NdA : Petit texte en lien avec mes récits L’Esquisse et Flore & Camille !

____

- Il est joli, ton portail, tante Valériane, complimenta Léandre, qui venait tout juste d’arriver chez la tante en question.

- Merci, mon chéri ! Je le trouvais tout triste, il avait besoin d’un peu de couleur et de verdure ! répondit celle-ci avec un grand sourire tout en passant la main sur l’arche qui surplombait ledit portail, couvertes de fleurs grimpantes.

Tante Valériane était une hippie dans l’âme, qui venait de s’installer dans une maison perdue dans le Cantal suite à une énième rupture avec son concubin et père de ses deux filles. Elles étaient d’ailleurs là, elles aussi, pour l’accueillir, ravies de le voir et de sortir de leur morne routine. Les vacances d’été avaient à peine commencé que déjà les deux adolescentes s’ennuyaient, loin de tout.

- Léandre ! s’écrièrent-elles en lui sautant dans les bras comme s’il était leur sauveur.

- Oh non, la vigne vierge fait triste mine ! On aurait peut-être dû mettre du lierre comme tu l’avais conseillé, Flore…, soupira tante Valériane avant d’adresser une petite prière à la nature.

Sa fille aînée se contenta d’un regard dépité face à tant de cérémonial, mais préféra ne pas répondre. À vrai dire, elle était beaucoup moins intéressée par le portail que par la voiture de Léandre. Enfin non, pas par le véhicule en lui-même mais par la personne qui en sortait timidement et prenait bien son temps pour sortir son sac de la banquette arrière, afin de ne pas rester plantée sur le côté.

- Oh, bonjour Andrea ! s’exclama la jeune fille, agréablement surprise.

- Bonjour.

Flore lança tout de même un regard éloquent à son cousin, un regard qui voulait dire « tu nous annonces enfin que tu sors avec elle ? » avant d’aller saluer l’invitée. Sa cadette fut plus réservée, ne la connaissant pas, et tante Valériane l’accueillit avec un bracelet de cristaux pour éveiller ses chakras.

- Allez, venez ! Flore a fait un délicieux thé glacé, avec les plantes de notre jardin !

Tous suivirent donc la maîtresse de maison, les invités fermant la marche. À peine approchèrent-ils le portail, la vigne vierge leur frôlant le visage, que tante Valériane se retourna pour taper dans ses mains.

- Comme vous êtes mignons ! On dirait deux mariés sous un autel sacré !

- Maman, arrête, tu vas les embarrasser ! On ne sait même pas s’ils sont ensemble ! souffla Flore, l’air de rien, alors qu’elle n’avait pas dit ça au hasard.

Elle aussi voulait en savoir plus sur la relation entre son cousin et sa camarade de classe. Amis ? En couple ? Ce n’était pas probable d’amener une simple pote dans sa famille pour quelques jours de vacances estivales, mais Léandre n’était pas conventionnel. Il pouvait très bien le faire, quand on voit jusqu’où il était allé jusque-là pour Andrea.

C’était tout de même plus fort qu’elle : bien qu’elle trouvait l’amour stupide, Flore avait bien envie de voir ces deux-là en couple. Pour une fois, elle était d’accord avec sa mère : ils étaient très mignons ensemble !

Léandre et Andrea échangèrent un regard puis, avec un sourire poli et dans un silence frustrant, ils passèrent le portail et l’arche fleurie.