39. Sea, fun and sun
Albane
Je souris en entendant frapper à la porte de mon chez moi. Evidemment, j’ai tourné et retourné en boucle dans ma tête ce moment où j’ai totalement dévié de ma trajectoire. Qu’est-ce qui m’a pris, sérieusement, de lui proposer d’aller à la mer ? Qu’est-ce qui m’est passé par la tête ? Ce moment entre nous était intense et je crois que j’ai ressenti le besoin de dévier la conversation pour ne pas m'épancher davantage. A quoi bon lui expliquer tout ce qui ne va pas dans ma vie ? Rien ne peut changer, la situation n’est pas amenée à évoluer de toute façon. Il ne servirait à rien de lui dire pourquoi je ne peux pas retourner voir ma mère. Il n’y a qu’en étant dans ma situation que les choses sont compréhensibles. Je ne veux pas risquer d’être retrouvée, j’ai déjà suffisamment morflé.
J’ouvre la porte pour y découvrir le portrait d’une jolie petite famille qui me rend aussi joyeuse que nostalgique. Nous avons de la chance, cette mi-mars nous offre un temps clément, et le soleil est au rendez-vous.
- Entrez. Vous voulez un petit chocolat chaud, quelque chose avant de partir ?
- On va où, Albane ? me demande Gabin en m’enlaçant pour me dire bonjour.
- Je crois que c’est une surprise, non ?
- Ben oui, mais je veux savoir, moi !
- Si je te le dis, ça ne sera plus une surprise, ris-je.
- Bon, alors je veux pas de chocolat, je veux qu’on parte tout de suite !
- Donne-moi encore quelques minutes, d’accord ? J’ai préparé de quoi pique-niquer, du coup j’ai pris du retard. Je ne vais quand même pas partir en robe de chambre, si ?
- Ben non ! Les gens vont te regarder bizarrement si tu sors en pyjama !
- Bonjour Albane ! Moi, je valide le pyjama, intervient Julien en souriant.
- C’est ça, ris-je. Je risque de ne pas être très à l’aise là où nous allons. Faites comme chez vous, j’en ai pour quelques minutes.
Je file à la salle de bain pour terminer de me préparer, laissant la petite famille profiter de la présence de Cravate, qui était déjà nichée dans les bras de Sophie. Voilà pourquoi j’ai bravé la limite sans aucune hésitation en proposant cette sortie. Je me sens bien avec eux, j’ai le sentiment de faire partie d’une famille. Le moral revient petit à petit, mais il n’est jamais aussi haut que lorsque Gabin se love contre moi, que Sophie me sourit et se confie à moi, ou que leur Papa Ours me regarde avec ces yeux attendris ou chargés de désir. Je suis foutue. Les entendre rire, comme à cet instant à travers la porte, remplit mon cœur de joie et m’apaise comme je le suis rarement en dehors de mon travail.
J’enfile rapidement la robe que j’ai mis trois heures à choisir. Oui, j’en suis arrivée là, ce qui ne fait que confirmer mon impression d’être foutue… Qui aurait cru que je voudrais à nouveau plaire à un homme, moi qui me contentais de Victor pour les orgasmes et de Cravate pour les câlins ? Une petite robe dans le style bohème, blanche et pleine de petites fleurs bleues ; un genre de grande chemise à manches trois quarts, idéale pour le temps du jour en plus de me faire un joli décolleté. Je laisse mes cheveux détachés, même si je sais que le vent du bord de mer risque de me le faire regretter ce soir, et laisse tomber l’idée du maquillage. C’est dimanche.
Quand je sors de la salle de bain, je découvre Sophie dans sa bulle, le nez dans ma bibliothèque, alors que son père et son frère sont en train de se chatouiller sur le canapé juste à côté d’elle. J’approche jusqu’à venir derrière elle et pose ma main sur son épaule.
- Tu peux prendre ceux que tu veux, je te les prête avec plaisir, mais tu sais, ça ce sont des livres que j’ai achetés pour mon boulot, c’est un peu ennuyant.
- Je peux vraiment en prendre ? Parce que celui-là sur le travail que l’on peut mener auprès des enfants des rues m’intéresse beaucoup. Moi, plus tard, je crois que je veux faire comme toi, Albane. Éducatrice et aider les gens qui en ont besoin !
- Oulah, tu veux que ton père fasse une attaque ou quoi ? ris-je. Tu peux le prendre oui, pas de problème, et si tu as des questions, des trucs que tu ne comprends pas, je serais ravie de t’expliquer.
