10 - Éclipse
NdA : Petit texte qui fait suite à Horloge Cassée. ^^
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Cette fois, c’était la fin et tout l’Empire le savait. La Noirceur gagnait sa victoire millénaire et dévorait le Soleil. L’agitation régnait et, en plus de la lumière, les sujets de l’Empire sombraient eux aussi dans les ténèbres.
Dans toutes les cités jusque dans les plus petites villes, des délits éclataient en tous sens malgré les efforts de quelques fidèles de l’Empereur qui tentaient de canaliser cette terreur et cette violence ambiantes. Ceux-ci juraient qu’une fois de plus, leur dirigeant allait mettre fin à ce combat qui faisait rage dans les cieux.
Ce n’était pas la première éclipse de ce monde, et chaque Empereur qui avait dû la vivre était parvenu à repousser la Noirceur à la seule force de sa volonté, mais jamais l’astre solaire n’avait autant perdu de sa superbe. Comment reprocher au peuple de paniquer ? Certains fidèles perdirent eux aussi la raison face à cette simple question. D’autres crurent même que leur meneur les avait abandonnés.
Pourtant non, l’Empereur mettait toutes ses forces dans sa lutte contre la Noirceur. Yeux clos, la tête douloureuse au point de sembler exploser, la sueur ruisselant à grosses gouttes sur sa peau, il combattait avec le Soleil avec la certitude que sa vie allait être dévorée avec lui ou pour lui. Mais tel était son rôle, après tout, et la plus grande utilité de ses pouvoirs psychiques.
Tout à son combat, il ne pouvait s’occuper de ses sujets ni de sa propre vie, ni même voir qu’autour de lui, la folie prenait le pas sur tout le reste. On le croyait désintéressé par le destin du monde, bien au chaud dans son palais impérial. On pensait le tuer en guise de représailles. Heureusement, l’Empereur n’était pas seul. Kerri veillait sur lui.
Les années avaient passé et, si la petite fille n’avait pas réussi à réparer une vieille horloge ni même les jambes inertes de l’Empereur, elle était devenue une jeune femme toute dévouée à son dirigeant. Elle était donc à ses côtés et s’occupait de lui tandis que son esprit était loin d’ici, dans les cieux. Et malheur à ceux qui osaient approcher avec des intentions belliqueuses.
Sans elle, peut-être l’Empereur serait-il mort d’un coup de couteau dans le dos. Il survécut grâce à sa loyauté sans failles et même à la Noirceur qui, après vingt longues journées, fut enfin repoussée par la splendeur éclatante du Soleil. L’astre brilla de plus belle et l’ordre revint tant bien que mal dans l’Empire, lorsque l’Empereur fut remis de cette âpre épreuve.
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