51. Chaude éduc
Albane
J’hésite à entrer. Vraiment. Je ne sais pas ce qui m’a pris de débarquer ici. Enfin… Pas pour les mêmes raisons que d’habitude.
Les beaux jours sont arrivés, et j’ai pris le temps de m’apprêter avant de sortir. Une petite robe portefeuille, sans doute un peu courte, du moins plus que ce que je pourrais mettre quotidiennement. Je sais que Julien appréciera le décolleté, et j’ai bon espoir qu’il oublie un peu sa voisine de palier. J’ai laissé mes cheveux détachés, ils ondulent dans mon dos, et j’aime de plus en plus ça. Un peu comme moi, ils retrouvent leur liberté. J’espère juste conserver la mienne…
Je sais que Victorine va partir pour retrouver son vieil ami au salon de thé sous peu, alors le timing est idéal. J’entre dans la librairie en prenant garde de ne pas me casser la figure. Les compensées, c’est canon, mais je suis quotidiennement en chaussures plates au boulot, alors je mets toujours un temps avant de retrouver une certaine grâce sur des talons.
Je parcours la boutique des yeux et m’y sens, comme toujours, tout de suite bien. J’aime ce genre de magasins, l’odeur des livres, l’ambiance cocooning que la propriétaire a réussi à créer m’a rapidement fait craquer et je ne viens plus qu’ici, même si je sais que certains livres seront à commander alors qu’ils doivent être disponibles ailleurs. Le hasard a voulu que le beau brun que j’aperçois, le nez dans une pile de livres, accroupi au milieu du rayon, ait trouvé un poste ici. Si ce n’est pas un signe du destin… Il ne relève même pas le nez quand il entend la cloche, mais lance un “bonjour” aimable, auquel je ne réponds pas, pour m’approcher en venant au devant de lui..
- Oh, Albane, bonjour ! lance la maîtresse des lieux dans mon dos alors que Julien vient de lever les yeux sur mes jambes.
Merci Victorine, l’effet de surprise est foutu maintenant… Son employé, lui, prend le temps de détailler mes jambes, toujours accroupi, avant que son regard ne remonte lentement sur le reste de mon corps alors qu’il se lève.
- Bonjour Victorine. Bonjour Julien.
- Bonjour Albane, quelle surprise de te voir ici ! Tu es… Magnifique !
- Merci, ris-je alors que j’entends sa patronne approcher. Je viens voir si ma commande est arrivée.
- Tu es bien jolie aujourd’hui, Albane. Pour ta commande, je vais laisser Julien s’en charger, je suis attendue !
- Entendu, passez le bonjour à Charles de ma part alors, ris-je en la regardant sourire à l’évocation de son ami.
- Ce sera fait. Bon après-midi ! A plus tard, Julien !
Victorine sort rapidement, pressée, et je ris de la voir ainsi, telle une adolescente qui part retrouver son crush à l’école. Je me demande si j’ai cet air, quand je m’apprête à retrouver le Papa Ours qui se trouve à mes côtés.
- Eh bien, on peut dire que Charles est chanceux, souris-je.
- Ce n’est pas le seul qui a de la chance de retrouver une jolie femme, Albane, me répond-il du tac au tac, dans un sourire.
Je regarde autour de nous pour m’assurer qu’il n’y a personne, et m’approche pour venir poser chastement mes lèvres sur les siennes.
- Bonjour, c’est mieux comme ça, et bien trop rare…
Il ne me répond pas mais passe sa main sur ma nuque et attire à nouveau ma bouche sur ses lèvres et s’en empare de manière beaucoup moins chaste, m’embrassant comme si sa vie en dépendait. Je me sens fondre littéralement sous cet assaut que je n’ai pas vu venir et ma langue vient jouer avec la sienne dans une danse dont la frénésie témoigne de notre manque à tous les deux.
- Non, là, on peut dire que c’est mieux comme ça !
Il éclate de rire et je me sens transportée par ce rire si franc, si naturel. J’ai l’impression qu’il est loin le Papa Ours des débuts, à ce moment-là. Il a l’air si heureux que je sens mon coeur battre plus fort encore.
- J’espère que vous ne dites pas bonjour à toutes vos clientes de la sorte, Monsieur Perret, ris-je en me collant contre lui.
- Non, pas à toutes les clientes. Juste celles qui sont jolies ! me répond-il avec un clin d'œil coquin.
Julien me serre contre lui et je suis son regard qui se porte directement sur mon décolleté. J’ai l’impression que si on était dans un dessin animé, ses yeux sortiraient de ses orbites tellement il a l’air subjugué et je suis flattée de son attention. D’habitude, ce genre de regards me met mal à l’aise, mais avec Julien, c’est différent. Tout est différent. Avec lui, j’ai juste envie de toujours avoir ce regard posé sur moi, de toujours sentir cette envie et ce désir qu’il exprime non seulement par ses yeux enfiévrés mais aussi par tout son corps que je sens se raidir contre moi.
