la voix un peu tremblante, mais teintée d’un enthousiasme sincère.

Dans l’émission, l’animateur Stéphane Rotenberg attendait toujours les candidats à la zone d’arrivée.

Le plus grand des deux candidats haussa les épaules, un air d'impuissance sur son visage aux yeux ronds.

  • On sait pas, monsieur ! Y’a personne, et le registre est vide, on sait pas quoi faire ! »

Marc fronça les sourcils.
« Ne m'appelez pas "monsieur", vous allez me filer un coup de vieux ! »

« Pardon... monsieur. »

Marc lança un regard consterné à la caméra. A côté de ces candidats légèrement simplets, il n’aurait finalement peut-être pas à rougir de sa prestation dans l’émission.

Une bouffée d’orgueil monta en lui. Il pouvait encore sauver son image après ses maladresses.

« Bon, écoutez, je connais bien l’émission. Il doit y avoir un truc caché. Une épreuve spéciale pour faire apparaître Stéphane ou déclencher la suite. Je vais vous filer un coup de main ! »

La possibilité d’endosser le rôle du sauveur lui redonna confiance. Il se mit à fouiner autour du drapeau, souleva le pupitre, compulsa le registre vide avec des gestes un peu trop théâtraux. Ses mains palpèrent chaque surface, cherchant un bouton ou un mécanisme secret. Rien. Derrière lui, les deux candidats se contentaient de le regarder en échangeant des regards perplexes.

Soudain, Marc se redressa, les yeux brillants.
« La cabane ! » s'exclama-t-il. « Elle n'est pas là par hasard ! Il doit y avoir quelque chose à l'intérieur, un indice. Allons voir ! »

Le caméraman ne manqua pas une miette de cette déclaration héroïque et zooma sur Marc. Grisé par ce rôle imprévu, gonflé d'une énergie nouvelle, Marc s’avança d’un pas alerte. Derrière lui, les candidats suivaient, intrigués.

Il poussa la porte, qui répondit par un grincement sinistre. Un courant d’air froid s’échappa, et souleva une fine couche de poussière dans l'obscurité. L’intérieur était sombre, l’odeur de bois moisi et de renfermé sauta au nez de Marc. Il porta instinctivement sa main à son visage pour se protéger de cette atmosphère étouffante.

À peine éclairée par la lumière qui filtrait à travers les volets fermés, la pièce semblait figée dans une autre époque. Une chaise en fer, solitaire et usée, trônait au centre, Marc hésita. Il ne se souvenait pas d’un décor aussi sinistre dans l’émission. Le contraste entre cette atmosphère glauque et le jeu habituellement bon enfant le mit mal à l’aise.

« C’est bizarre, vous ne trouvez pas ? » murmura-t-il en se tournant vers les candidats et le caméraman, qui le regardaient depuis l'encadrement de la porte. Mais avant qu’il n’obtienne une réponse, le caméraman s’avança brusquement.

D’un geste brusque, il poussa Marc vers l’intérieur. « Asseyez-vous là, c’est sûrement la prochaine étape », lui dit-il, un sourire étiré sur les lèvres.

Marc, trop surpris pour résister, s’effondra presque sur la chaise. Il avait à peine eu le temps de reprendre son souffle que quelque chose de froid enserra ses poignets. Le bruit métallique des menottes résonna dans l’espace confiné. La panique s’empara de lui.

« Eh, qu’est-ce que vous faites ? » tenta-t-il de protester, mais le caméraman, après avoir posé sa caméra sur un trépied face à Marc, était déjà en train de reculer.

La porte se referma avec un bruit sourd et Marc se retrouva seul dans la pénombre.

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