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Éric Dowell ne se sent pas spécialement bien après avoir remplit son journal. C’est un recueil que personne ne verra jamais tant que Drawing ne sera pas rentré. Alors, s’il arrive quelque chose durant le voyage, la documentation du pilote sera perdu. Dommage, et pas tant que ça à la fois. Il pense lui-même que aujourd’hui est le seul jour interessant sur les deux cents vingt quatre années passées.
 N’ayant rien d’interessant de plus à dire, Éric se lève de son siège pour rejoindre le post de pilotage. Son cerveau s’est comme réveillé, il a une mission à suivre, et même s’il ne sait pas de quoi il s’agit, il va s’appliquer à se documenter. La priorité est ce signal d’alarme léger qui sonne toujours. Éric passe presque une heure à le déchirer en fouillant dans les manuels d’instruction de son vaisseau. Il aurait tout simplement pu se rendre sur une base de données plus facile d’accès de son ordinateur mais cette entrée requiert un mot de passe. Le pilote n’essaie même pas de s’en souvenir, il n’avait peut-être encore jamais eu besoin de consulter ces modes d’emploi.
 Toutes les dix minutes environs, Éric jette un œil au pétale de fleur qui est toujours collé à son par-brise. Il abandonne l’idée d’aller la chercher en pensant au danger que cela représente, mais il y pense sans arrêt.
 finalement, il trouve l’explication de son signal. La description est d’un tel compliqué qu’il à besoin de la lire plusieurs fois d’affilée pour être sur de comprendre. Alors, il attrape un stylo qui se trouvait dans un tiroir avec d’autre fournitures tels qu’un carnet, une petite règle, une gomme, un surligneur. Puis, il annote près de la numérotation du signal; « terre en vue. »

Avant de procéder au moindre calcul, Éric retourne face à son ordinateur pour expliquer en détail le résultat de ses recherches, il le fera à chaque découverte à présent, c’est ce qui était prévu.
 Le temps file bien plus vite avec une occupation aussi complexes, Éric fait plusieurs pauses. Il se lève et se fait à marcher en rond dans plusieurs pièces régulières de Drawing. Dans la salle de pilotage, dans sa chambre, dans la cuisine, et il fait même plusieurs longueurs dans le couloir le plus long de son vaisseau. Ensuite, il se plonge dans d’autres papiers pour retrouver la vitesse de navigation de Drawing. Il n’y a pas que ça, Drawing est un véritable trésor technologique, et son pilote à besoin de renouer avec lui pour apprendre à s’en servir.

Soudain, le temps semble avancer à une allure différente…

Les minuteurs sonnent encore et toujours, mais Éric vie légèrement en décalé, les taches communes et récurrentes comme le repas ou la douche deviennent secondaires. Le pilote ne décroche plus de son bureau qu’il a fallut ranger au préalable à force d’accumulation de tout et n’importe quoi. Le temps est à l’apprentissage. Au Ré-apprentissage.
 « Putain, Drawing, pourquoi tout est si compliqué ? » se plain le pilote en s’appuyant sur le bureau avec ses coudes.
 La plupart des papiers ont jauni tant ils étaient mal conservés, et des données sont complètement effacées. Pour palier à la récurrence de se problème, Eric prend l’excellente décision d’en faire des photocopies qu’il rangera méticuleusement cette fois. Il s’aide d’une énorme photocopieuse dans le coin droit de son bureau, une véritable machine de guerre avec écran intégré et scanner autre définition. Eric commence par trier ses papiers et utilise des trombones en grise de marque page. Il va scanner ses feuilles une par une en commençant par toutes les informations relatives au fonctionnement de Drawing.

Mot de passe.

C’est ce que lui demande la photocopieuse.
 Eric pose brutalement ses deux mains sur les coins de la machine en souffrant un air agacé.

***

Ce carnet n’est pas le bon. Celui ci non plus. Celui là est drôle par ce qu’il contient des petits gribouillis informes et des blagues de bas niveaux, mais ce n’est pas le bon non plus. La mission vient de changer, il faut impérativement retrouver tous les mots de passe qui permettront au pilote d’ouvrir sa base de données enfoui dans son ordinateur. Mais aussi d’ouvrir cette fichue photocopieuse. L’ensemble de tous ces cahiers et carnets sont éparpillés dans son bureau et dans sa chambre, il doit y en avoir encore ailleurs.
 « Pourquoi protéger un système qui ne peut de toute façon être ouvert uniquement par moi ? C’est vrai quoi, je ne vois pas quel bandit pourrait venir voler mon ordinateur au milieu de ce vide intersidéral. »
 Encore des plaintes. C’est vrai, pourquoi rien n’est facile ? Eric est agacé, il finit par réécrire à la main ces centaines de lignes noires dans un carnet tout neuf qu’il est allé chercher dans la réserve. Un petit ouvrage noir avec une languette de protection. En guise de titre, il écrit simplement « DRAWING » avec un stylo de marquage blanc.
 A la manière d’un étudiant en dernière année, Éric gratte du papier tout le reste de la journée sans penser une seule fois à l’intégralité des minuteurs qui lui demandent de réaliser ses taches du jour.

Afin de lui donner le sentiment de voir le soir arriver, les lumières baissent en intensité d’elles-mêmes, Eric ne cesse son activité qu’une fois qu’il doit allumer la lampe torche de son bureau. Il a mal au dos, il se sent fatigué et n’est pas sur de retenir la moitié de tout ce qu’il vient de lire aujourd’hui.
 Un café bien chaud le soulage, et pour s’aérer la tête, il retourne au post de pilotage ou il admire le pétale qui ne bouge pas d’un poil. Toujours là, sur le coin bas droit du pare-brise, bien étalé et d’un rouge flamboyant.
 Il pense à tout le travail qu’il va falloir fournir, à toutes les questions qu’ils va falloir se poser comme « Comment calculer la distance entre Drawing et une potentielle planète qu’il ne voit pas ? Comment recueillir les informations relatives à cette planète ? Peut-on y atterrir ? Drawing est-il conçu pour se débrouiller tout seul dans ces situations ? Eric arrivera t-il lui même à fournir le travail d’un astronaute après tant de temps d’inactivité ? »

C’est trop pour aujourd’hui, il va se coucher.

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