- Pourquoi je ferais une attaque, Albane ? Tu es un très bon modèle pour Sophie, je trouve ! J’espère qu’elle fera son travail avec autant de dévouement que toi ! Tu es prête ? On y va ?
Espérons qu’elle s’implique juste un peu moins que moi, ça lui évitera bien des soucis et interrogations, mais je me garde bien d’en faire la remarque.
- Ta fille dans la flicaille, ça ne te fait pas peur ? Allons-y oui.
- Ma fille dans la flicaille façon Albane, ça ne me fait pas peur, non. Façon Jordan, je la déshérite, c’est sûr ! Allez les enfants ! Tout le monde en voiture !
Les deux filent directement dans la voiture, tout excités à l’idée de la sortie qui s’annonce. Julien est resté avec moi. Il s’approche doucement avec le sourire en coin que je commence à reconnaître et qui annonce qu’il est prêt à faire une bêtise. Je ne suis donc pas surprise quand il se penche et me fait un petit bisou dans le cou qui me fait frissonner.
- La journée s’annonce bien, tu ne trouves pas ? me demande-t-il, toujours aussi charmeur.
- Je crois qu’elle s’annonce même très bien oui.
Je lui souris et me mets sur la pointe des pieds pour déposer un baiser sur sa joue, avant d’enfiler mes chaussures et de récupérer la glacière pour le pique-nique ainsi que mon sac à main.
- Tu veux qu’on prenne ma voiture, peut-être ?
- Non, les enfants sont déjà dans la mienne. Laisse-toi conduire aujourd’hui. Profite et admire le paysage. Par contre, je te préviens, c’est le chauffeur qui choisit la musique chez moi !
- Mon dieu, j’ai peur, soupiré-je théâtralement en fermant à clef derrière nous. Sois gentil avec mes oreilles, tu veux ?
- Je vais être gentil avec tes oreilles, ton nez, ta bouche et tout le reste, me dit-il d’une voix un peu rauque.
Je descends les escaliers en riant, même si j’avoue que j’ai très envie de voir, et sentir surtout, ce qu’il entend par-là. Je m’installe sur le siège passager après avoir mis la glacière dans le coffre.
- Honfleur, ça te va ? Tu connais ? demandé-je doucement en espérant que les enfants n’entendent pas.
- Où tu veux ! Je ne suis que le chauffeur et je te fais confiance ! Mais oui, je connais. C’est une ville magnifique. Sophie, tu mets ma playlist s’il te plaît comme musique ?
- Attends, attends, ris-je. Y a quoi sur ta playlist au juste ? J’ai peur…
- Papa, il a des goûts bizarres ! Et en plus, il y a plein de chansons d’amour, berk, intervient Sophie qui trafique sur le téléphone de son père pour lancer la musique.
- Des chansons d’amour… Vraiment ? Monsieur est donc un romantique dans l’âme ?
Il éclate de rire et se met à chanter avec la musique qui envahit l’habitacle la chanson d’Ed Sheeran, Perfect, et je vois du coin de l'œil Gabin et Sophie se renfrogner dans leurs sièges. Je souris en observant ce tableau, encore plus certaine d’avoir fait le bon choix en mettant de côté mon boulot pour profiter d’un moment avec les Perret. Évidemment, écoutant moi-même Ed Sheeran assez fréquemment, je ne peux m’empêcher de pousser la chansonnette avec Papa Ours, pour le plus grand malheur des oursons derrière nous.
Nous arrivons à Honfleur peu avant midi et gagnons la plage du phare sous les cris de joie des enfants. Il semblerait que proposer une journée à la plage était une excellente idée. Gabin et Sophie sautent littéralement de la voiture et Julien rattrape in extremis le petit sprinter qui s’apprêtait à traverser la route sans faire attention.
J’installe la grande couverture que j’ai prévue sur le sable et regarde Gabin courir derrière son père en riant, son ballon sous le bras. Légèreté et mise au placard des problèmes, voilà ce qu’il nous faut à tous les quatre. Sophie, elle, est déjà assise sur la couverture, un livre à la main.
- Tu ne veux pas aller tremper les pieds dans l’eau ? Elle ne doit pas être très chaude mais bon, moi j’y vais.
- D’accord, Albane. Je finis mon chapitre et je vous rejoins, me répond-elle, complètement absorbée par son bouquin.
- Le dernier dans l’eau est une poule mouillée ! intervient Julien en fermant le livre de sa fille. Tout le monde à l’eau ! Tu liras après !
