Chapitre 5: «Ce n'est pas ce que j'appelle une vie, Louis!»
«Dire le secret d'autrui est une trahison, dire le sien est une sottise»
- Voltaire.
Maëlys était confortablement installée dans sa chambre. Allongée sur son lit, elle ne cessait de repenser à sa journée. Après être partie chez elle et après avoir rencontré le père de Louis, elle avait eu une discussion avec Annabelle, la "professeur" d'histoire.
Elle ferma les yeux et tout les souvenirs l'assaillit.
***
Flashback.
Maëlys était debout devant Annabelle. Elle ne savait pas quoi en penser. La seule chose qu'elle put exprimé est la suivante.
— Je croyais que vous et Louis c'était assez tendu...
— Oui, en effet, rit-elle.
— Alors que faites-vous là?
— Je voulais te parler. J'ai pris la place de ton professeur qui t'aurait raconté que des mensonges. Ne t'inquiète pas, il est allongé entre une rangée de livres. Oh et tutoie moi, ajouta-t-elle en s'asseyant sur un fauteuil en soie.
Maëlys s'assit également et fixa son interlocutrice. Annabelle semblait ne pas vouloir s'étendre davantage sur le véritable professeur. La princesse d'Astramo lui demanda d'un ton hésitant.
— Vous.. Tu veux me parler de quoi ?
— De toi, dit-elle en souriant, puis ajoute en ayant les traits fermes, de Louis, de son père et de ton père.
— Bien. Je t'écoute.
— Tout d'abord, sache que cette conversion doit rester qu'entre nous deux, tu ne dois pas dire à Louis que tu es au courant de tout.
— Soit, promet Maëlys.
— Comme il te l'a expliqué, il existe deux clans de dieux. Il t'a donné des noms assez compliqué pour nommer les clans. Ceux sont les véritables noms, sache le. Mais pour mieux retenir les deux forces, retient ça: il existe les forces de l'Eau et les forces du Feu.
Après, exactement, les forces de l'Eau sont composés des divinités de l'Eau, du Vent, de la Terre, et les forces du Feu des divinités du Feu, de l'Électricité et de l'Obscurité. Tu comprends ce que je te dis ?
— Oui, c'est bien plus simple de retenir l'Eau que les Aqlairre, s'esclaffa la princesse.
— Je me doute bien. Pour faire simple et être directe, tu fais partis du Feu. Pour être encore plus précis, tu es la déesse du Feu Sauvage. Et toute ta belle-famille et ton père font partis des forces de l'Eau, nos ennemis. Ils pensent que tu ignores ton statut et souhaite te manipuler.
Maëlys ne sembla guère étonnée et cela n'échappa pas à Annabelle. Cette dernière préféra ne pas s'attarder dessus, mettant le fait de son impassibilité sur le choc. La tigresse poursuivit son explication.
— Lorsque ton beau-père a dis le terme "espèce", il sous-entendait ton appartenance à ce clan et non ton vécu d'humaine. Il s'est rendu compte que tu ignorais de tout et en est fort ravi. Il a toujours souhaité avoir dans son groupe une déesse d'une aussi grande puissance. Il te voit donc comme une arme.
— Louis pense-t-il comme son père ?, réagit enfin Maëlys.
Annabelle ne savait que dire. Devait-elle lui mentir ? Devait-elle être aussi manipulatrice que les Eaux? La déesse lui répondit finalement.
— Je ne sais pas.
Maëlys se contenta de la fixer, suspicieuse. Elle se leva et posa sa main sur la poignée de la porte. Avant de partir, elle se retourna et murmura.
— Merci. Merci de m'avoir fais comprendre à quel point je ne suis vue que comme un objet, que ça soit de leur clan...
Elle ouvrit la porte et termina sur une pointe de reproche
— Ou de l'autre clan.
Fin du flashback.
***
Maëlys ouvrit à nouveau les yeux et soupira longuement. Sa vie d'avant lui manquait tellement. S'était-elle précipitée bien trop vite ? Avait-elle réellement fais le mauvais choix ? Pouvait-elle encore faire un retour en arrière et rejoindre sa chère maman ? Que des questions sans réponse malheureusement. Soudain, elle entendit quelqu'un toquer à sa porte. Elle murmura entrée et patienta. Celle-ci s'ouvrit et laissa place à Louis, son futur époux ô combien manipulateur. Maëlys sourit, cachant sa colère au fond d'elle, et pensa ironiquement qu'elle avait déjà tout compris à son rôle de princesse. Se taire et acquiescer, tel était son devoir. La jeune demoiselle se mit en position assise et dit d'un ton rempli d'excuse.
— Veux-tu m'excuser... J'étais en pleine réflexion et je ne pensais pas que tu viendrais.
— Ce n'est rien, Maëlys. Tu as bien le droit de te reposer, rit-il.
Le prince l'avait rejoins sur son lit et prit à nouveau la parole.
— Mon père et ton père ont accepté notre mariage. Tu les as impressionnée par ta force de caractère.
— Tu m'en vois ravie, dit-elle ironiquement.
— Je suis sérieux. Mon père pense que tu ne te laisseras pas faire et que tu feras tout pour notre royaume. Surtout vu que tu seras incroyablement puissante.
