17 - Carnaval Abandonné
Il n’y avait rien de plus triste qu’un Carnaval abandonné. Lorsque sonnait l’instant final et que les fêtards, repus de danse, de musique, d’alcool et autres plaisirs, Venise tombait dans une affreuse léthargie.
Le silence tombait sur la Sérénissime comme un linceul trop lourd pour les épaules de l’homme qui parcourait les rues vidées de ses fêtards et de sa joie. Chaque année, à cet instant, il se sentait écrasé par la fatigue. À l’image de Venise qui l’avait vu naître, il paraissait terne et vide.
Rien de plus naturel. Ils étaient liés depuis des siècles, Elle et lui. Les dégradations de la ville influaient sur lui, et ses humeurs impactaient sur Elle. Il en avait toujours été ainsi.
Il s’était donc habitué à cet épuisement à chaque abandon de Carnaval. De là à dire qu’il aimait cette sensation, en revanche… Elle empirait d’ailleurs avec le temps. Devenait-il trop vieux ou bien était-ce l’esprit du Carnaval qui disparaissait au profit de ce qui devenait un piège à touristes ?
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