Sophie bougonne mais se lève malgré tout pour courir jusqu’à l’eau, alors que Gabin a déjà les pieds dedans. Je suis donc la poule mouillée, débarquant en retard, sans vraiment avoir fait l’effort de courir puisque c’était perdu d’avance.
- Heureusement qu’il n’y a pas de gage pour la poule mouillée, ris-je en ébouriffant les cheveux de Gabin.
- Pourquoi il n’y aurait pas de gage ? me dit un Julien que je n’ai jamais vu aussi joueur et rieur. Tu es une poule mouillée et il faut que tu retournes à nos affaires en gloussant comme une poule !
- Ouiiiii !!! Albane va faire la poule ! rit Gabin qui, une fois encore, vient s’accrocher à mes jambes, comme si sa vie en dépendait.
- La poule ? Sérieusement ?! Bon sang, bougonné-je. Vous me paierez ça, tous les deux, vous serez privés de dessert !
- Oh la mauvaise perdante ! Oser nous menacer de nous priver de chocolat !!! Quelle honte ! Choupette, Poussin, ne la laissez pas partir ! On la garde prisonnière ici tant qu’elle ne nous rend pas le chocolat !
Je ris en tentant de courir jusqu’à la couverture, alors que je suis poursuivie par des cris et des éclats de rire. Je suis presque arrivée à mon but lorsqu’un grand bras m’attrape par la taille et me plaque dos contre son torse.
- Je t’ai eue, murmure Julien contre mon oreille alors que Sophie et Gabin m’attrapent chacun un bras.
- On veut le chocolat ! crie Gabin en tirant sur mon bras.
- D’accord, d’accord, promis !
- J’aime quand tu cèdes à mes désirs, me chuchote Julien avant de se retourner vers les enfants. On a gagné ! Il ne lui reste plus qu’à faire la poule ! On l’aide ?
- Ouiiii !!! Tout le monde fait la poule ! crie un Gabin euphorique.
Je vois Julien s’accroupir et faire aller ses bras comme si c’était des ailes, en gloussant comme une poule. Il est aussitôt rejoint par son fils qui l’imite en riant et même Sophie se joint à eux deux, même si elle reste plus réservée. Je soupire et me laisse aller à faire la poule à mon tour. Quitte à être ridicules, autant l’être tous les quatre, non ? Quatre poules sur la plage… L’image doit être plutôt cocasse.
Après une petite partie de football improvisée, je finis par m’installer sur la couverture et sors de quoi déjeuner. L’appel de l’estomac fait son travail et je suis rapidement rejointe par la petite famille qui s’installe en lorgnant dangereusement sur les sandwichs.
- Sophie, il y en a pour toi sans mayonnaise et sans oeufs, attends, dis-je en cherchant dans la glacière ceux que j’ai fait pour elle avant de les lui donner.
- Merci, Albane.
- Pousse toi un peu Albane, je veux une petite place sur ta serviette, la mienne est trempée, me dit Julien en ne me laissant pas le temps de protester.
Il s’installe juste à côté de moi, sa jambe contre la mienne et sa main qui cherche à accéder à la glacière pour avoir son déjeuner.
- Te gêne pas surtout, allonge-toi sur moi tant que tu y es, ris-je avant de m’arrêter brusquement.
Je dois rougir instantanément en réalisant ce que je viens de dire. J’y réfléchirai à deux fois la prochaine fois que je veux parler. Lui rigole et me regarde d’un air qui veut tout dire, mettant à mal mon self control et mes hormones jusqu’à présent assez sages.
- Pas devant les enfants, voyons, Albane. Je suis gourmand, je veux goûter à tout, mais je sais me tenir en public. On verra plus tard pour ta proposition ! Là, j’ai juste envie d’un bon sandwich ! Tu veux boire quoi ?
- Heu… De l’eau s’il te plaît.
Il se penche alors au-dessus de mes jambes pour attraper son sac et le ramener à lui. Je ne peux m’empêcher de porter ma main sur sa nuque et la caresser quelques secondes avant qu’il ne se relève. Sa main frôle ma poitrine lorsqu’il se redresse. Je suis sûre que ce n’est pas un accident, mais qu’il joue à me provoquer. Et le pire, quand je sens comment mon corps réagit à sa proximité, c’est qu’il réussit à provoquer un tourbillon de sensations au fond de moi. Entre lui et sa sensualité à mes côtés, et les deux enfants qui ont l’air de m’adorer, c’est un peu comme si j’étais au paradis. Le soleil brille et nous partageons un repas où les rires et les sourires sont aussi nombreux que les morceaux de gâteaux au chocolat dévorés par la tribu Perret dont le dieu, assurément, est fait en cacao ! Je me sens vraiment à ma place à rire et à m’amuser avec eux. On est loin du CHRS, de tout ce que je fuis, du quotidien. C’est une parenthèse délicieuse et je profite de chaque seconde de ce moment qui me donne une pêche d’enfer !