— Comme toi, ton père, le mien...
— Ce n'est pas que je veux dire. A la mort de mon père et du tien, tu incarneras le rôle de l'impératrice de la Magie et également reine d'Astramo. Une position assez convoitée par les personnes de la haute caste sociale, explique Louis.
Maëlys ricana intérieurement. En plus d'être une soi-disant puissante divinité prévue d'être utilisée comme une arme, elle était également la future reine d'Astramo et impératrice de la Magie ? Le monde l'avait bien gâté on dirait. Maëlys sursauta quand elle entendit la phrase suivante.
— Ainsi, le mariage aura lieu demain après-midi.
— Pardon ?, s'offusqua Maëlys. A peine arrivé, je me marie ? Je sais que cela été prévu mais pas aussi tôt voyons !
— C'est seulement par soucis de sécurité. Mon père est victime de plus en plus d'attaques et il aimerait que son fils soit marié et qu'il est rapidement...
Louis devint soudainement gêné et ne savait plus quoi dire. Maëlys attendit donc, ne comprenant pas où le prince voulait en venir. Ce dernier dit d'une seule traite.
— Un enfant afin de consolider notre famille au trône.
Maëlys fixa Louis avec des yeux énormes. Et dire qu'il y avait quelques mois elle s'inquiétait seulement du bac... La princesse se leva et fit les cents pas dans la pièce. Louis regarda ses mains et murmura.
— Personne ne t'a prévenu n'est-ce- pas ?
— Quand auraient-ils pu ? J'ai rencontré mon père il y a seulement une semaine, toi aussi. En moins de deux semaines, j'aurai été marié, et probablement un enfant en route. Dans 1 mois, je vais apprendre que oui, il y a bien un enfant en route. 8 mois après j'accouche, et hop. Tu imagines quelle vie horrible c'est ? J'ai seulement 18ans. En moins d'un an j'aurai fais ce que toute femme met au moins dix années de leur vie ! Ce n'est pas ce que j'appelle une vie, Louis !
Maëlys avait les larmes aux yeux. Elle qui rêvait d'avoir un petit travail, un mari aimant, et plus tard, une fois que tout allait bien dans leur vie, deux ou trois enfants... Rien ne se passait comme elle l'avait tant imaginé. Louis la rejoignis et posa ses mains sur ses épaules. Il la fixa intensément et murmura.
— Je comprends à quel point cela doit être dur pour toi, Maëlys... Mais nous sommes deux. Je ne suis pas plus ravi que toi d'être marié et père aussi jeune. Mais dis-toi que c'est le destin. Il veut que nous deux vivons ces expériences très jeunes, et il doit avoir ses raisons.
Le prince caressa doucement la joue de sa promise, séchant les quelques larmes qui ruisselaient. Il ajouta.
— On apprendra à se connaître et peut-être même que dans dix ans, nous serons profondément amoureux l'un de l'autre, heureux malgré le fait que nous n'avons rien décidé.
— Jamais je ne tomberai amoureuse de toi, dit Maëlys dans un soupir. Je ne peux pas tomber amoureuse de quelqu'un comme toi.
Louis fronça les sourcils, intrigué par sa dernière phrase. Savait-elle ? Non, c'était tout bonnement impossible, Max, le roi d'Astramo, l'avait assuré à lui et à son père. Elle devait parler sans aucun doute de son statut de fils d'empereur. Il préféra donc ne pas réagir à ça et s'éloigna de la jeune femme. Il arriva près de la porte, pensif. Il sortit de la pièce et laissa Maëlys digérer les nouvelles. Il partit rejoindre son père et Max. Une fois arrivé à l'endroit, Louis s'assit en face d'eux. Max semblait soucieux. Lorsqu'il vit le prince s'assoir, l'air inquiet, il lui dit.
— Elle l'a bien pris ?
— Non. Elle semble très en colère.
— Quelle petite fille.., gronda Alan, le père de Louis.
— Alan, je te rappelle qu'elle est à peine majeure et qu'elle a grandi chez les humains, tout est nouveau pour elle. Il fallait y aller doucement mais tu ne m'as pas écouté, lui répondit Max.
— Je ne t'ai pas écouté car on est au bord d'une guerre, Max ! Une très grande guerre qui va être violent. On ne peut pas se permettre d'attendre.
— Mais en quoi va-t-elle vous être utile ?, s'inquiéta Louis qui s'était quand même attaché à Maëlys.
— Tu le découvriras plus tard, mon fils. Cela reste entre Max et moi. Notre plan ne doit pas s'ébruiter, expliqua Alan.
— J'espère que ton plan va marcher. Sinon une guerre éclatera dans notre propre plan, ce qu'on fait peut être considéré comme une trahison, lui rappela le père de Maëlys.
— Je le sais bien... Mais a-t-on vraiment le choix ?
Louis, Alan et Max discutèrent encore un long moment, sans se rendre compte de la présence d'Annabelle. Celle-ci était sous sa forme de tigre mais avait réussi à réduire grandement sa taille. Elle écouta attentivement leur conversation, un sourire apparut, dévoilant ses crocs puissants. La guerre allait bientôt commencer et elle avait hâte de voir la suite des événements.
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