On disait d’eux qu’ils étaient le reflet l’un de l’autre. Il n’y avait rien de plus faux. Ils étaient simplement jumeaux. Faux-jumeaux, qui plus est. Impossible de se tromper. L’un avait les cheveux d’un brun chaud qu’il laissait pousser jusqu’à ses épaules, au grand dam de leur mère. L’autre les avait courts et d’un châtain si clair qu’ils en étaient presque blonds.

L’un était rebelle, l’autre plutôt le parti idéal. L’un était l’élève dissipé par excellence, l’autre le parfait élève qui brillait par son excellence. L’un traînait avec les marginaux et s’épanouissait parmi les parias du lycée, l’autre était le garçon populaire que tout le monde appréciait. L’un portait le prénom d’un ange qu’il dépréciait tellement qu’il ne répondait qu’à son diminutif, l’autre s’appelait simplement Ange.

Et le pire était qu’ils se détestaient. Comment pouvait-on leur dire qu’ils étaient le reflet l’un de l’autre ? L’un comme l’autre, ils se sentaient insultés.

Peut-être était-ce une forme de déni car ils ne remarquaient pas la simultanéité de leurs gestes et de leur réaction. Fiers de leurs différences capillaires et vestimentaires, ils ne voulaient pas voir leurs visages parfaitement similaires ni les goûts qu’ils avaient en commun. Ils rejetaient l’idée de partager plus que leurs liens du sang et leur date de naissance.

Lorsqu’ils tombèrent tous les deux amoureux de la même personne, ils furent bien obligés de constater un minimum de ressemblance. Et cela se passa très, très mal.