Après le repas, Sophie s’installe un peu à l’écart avec son livre pendant que Gabin s’amuse à faire des châteaux de sable avec son père. Qu’il est craquant, Papa Ours, quand il s’occupe comme ça de ses enfants ! OK, je trouve aussi craquant son torse musclé, que je devine sous son tee-shirt, et je ne peux résister à son sourire charmeur. Je m’agenouille juste derrière lui en faisant mine de les observer à leur tâche et lui caresse tendrement la nuque. Le petit sourire en coin qu’il me lance en plongeant ses yeux dans les miens pourrait me faire frémir, et je sens que de son côté, il est prêt à ronronner de plaisir sous l’effet de mes doigts qui frôlent sa peau.
- Papa, aide-moi ! Albane a pas besoin d’aide, elle !
Julien soupire un grand coup et reprend le seau qu’il remplit de sable. Il fait un gros pâté et il attrape ma main dans la sienne. Je me demande ce qu’il veut faire, surtout quand il referme mon poing en ne laissant que l’index dépasser. Puis, il me tire gentiment davantage vers le château, m’obligeant à me coller dans son dos, et me fait dessiner un petit cœur avec une flèche qui le traverse.
- Regarde, Poussin, Albane a fait le château de la princesse. Il faut qu’on le défende contre tout ce qui pourrait lui arriver ! Si on construit une belle forteresse, elle ne pleurera plus jamais et sera toujours en sécurité !
Tous deux se mettent à construire une muraille autour du château, puis s’attaquent à creuser une douve. Je me rends utile et vais chercher de l’eau pour la remplir. Je sens le regard de Julien sur moi pendant que je me baisse pour récupérer l’eau de la mer et j’ai l’impression, quand je croise ses yeux, qu’il me déshabille littéralement par la pensée. Il faut dire qu’avec le soleil dans mon dos, ma tenue est presque transparente et je le laisse volontiers se rincer l'œil. Cela fait tellement longtemps qu’aucun homme ne m’avait regardée avec une telle envie, un tel désir, que j’apprécie la sensation. Lorsque je reviens, je m’amuse à onduler des hanches, telle une sirène d’Alerte à Malibu, juste pour me régaler de la réaction de Papa Ours que je ne laisse pas insensible, au vu de la bosse qui se dessine dans son pantalon. Je lui fais un clin d’oeil et lui lance :
- Une petite douche pour vous rafraîchir, Monsieur Perret ?
- Seulement si c’est pour la partager avec vous. Je ne voudrais pas que vous preniez un coup de chaud de votre côté.
- Hum… Je pensais à un truc très rapide, vous savez, souris-je en levant le seau au-dessus de sa tête. Une douche dans ce genre-là, en fait…
- Si tu fais ça, je vais me venger, je te préviens ! dit-il en levant les bras pour essayer de me retenir.
- C’est déjà une vengeance, Monsieur Perret…
Je retourne le seau qui se renverse sur lui, et fuis rapidement pour échapper à cette possible vengeance alors que j’entends Gabin rire à gorge déployée en se moquant de son père.
Je me retourne rapidement dans ma course et vois que Julien s’est débarrassé de son tee-shirt trempé, cherchant à présent où je me suis enfuie. Quand il m’aperçoit, il s’élance à ma suite et, sachant que je n’ai aucune chance de lui échapper, je fais juste quelques pas de course afin de m’éloigner un peu plus de ses deux enfants qui s’amusent de nous voir courir l’un derrière l’autre. Quand ses bras attrapent mes hanches et me tirent à lui, je me laisse faire avec plaisir et viens me coller tout contre son torse mouillé. Il m’enlace alors et me retourne dans ses bras pour que je puisse lui faire face. Je noue mes bras autour de son cou pour profiter du moment et il me glisse à l’oreille de son petit air coquin qui me rend dingue :
- Voilà, comme ça, je ne suis plus le seul à être tout mouillé.
- Tu n’as pas idée d’à quel point je peux l’être, murmuré-je avec un sourire en coin.
- Ne me tente pas, ou je vais aller vérifier, ma belle, me souffle-t-il à l’oreille.