- J’espère qu’il n’y en a pas trop de jolies alors, sinon je risque d’être jalouse, dis-je avant de rougir.
- Oh, il y en a quelques-unes, mais, si je dois tout te dire, aucune qui ne soit aussi ravissante que toi et qui n'arrive au niveau bonus pour les bisous !
Il rit et m’embrasse à nouveau puis se recule un peu avant d’ajouter :
- Bon, tu es venue chercher une commande, c’est ça ? J’ai commencé à la préparer hier, mais il n’y avait pas tout. Il faut que j’aille voir si c’est arrivé ce matin ou pas. Tu m’attends là ou tu viens avec moi ?
- Je suis curieuse, je t’accompagne si tu veux bien, souris-je. Victorine ne m’a jamais fait visiter, j’ai envie d’avoir le bonus visite en plus du bonus bisous.
- Pour les clients normaux, c’est vrai que la réserve est un domaine interdit ! Mais, si tu es sage et gentille, je veux bien faire une exception. Je vais juste aller fermer la porte d’entrée. Je n’aime pas laisser le magasin sans surveillance, même si c’est juste pour quelques minutes.
- Tu es sûr que ça ne dérangera pas Victorine ? Sinon, je reste là… Ce serait dommage, mais je ferai avec.
- Tu sais que Victorine me fait confiance totalement ? Et puis, qui sait, si je donne suite à sa proposition, peut-être qu’un jour, cette librairie sera à moi. Donc, ne reste pas là et suis moi !
Je le vois fermer la porte d’entrée et mettre le panneau “de retour rapidement” avant de revenir vers moi. J’admire son fessier musclé et sa démarche presque féline. Il me frôle quand il revient vers la réserve et je ne peux m’empêcher de venir à nouveau l’enlacer, mes bras passant au-dessus de sa nuque pour un nouveau baiser qui nous laisse tous les deux haletants.
- Attends, dis-je après un moment. Quelle proposition ? De quoi tu parles ?
- Victorine souhaite que je reprenne la librairie car elle veut prendre sa retraite et avoir du temps avec Charles. Je t’avoue que l’idée me tente bien, mais c’est un pari un peu fou pour quelqu’un comme moi qui n’a même pas son propre appartement…
- Mais c’est génial, ça ! Je… C’est vraiment un projet à creuser, non ?
- Là, j’ai un autre projet à étudier, de manière plus urgente et en détail, Albane…
- Ah oui… Tu as raison, souris-je. Ma commande… Emmenez-moi dans cette réserve, Monsieur Perret, je suis curieuse.
- Si Madame veut bien se donner la peine de me suivre, je vais tout vous montrer.
Je hausse un sourcil en le détaillant de haut en bas, mutine.
- Ah oui ? Vraiment tout ?
- Je suis à votre service Madame. La cliente est reine et je suis là pour assouvir la moindre de vos demandes, me répond-il aussi malicieusement que moi et avec ce sourire en coin auquel je ne peux résister.
- Vous êtes bien serviable ! Ça tombe bien, j’ai plusieurs demandes à vous faire.
- Par laquelle commence-t-on alors ? Par visiter la réserve ?
- Oui, il paraît que je dois être sage pour pouvoir le faire, et j’ai très envie de le faire donc, mieux vaut commencer par-là.
Il me précède et ouvre la porte qui mène à l’arrière-boutique, cette pièce que je n’ai jamais fait qu’apercevoir depuis le comptoir mais que je vais enfin découvrir. Il doit y avoir plein de trésors littéraires, d’aventures à découvrir, de récits à dévorer. Même si là, mes hormones me disent que ce que je veux dévorer, c’est le beau brun qui se trouve devant moi, je ne peux m’empêcher d’observer avec émerveillement cette petite pièce sombre envahie de livres dont l’odeur embaume la pièce.
- Nom de dieu, murmuré-je avant de rire, je pourrais vivre ici sans problème. Et Sophie aussi, si tu veux mon avis.
- J’avoue que dès que je peux, je viens ici, et pas seulement pour travailler ! Tiens, je vais te montrer un secret de Victorine, un manuscrit qu’elle s’est toujours refusée de mettre en vente alors qu’il pourrait lui rapporter beaucoup d’argent.
Il se dirige vers une étagère vitrée qu’il ouvre avec une clé qu’il sort de son pantalon. Mes yeux restent fixés sur lui quand il se penche en avant pour sortir un grimoire qui a l’air assez ancien. Je m’approche de lui et pose ma main sur son bras pour pouvoir lire le titre de l'œuvre.
- Mais, c’est quoi ce livre ?
- C’est un recueil de poésies coquines, illustrées par un artiste inconnu du XVIIIè siècle. La magie des textes et la beauté des images, c’est un ouvrage qui fait rêver !
- Tu l’as lu ? Je peux regarder ?
- Pas sûr que ce soit une bonne idée… C’est le genre d’ouvrage qui risquerait de te donner des idées pas sages du tout...
