20 - Orage

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C’était pendant une nuit d’orage que Grand-maman Tsuyu avait craqué. Chizuru l’avait vue venir, elle avait remarqué que, depuis quelques temps, sa grand-mère ne se comportait pas comme d’habitude, ce que sa mère, Hitomi, n’avait pas voulu comprendre.

À ses yeux, Grand-maman avait toujours été étrange, secrète, et un brin fantasque. Rien d’inquiétant à son comportement. La vieille dame ne perdait pas la tête, impossible : sa mère était une coriace !

« Déni, quand tu nous tiens… », songeait donc Chizuru à chaque discussion à ce sujet.

Mère et fille étaient venues passer quelques jours avec la matriarche, avant l’entrée de Chizuru au lycée à Tokyo. Un peu de temps à la campagne leur ferait le plus grand bien, Grand-maman ayant toujours préféré les coins reculés à l’agitation urbaine. Elle n’avait rien d’une citadine ni d’une femme sociable, mais un peu de compagnie lui ferait du bien. Elles allaient la chouchouter !

Et voilà que c’était arrivé. Chizuru avait passé la journée auprès de sa grand-mère, à l’observer, à s’inquiéter de ses regards qui se perdaient vers les montagnes, de quelques anecdotes sans queue ni tête qu’elle soufflait pendant leurs parties de Shôgi, et de ses gestes empreints de lassitude.

- Ne sois pas si pessimiste, Chizuru ! avait fini par rouspéter sa mère.

La jeune fille avait temporairement capitulé et s’était attelée à la préparation du dîner tandis que la nuit tombait. L’orage avait commencé à gronder discrètement puis avait soudainement éclaté tandis que Chizuru coupait les légumes. Le hurlement de sa grand-mère l’avait fait sursauter si fort qu’elle s’était entaillé le doigt, mais elle avait ignoré la douleur, trop inquiète pour la vieille dame auprès de qui elle courut.

- Ma fille ! s’était écriée celle-ci, penchée en avant sur son fauteuil préféré.

- Je suis là, Maman ! avait tenté de la rassurer Hitomi, en la tenant par les épaules pour l’empêcher de tomber.

Mais c’était comme si Grand-maman ne l’entendait pas, fondant en larmes dans ses bras impuissants.

- Ma fille… Mon Eva !

« Eva ? », s’était étonnée Chizuru, son doigt blessé et douloureux dans la bouche pour interrompre l’écoulement de sang.

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