En rentrant de mon rendez-vous professionnel, mon regard a croisé celui d'Andrew, et je ne sais pas comment j'ai réussi à m'en détourner. Je ne pouvais plus respirer, c'est incroyable, l'expression qu'il transmet par ses yeux bleu, n'a pas changé d'un poil depuis toutes ces années. Il était autant choqué, perturbé, et anxieux que moi. Il est toujours autant envoûtant.

J'entre chez moi pour tout d'abord me changer les idées et me préparer pour ce soir. Je sens dans ma poche mon téléphone vibre, je le prend pensant qu'il s'agit forcément d'un message de Marie-Anne.

Marie : Je t'envoie l'adresse pour ce soir, ne soit pas en retard chéri. Librairie « JT & A », 127 Av. du Marais. La soirée commence à 20h pile !! Bisous à toute à l'heure.

Moi : Oui, oui ne t'inquiète pas je serai à l'heure... Merci pour l'adresse. Bisous tornade.

Marie : Grr tu sais que ce surnom ne me valorise pas

J'éclate de rire avant de m'empresser de lui répondre.

Moi : Non c'est sûr, mais il te caractérise tellement... et arrête de râler tu aimes qu'on t'appelle comme ça depuis notre tendre jeunesse !

Sa réponse se fait rapide.

Marie : Pas faut ! Bon allez, trêve de plaisanterie, fait toi beau pour ce soir. À tout à l'heure... Bisous

Je pose mon téléphone sur la table, avant de partir me doucher et me préparer.

Une fois près, je sors de chez moi, pour me rendre à cette fameuse galerie. Instinctivement ou par pure curiosité, je jette un coup d'œil à la maison d'en face, mais personne ne doit y être. Toutes les lumières sont éteintes. Je hausse les épaules et entre dans la voiture active le GPS et démarre.

***

Après seulement dix minutes de route, je me gare, et rejoins Marie devant la fameuse Librairie. Les vitrines sont plutôt bien présentées avec quelques livre de couleur différente sont présentés par des présentoirs en suspension. Le nom de la librairie JT & A est mis en valeur par des lumières entourant les lettres. La porte d'entrée est également vitrée ce qui amène plus de clarté puis, sur le trottoir de chaque côté de celle-ci, un panneau publicitaire sur l'auteure et le vernissage. Attendant debout au côté de l'un d'eux, Marie est habillée d'une petite robe noire très classe, avec des escarpins et un sac à main rouge. Lorsqu'elle me voit arriver, son premier réflexe est de regarder l'heure sur sa montre puis de me sourire.

— Super ! Tu es pile à l'heure...

— Ah, parce que tu en doutais ? je lui demande, connaissant déjà sa réponse.

Au lieu de juste me l'avouer, elle me tire la langue, me prend par le bras et me fait entrer dans la boutique. Une à l'intérieur, nous découvrons un très grand espace au centre ou une table ou quelques livres y sont posés, des murs blanc et coller à ceux-ci, de grandes bibliothèques remplies de livres. Sur notre gauche, un escalier qui mène au niveau supérieur qui est au premier abord identique à ce niveau. Marie se rapproche de moi et me souffle à l'oreille.

— Dis donc, c'est bien pensé tout de même, de ce que m'a dit Elisa, à la place de la table, normalement il y a des poufs pour que l'on ce pose pour bouquiner si on le souhaite.

—Hm, hm, dis-je toujours concentré à observer les lieux.

— Tient, là voici, elle est en train de parler avec...

Je tourne la tête en direction d'où est posé son regard, lorsque je vois qu'elle est figée et ne finit pas sa phrase. Et je me rends compte que la femme qu'elle me parlait, et justement en train de discuter avec le seul homme que je ne voulais pas affronter en ce moment : Andrew.

— Nous pouvons partir si tu veux, je peux dire à Elisa, que nous avons eu un empêchement de dernière minute, me dit-elle gênée.

— Trop tard, ton amie t'as vu, dis-je toujours mon regard poser sur lui. Et lorsqu'il se tourne pour voir les personnes que son amie montre, il me voit et se fige. Et lui aussi m'a vu... je murmure.

— Dit moi lorsque tu veux partir et je ne ferais pas de chichis, me dit-elle très sérieuse.

— Merci.

Je prends une grande inspiration, m'accroche au bras de ma belle-sœur et amie, puis nous avançons vers eux. C'est parti, allons affronter le passé...

Arrivé à leur niveau, c'est la fameuse Elisa qui nous accueille joyeusement, pendant que mon amour de jeunesse lui reste complètement stoïque, et ne me lâche pas des yeux.

— Marie, comme je suis contente que tu sois venue, lui dit-elle, avant de la prendre dans les bras.

— Je te l'avais promis. Ma belle, je te présente mon beau frère Luka.

— Enchanté, je rétorque.

— De même, me dit-elle en me souriant, puis ce tourne vers Andrew. Et je vous présente Andrew Rayes qui n'est autre que l'un des propriétaires de la librairie. Ses deux autres collaborateurs Jeremy et Toby sont un peu plus loin, je vous les présenterai plus tard.

— Nous connaissons déjà Andy, depuis longtemps même, je lâche sans même m'en rendre compte.

C'est au moment où tous les trois me regarde étrangement que je me rends compte que j'ai parlé. Quelques secondes, plus tard, Marie se racle la gorge, avant de continuer dans ma lancée.

— Oui nous nous connaissons depuis nos dix ans, nous étions inséparables ma sœur, mon frère, Luka, Andy et moi. Mais cela fait quinze ans que nous ne nous étions pas revues depuis ce matin. Je ne savais pas que tu étais le fameux « A » de JT & A, dit-elle à Andrew en se tournant vers lui.

— Oui désolé, il est vrai que lorsque nous nous sommes revus ce matin, je n'ai pas eu l'occasion de te dire que j'étais libraire, répond-il en ne me lâchant pas du regard.

— Je ne peux pas désoler... Je ne peux pas, je... dis-je toujours en le regardant, après un long silence, lui et moi, nous observer, avant que je ne décide de ne pas émotionnellement apte à lui parler.

Alors je fais la seule chose qu'il me vient en tête. Faire demi-tour et partir en courant.