- Je devais être sage pour visiter la réserve, maintenant que j’y suis, je peux t’avouer que je suis venue avec des idées tout sauf sages en tête…
- Je te conseille alors d’aller regarder la page vingt-cinq et tu me dis si l’idée est assez vilaine selon toi pour l’expérimenter.
Toujours ce sourire malicieux qui me rend folle. Je saisis le livre de manière respectueuse, et je tourne les pages en faisant attention à ne pas les abîmer. Je vois des images qui commencent à me donner plein d’idées derrière la tête, mais je ne m’arrête que quand j’arrive à la page vingt-cinq, Le chapitre s’intitule “La source du plaisir”. L’image décrit une femme aux formes voluptueuses, nue et un chevalier bien trop habillé à mon goût, à genoux devant elle et l’on voit clairement ses mains sur les fesses de la jeune femme et sa langue…
Je n’ai pas le temps de finir d’apprécier l’image ou de lire le texte que je sens les mains de Julien se glisser contre mes cuisses et sa chaleur se poser contre mon dos.
- Que penses-tu de cette proposition ? Digne d’être étudiée en profondeur ?
- Je crois qu’elle l’est, oui… Je ne demande qu’à l’étudier.
- Je vais être l’étudiant le plus studieux que cette librairie ait jamais vu, tu seras satisfaite de mon attention, Albane, je te le promets.
Il m’entraîne vers le fauteuil qui se situe devant un bureau encombré par de nombreux livres. Je m’y assois, dirigée par ses mains puissantes et il se met à genoux devant moi. Ses doigts se posent sur mes chevilles qu’il enserre avant d’ôter mes compensées délicatement. Je tente une petite blague :
- On est chez le cordonnier, pas à la librairie? J’ai dû me tromper de magasin… Je suis désolée.
Il ne répond pas mais m’adresse une petite tape sur mes pieds désormais nus. Je ne sais pas pourquoi, mais ce simple contact envoie des ondes jusqu’à mon cerveau et je me retrouve encore plus excitée que je ne l’étais déjà. Il fait glisser ensuite ses mains le long de mes jambes et je le sens qui remonte ma robe le plus haut qu’il peut. J’ai tellement envie de lui que je me soulève sur le fauteuil, remonte ma robe et me débarrasse du tanga dans un geste qui démontre toute mon impatience.
- Eh bien, on dirait que Madame n’aime pas prendre son temps. Suis-je trop lent pour vous ?
Il sourit en prononçant ses paroles et se penche vers mes jambes qu’il se met à caresser et à embrasser. Je sens sa barbe frotter contre mes cuisses que je resserre autour de lui pour l’emprisonner. Je glisse ma main dans ses cheveux et j’essaie de l’attirer vers mon intimité qui ne demande qu’à sentir sa langue se promener partout. Mais il résiste à ma pression et prend son temps pour couvrir mes cuisses de bisous plus appuyés les uns que les autres. Il remonte mais à un rythme inexorablement long.
- Julien, la dernière fois que tu as pris ton temps, on n’a pas pu terminer, je te rappelle !
- C’est vrai, Madame, je m’excuse de vouloir profiter de ce cadeau que vous m’offrez. Je vais tout de suite remédier à ça !
Et là, enfin, sans prévenir, sa bouche vient se glisser entre mes lèvres humides. Je sens sa barbe qui me titille et sa langue qui s’infiltre pour venir goûter à mon nectar. Son nez est posé sur mon clitoris et la sensation est tellement divine que je ne peux retenir un gémissement. Il m’attrape les hanches et s'adapte aux pressions que j’exerce sur sa nuque. Quand il lâche ma hanche et fait glisser ses doigts sur mes cuisses, je sais qu’il va les insérer au fond de moi et cette idée me rend encore plus folle de désir.
Il redresse un peu la tête et effectivement, alors que son souffle chaud sur mon intimité me fait oublier jusqu’à mon prénom, il se met à caresser toute la zone autour de mon volcan. Cette douce torture me pousse à onduler sous ses caresses. J’essaie de me cambrer pour retrouver sa bouche, ses doigts, mais il résiste, provoquant chez moi une frustration de plus en plus forte.
- Julien, soupiré-je, entre gémissement et supplique.
- Un problème, Madame ? me dit-il d’une voix rauque en posant à nouveau sa bouche sur ma cuisse.
Je ne sais pas comment je trouve encore la lucidité pour une nouvelle pointe d’humour, parce que tout ce dont j”ai envie, à cet instant, c’est de le supplier de s’enfoncer en moi.
- Vous êtes hors sujet dans votre étude…
- Vous avez raison, j’y retourne !
Il me lance un sourire carnassier tout en plongeant deux doigts en moi, me faisant à nouveau gémir. Sa bouche revient se poser sur mon pubis et sa langue s’attelle à titiller mon clitoris. Je suis totalement en train de perdre pied, je ne suis plus que sensations, mon cerveau est éteint au profit de mon plaisir.
Ce type me rend folle…
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