Chapitre 2
Territoire situé dans un Champ d'astéroïdes terraformés ; Leeve-Marshal la Forêt de la Nuit ; plateau Central
Perchée sur la branche d'un des immense arbre à tronc torsadé de Leeve-Marshal, Levinya guettait sa cible. Équipée d'une petite longue vue d'aspect fantaisiste, colorée et vivante, elle analysait l'antécédent de l'environnement sous ses yeux.
Un aura imitant la forme de la bête tant recherchée, décrivait via des traînées éthérées, fantomatiques, les passages récents de la créature. Ces traces permettaient à la chasseuse de traquer activement sa proie, tout en obtenant de précieuses informations complémentaires.
Bien que capable de voler, ce véritable crustacé prédateur avait pour habitude de se poser régulièrement sur les branches des arbres. Ses déplacements ressemblaient davantage à de rapides vols planés, qu'il enchaînait en permanence, un détail que Levinya fut ravie d'apprendre.
Lâchant sa lunette, qui se mouva d'elle-même sur le côté à l'aide de minuscules ailes, l'Exodienne bondit jusqu'à un nouveau point d'observation. Ses sauts étaient fluides et discrets, si bien qu'on n'entendait d'elle que de léger sifflements du vent.
Une fois installée, elle réitéra son analyse de la zone, attrapant en très peu de temps, de nouvelles traces éthérées laissées par la créature, à l'aide de sa lunette. Juste avant très hasardeuse dans ses mouvements, la bête montra cette fois-ci une volonté de suivre un chemin précis.
Levinya partit alors à la poursuite du prochain point d'intérêt, surfant à travers l'espace avec agilité. Comme si elle était en plein vol, elle voyageait entre les arbres sans jamais toucher terre. Ses yeux perçant reperaient en parallèle le peu de vie animale présente dans ce secteur, quelques mammifères peu offensifs et des charognards ailés étrangement silencieux.
Cette forêt déploraient un cruel manque d'effervescence, à tel point qu'elle en devenait quelque peu inquiétante. Une atmosphère pesante et singulière planait en ces lieux, et Levinya se surpris à la sentir également.
Elle atterrit contre la paroi d'un tronc, main agrippée à une pousse émergeant de sa surface. Dissimulée par le végétal, elle put discrètement scruter les environs. Son expérience lui dictait les signes distinctifs du passage d'un prédateur, surtout celui qu'elle cherchait.
Imprégnée de son allure, de sa prestance, Levinya se sentait comme en symbiose avec l'espace autour d'elle. L'air se mouvait différemment, telle une terre fraîchement remuée, et des effluves uniques pénétraient ses narines.
Une odeur d'étranger stagnait.
Quoique soit exactement cet être volant, ce prédateur à carapace à la crinière de feu, il n'était pas ici chez lui, et ça, la nature ne pouvait l'ignorer.
La chasseuse empoigna sa lunette, et jeta un œil au passé des lieux, sûre d'approcher son but. Le sillage spectral confirmait ses appréhensions.
Posant le pied au sol, elle tapa la pointe de ses chaussures sur la terre mauve, ferme et pauvre en herbes et fleurs.
– Bon, il est temps de pour ce don de faire ses preuves…
Elle alla soudain saisir l'ombre, celle projetée par l'arbre illuminé par l'astre trônant au-dessus de Leeve-Marshal. L'informe présence de plia, prise de distorsion, avant de laisser échapper une forme de sa surface.
Un manteau noir pur était entre les mains de Levinya. Dépourvu de reflets, il était à l'image de ce qui l'avait vu naître, pure obscurité. La chasseuse analysa un instant la chose, intriguée, avant de l'enfiler tel un vêtement conventionnel. Ce dernier vint alors la couvrir, de telles sorte que son corps devint comme invisible, en adéquation parfaite avec son environnement.
– Si je me rappelle bien… marmonna-t-elle accroupi, son téléphone en main.
Les yeux rivés sur une page de site d'achat, l'Exodienne fixa les indications offertes au sujet du pouvoir dont elle venait juste de se servir. Comme s'il ne s'agissait que d'un consommable, il était disponible à un prix fixe, et présenté tel un produit quelconque, au milieu d'autres aptitudes utilitaires du même genre.
– Ouaip, ce modèle permet aussi de réfléchir les émissions thermiques…
Elle ferma son portable et souffla du nez, pensive, et l'air déçue, alors qu'une légère brise venait de derrière soulever sa queue de cheval.
– Mais pas les odeurs… super.
Une fois de nouveau debout, elle prit un instant pour appréhender le sens du vent, qui venait dans son dos. Elle s'élança alors à toute vitesse, tout en demeurant discrète au possible, afin de contourner sa proie.
La bête était tout près, et Levinya comptais bien tirer profit de son avantage majeur : l'effet de surprise.
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