- Vivement le troisième âge, Monsieur Perret…
- J’ai déjà des cheveux blancs, Albane. Je crois que j’y suis déjà au troisième âge…
Je ris et l’embrasse rapidement au coin des lèvres avant de me détacher de lui. Ses yeux se fixent sur ma poitrine et un nouveau sourire se dessine sur ses jolies lèvres. Effet immédiat d’un câlin le torse mouillé, ma robe en a pris un coup et la dentelle de mon soutien-gorge est d’autant plus visible, tout comme mes tétons qui pointent à travers le tissu.
- Julien, mes yeux sont plus hauts, l’interpellé-je en riant.
- Ah bon ? Je ne les vois pas. Je dois être ébloui par le soleil, me répond-il malicieusement.
- Tu parles, à d’autres, Monsieur Perret ! Quel obsédé !
Je croise les bras sous ma poitrine et mime une moue contrariée, consciente d’en rajouter davantage encore. Je suis alors surprise quand il se jette sur moi et passe sa main sous mes jambes pour me soulever dans ses bras. Je m’accroche comme je peux à son cou en riant alors qu’il se rapproche dangereusement de l’eau.
- Je sens que je ne suis pas le seul qui a besoin d’être rafraîchi. Qu’est-ce qui pourrait m’empêcher de te jeter à l’eau ?
- Quoi ? paniqué-je. Non, non ne fais pas ça, je n’ai rien pour me changer !
- Rien ? Rien du tout ? Mais c’est que ça en devient encore plus tentant ! répond-il en faisant mine de se balancer pour prendre de l’élan.
- Julien, fais pas ça, je t’en prie, j’ai peur de l’eau !
- Et si je saute avec toi, tu as peur quand même ? rétorque-t-il en s’éloignant néanmoins du bord, mais en me gardant tout contre lui.
- Je sais pas, j’imagine que oui, ris-je. Allez, arrête !
- Sinon quoi ?
- Sinon… Sinon j’en sais rien, s’il te plaît !
- Embrasse-moi et je te repose, Albane.
- Julien, y a les enfants !
- Et ? Gabin fait son château, Sophie a le nez dans son bouquin. Embrasse-moi Albane, tu en as envie autant que moi.
Bien sûr que j’en ai envie ! Je ne suis pourtant pas certaine qu’il s’agisse d’une bonne idée. Je dépose cependant un baiser au coin de ses lèvres, ce qui ne semble pas satisfaire Papa Ours, qui me dépose au sol sans me lâcher et agrippe ma nuque pour m’embrasser bien plus franchement. Est-ce qu’au bout d’un certain temps, ses baisers me feront moins d’effet ? Parce que je me sens fondre contre lui et entrouvre la bouche dès que sa langue vient caresser mes lèvres.
- Bon sang, Julien, soupiré-je lorsqu’il me relâche doucement.
- Ouais, comme tu dis… La douche froide n’a pas été suffisante, Albane.
Je jette un œil sur le côté pour regarder ce que font les enfants dans son dos. Dieu merci, ils semblent tous deux plus intéressés par leurs activités que par nous, ce qui me permet de lui rendre la pareille, me pressant contre lui et l’embrassant avec gourmandise.
- Albane, marmonne-t-il, tu me rends dingue…
- Bienvenue dans mon monde, Monsieur Perret, ris-je en m’extirpant de ses bras.
L’après-midi file à toute allure et nous rentrons après avoir dîné tous les quatre dans un petit restaurant pas cher sur la route du retour. Gabin et Sophie se sont endormis à peine de retour dans la voiture, et Julien et moi discutons de tout et de rien alors que sa main se balade sur ma cuisse et que je ne suis pas bien plus sage.
- Merci pour cette journée, sourit Julien une fois garé devant chez moi.
- Merci à toi, j’ai vraiment passé un bon moment.
- Hum… Ça manquait d’un petit quelque chose quand même.
Il me fait un clin d'œil et approche pour m’embrasser sur la joue. Je glisse ma main sur sa nuque et pose rapidement mes lèvres sur les siennes.
- On se voit demain, rendez-vous à quelle heure, déjà ?
- Treize heures, Madame l’éducatrice, pendant ma pause déjeuner.
- Très bien, Monsieur Perret. A demain alors. Embrasse les enfants pour moi et n’oublie pas de leur rappeler que cette journée était un petit secret entre nous…
- Promis. A demain, jolie Albane.
Je sors de la voiture rapidement, récupère ma glacière et le regarde partir. J’ai merdé puissance mille, et le pire c’est que je ne regrette pas une seule seconde.
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